Le pacte d'investissement nie les besoins sociaux et est un énième cadeau pour les riches
La fin de la législature approchant, le gouvernement Michel veut prouver qu'il n'est pas un gouvernement d'austérité. Il présente ainsi fièrement son « pacte d'investissement », destiné à investir dans la technologie numérique, la mobilité, l'énergie, la sécurité et les soins de santé. Même si le gouvernement qualifie ce pacte d' « ambitieux », ce n'est pas celui-ci qui va faire une grande différence pour la population.
Les chiffres sont dans le rouge car le gouvernement utilise l'argent pour faire des cadeaux au patronat
Pour la SNCB, les investissements sont passés de 42 à 5 milliards.
Le marché privé n'est pas non plus capable de réponde aux grands défis de société.
Une politique au service des gens n'est pas possible sans s'opposer aux dictats européens.
En mai 2017, le pacte d'investissement avait été annoncé pour un montant de 30 milliards d'euros. En septembre 2017, ce montant a été augmenté à 60 milliards d'euros et, désormais, selon le Premier ministre, celui-ci devrait s'élever à 150 milliards d'euros. Que doit-on croire ?
- Lire aussi notre communiqué « Pacte national d'investissement : Charles Michel investit… dans la com »
Le gouvernement affirme qu'il va ainsi apporter de l'oxygène à l'économie. Mais en même temps, il continue à imposer des économies drastiques.
Entre 2015 et 2018, le gouvernement fédéral a effectué des « efforts budgétaires » pour un montant de 18 milliards d'euros. Plusieurs domaines en subissent les effets : les pensions, le chômage, l'invalidité, la santé, la justice, les transports, l'aide au développement… Entre 2014 et 2018, les services publics fédéraux ont perdu 10 000 équivalents temps plein, soit une baisse de 13%.
La politique d'austérité est loin d'avoir apporté le résultat escompté. L'équilibre budgétaire, d'abord annoncé pour 2018, a été repoussé à 2020. Ce sera donc au prochain gouvernement de faire face à la question.
La population est ainsi touchée deux fois : elle paie les conséquences de la politique d'austérité, et elle doit en même temps subir un déficit budgétaire qui promet encore davantage d'économies à l'avenir. Le gouvernement promet davantage d'oxygène, tout en étranglant lentement la population.
Pourquoi le gouvernement ne sort-il pas les chiffres du rouge ? Parce qu'il utilise l'argent pour faire des cadeaux au patronat, comme la réduction des cotisations sociales et toujours plus d'exonérations fiscales pour les entreprises.
Insuffisant
Bien qu'il ait été annoncé en tambours et trompettes, le pacte s'avère absolument insuffisant après une période de plus de 30 ans de sous-investissement.
En 2016, 2,3% du PNB sont allés aux investissements publics. Dans les années 1970, ce pourcentage était deux fois supérieur. Au cours des années 1980, lors de la montée de la politique néolibérale, le niveau a progressivement diminué pour passer en 1990 sous les 2%. Depuis, le chiffre continue à osciller entre 2 et 2,5%, ce qui place la Belgique dans les pays européens aux investissements publics les plus bas.
Les conséquences se manifestent très clairement, par exemple dans le chemin de fer. Le sous-financement du rail qui persiste depuis des années a un impact négatif sur la mobilité et l'environnement. Des milliers de gens immobilisés dans les embouteillages entraînent en effet de grands coûts sociaux et une lourde charge pour l'environnement et le climat.
Les plans pour la SNCB illustrent eux aussi clairement l'insuffisance du pacte d'investissement. Le gouvernement annonce un investissement de 5 milliards d'euros dans le rail. Or, dans le passé, il y avait sur la table un plan qui prévoyait un investissement de 42 milliards. En 2012, le gouvernement Di Rupo a diminué ce montant à 26 milliards. En 2015, le gouvernement Michel a ensuite mis le plan au frigo pour, aujourd'hui, trois ans plus tard, annoncer un investissement de... 5 milliards. On est donc passé de 42 à 5 milliards. Pour faire ce qui était déjà prévu depuis longtemps : terminer le RER, développer le système de sécurité ferroviaire ETCS et acheter de nouveaux trains.
Intérêts privés
Les investissements constituent une excellente chose lorsqu'ils sont effectués dans l'intérêt de la collectivité. Toutefois, le pacte d'investissement du gouvernement sert plutôt les intérêts privés. Ce sont des dirigeants d'entreprises qui pilotent le pacte et ce sont en grande partie des capitaux privés qui seront mobilisés dans des partenariats public-privé.
On sait que, pour mobiliser les entreprises privées, il faut une grande marge de bénéfice et une petite part de risque. Et les partenariats public-privé qui sont au centre du pacte sont souvent des situations « win-win » dans lesquelles tant le secteur privé et le secteur public gagnent : le premier, les bénéfices, et le second, les risques...
Le marché privé n'est pas non plus capable de réponde aux grands défis de société. L'échec de la transition énergétique le montre clairement. La loi sur la sortie du nucléaire date déjà de 2003. Huit gouvernements plus tard, c'est toujours le lobby énergie nucléaire d'Engie/Electrabel & co qui détermine la politique en la matière et notre pays n'est pour ainsi dire nulle part en ce qui concerne le développement de l'énergie renouvelable. La passivité du gouvernement en matière de la politique climatique est non seulement néfaste pour la planète, mais elle entraînera aussi des coût importants dans l'avenir.
Pour le PTB, il faut d'abord et avant tout investir dans les domaines qui bénéficient à la collectivité (énergie renouvelable, logement, transports publics… ). Et il faut financer ces investissements en activant la richesse, en faisant payer le grand capital par l'instauration d'une taxe des millionnaires, en créant une banque publique qui investisse dans les besoins sociaux… C'est notre alternative, et c'est la seule manière de sortir de la crise et d'apporter une réponse aux besoins sociaux.
Dictats européens
Le plan d'investissement du gouvernement répond entièrement aux dictats de l'Union européenne. L'UE impose l'austérité aux États membres et bloque les investissements nécessaires. Les États doivent en effet inclure immédiatement dans leur budget la totalité des montants qu'ils investissent, alors que les entreprises privées peuvent, elles, amortir ceux-ci. Les États sont ainsi poussés à privatiser.
L'Europe exige également que la dette publique des États membres n'augmente pas au-dessus de 60% du PIB. Si c'est le cas, l'État membre en question doit prendre des mesures pour réduire sa dette. C'est aussi pour cela que le gouvernement veut privatiser partiellement la banque Belfius en l'introduisant en bourse, ce qui représente aussi une mauvaise affaire pour les finances publiques. Pourtant, c'est avec l'argent du contribuable que Belfius a été sauvée à l'époque.
Les règles de l'Europe augmentent les profits des multinationales : le produit des économies imposées à la population des travailleurs peut être transféré vers le capital, alors que la libéralisation et la privatisation livrent les entreprises publiques et les secteurs publics à la soif de profit des grands groupes privés. Une politique au service des gens et non de l'argent n'est pas possible sans s'opposer à ces dictats européens.