Priorité aux jeunes
Les jeunes sont curieux, passionnés et finalement experts de leur réalité. On parle beaucoup de la jeunesse, mais il est temps plutôt d’écouter ce qu’elle a à nous dire. Arrêtons de prendre les jeunes de haut et prenons-les enfin au sérieux. Car investir dans les jeunes, c’est leur donner les moyens de se développer, de s’épanouir, d’apprendre. C’est investir dans le futur de notre société. Nous faisons une priorité d’une véritable politique de la jeunesse avec pour point de départ le grand potentiel que les jeunes portent en eux : car ils sont le monde d’aujourd’hui et de demain.
La culture est vitale. Avec elle, on s’émerveille, on prend du plaisir, on développe notre sens critique. Elle permet d’élargir et d’approfondir notre compréhension du monde, de la société et de nous-mêmes. Donner l’accès à tous les jeunes à la culture devrait donc être une priorité. Malheureusement, ça n’est pas le cas sous le capitalisme où une vision élitiste de la culture domine. Une culture marchandisée, une culture trop souvent faite par et pour les classes dominantes. Il n’y a pas que les tableaux des primitifs flamands pour ceux qui ont les moyens de se payer le musée. Nous défendons au contraire une culture populaire, large, ouverte, accessible à tous et toutes. Une culture qui peut devenir un outil puissant pour se libérer des idées dominante et oser aller à contre-courant. Pour cela, les jeunes doivent y avoir accès et pouvoir être eux-mêmes acteurs du monde de la culture.
Nous voulons introduire un Pass Culture pour les jeunes, de manière à ce que chaque personne de 15 à 24 ans reçoive 100 euros par an pour profiter d’activités culturelles . Les exemples en France, en Espagne et en Allemagne montrent le succès immédiat de ce type de pass, qui permet aux jeunes de faire des découvertes culturelles. Ils peuvent aller à un concert de rap, voir une pièce de théâtre ou acheter un manga. C’est également un coup de pouce pour le secteur de la culture qui a du mal à se remettre des différentes crises successives.
Nous voulons augmenter la diversité dans l’offre culturelle. Pour cela, renforçons la politique de quotas dans les programmations, et améliorons ainsi la représentativité des jeunes, des femmes et des personnes issues de la diversité. En Fédération Wallonie-Bruxelles, nous avons déjà défendu une proposition visant à instaurer des quotas de diffusion pour les artistes peu connus et les artistes femmes sur les radios publiques et privées.
Ces dernières années, les festivaliers doivent mettre la main à la poche. En Belgique, Rock Werchter, Les Ardentes ou encore Tomorrowland ont fortement augmenté leurs prix. Par exemple, quatre jours à Rock Werchter coûtent 292 euros, alors que l'année dernière, en 2022, le prix était déjà passé de 243 à 266 euros. On constate des tendances similaires dans les cinémas, les théâtres et les salles de concerts. Parmi les festivals qui annoncent des augmentations, certains comme Les Ardentes reçoivent des centaines de milliers d’euros de soutien d’argent public. Pour nous, les subventions doivent aller de pair avec une attention à l’accessibilité financière. Il faut des mesures pour garder les prix sous contrôle, tout en garantissant la qualité – unanimement reconnue – des festivals belges.
Nous soutiendrons davantage les associations qui permettent à des jeunes (et moins jeunes) d’exercer une forme d’art. C’est dans cet esprit qu’Amandine Pavet, députée PTB au parlement de la Communauté française, a défendu en 2023 l’instauration d’un Réseau urbain d’expression (RUE), suivant le modèle qui existe à Rennes. Ce dispositif permet aux citoyens et citoyennes d’utiliser des murs d'expression libre destinés à la réalisation de fresques artistiques. Il donne l’encadrement et les moyens aux partenaires locaux (associations, centres culturels, maisons de jeunes, mouvements de jeunesse, écoles…) de développer les initiatives liées à l’art urbain et d’assurer la réalisation et la maintenance d’une plateforme en ligne recensant tous les murs d’expression libre, les activités liées à l’art urbain, les artistes urbains et les parcours.
La richesse de la culture se trouve dans sa diversité et le fait qu'elle se réinvente à travers le temps. Nous ouvrirons les académies aux formes d’art et de culture non classiques : hip hop, slam, rap, graffiti, urban-danse, arts visuels, photo, musique du monde… Nous donnerons toutes leurs chances aux initiatives innovantes.
En France, depuis 2017, le CNC (Conseil national du cinéma et de l’image animée) dispose d’un fonds pour les YouTubers. Il est possible d’obtenir des moyens financiers afin de réaliser des vidéos innovantes, uniques, ambitieuses et créatives. Courtes vidéos ou longs documentaires, tout est possible, tant que le contenu est mis gratuitement à la disposition du public et est entièrement dépourvu de publicité. Les créateurs peuvent expérimenter de nouveaux formats, plutôt que de faire seulement ce que les marques privées veulent voir. Ils peuvent aussi aborder des sujets trop « sensibles » pour l’image des marques qui sponsorisent les YouTubers, les TikTokkers et ceux qui s'expriment sur d’autres réseaux sociaux. Les fonds sont attribués chaque année à de nouveaux candidats à travers un processus de décision démocratique et transparent.
Le sport est un élément central et essentiel de la vie. Le sport émancipe. Le sport unit les gens. Il permet de se détendre et améliore la santé physique et mentale. Le sport transmet des valeurs. Il est important de le rendre accessible à tous, qu'il s'agisse de danse, d'aquagym, de fitness, de football, de taekwondo ou de yoga.
Les installations sportives devraient être considérées comme des équipements de base par les gouvernements. Sans une orientation et un engagement clair des autorités et sans leur soutien au monde du sport, ce dernier devient moins accessible, plus cher et plus élitiste. Contre la vision axée uniquement sur la compétition et l’élitisme, nous voulons au contraire investir dans une politique sportive pour le peuple. Une politique qui rend le sport de qualité accessible à tous et toutes. Une politique qui encourage l’esprit d’équipe, l’engagement, la solidarité via le sport.
Le coût trop élevé et le manque d’infrastructure sont les deux raisons principales données par les jeunes qui freinent ou empêchent la pratique d’un sport (enquête Forum des jeunes, 2022). C’est là-dessus qu’il faut agir.
Au cours des dernières années, les sports sont, en effet, devenus moins accessibles. Pour de nombreuses familles, l'augmentation des frais d'inscription s’est imposée comme un réel obstacle. En 2022, un club de football sur trois a augmenté ses frais d'inscription. Dans un club de football sur cinq, les frais d'inscription dépassent déjà les 300 euros par joueur. Trois clubs sur quatre proposent d’ailleurs aux parents un plan de paiement échelonné. Il est à noter que ce sont surtout les parents ayant plusieurs enfants qui ont du mal à payer les cotisations et que dans de nombreux sports, l'équipement est également payant. Le gouvernement devrait mieux soutenir les clubs sportifs, à tous les niveaux, afin que les prix baissent et que les coûts en augmentation (équipement, électricité, eau, location de salles et de terrains, etc. ) ne soient pas répercutés sur les parents et sur les joueurs. À court terme, nous prévoyons une subvention énergétique pour les clubs sportifs afin d'éviter les faillites ou l'augmentation des frais d'adhésion.
Le manque d’infrastructure accessible est le deuxième grand problème. Tout jeune et tout club sportif a droit à une salle, à un terrain de sport et à une piscine accessible à proximité. C’est tout simplement la base pour pouvoir développer une activité sportive.
De nombreux clubs sportifs sont aujourd'hui obligés de recourir à une liste d'attente. Dans une ville comme Gand, plus de 1000 enfants attendent dans l’espoir de pouvoir s’inscrire en club de foot pour jeunes. Pour réduire la pression, les autorités locales et supra-locales devraient investir dans des terrains de sport supplémentaires et, en collaboration avec la société civile, travailler à la création de nouveaux clubs. Dans chaque centre-ville, nous prévoyons de construire au moins un terrain de football multifonctionnel pour 2 000 habitants ; dans la mesure du possible, nous évoluerons vers un terrain de football pour 1 000 habitants. Actuellement, ce n'est le cas qu'à Genk. À Gand et à Anvers, il y a encore moins de 0,2 terrain de football pour 1000 habitants.
C’est clair que des investissements plus importants seront nécessaires. Mais des mesures peuvent être prises sans tarder pour que la situation s’améliore rapidement. Une première mesure possible est de rendre accessibles toutes les salles de sport des écoles durant les soirées et les week-ends pour les jeunes et les clubs. Ces salles existent déjà et cela permettra d’augmenter fortement le volume de l’offre. En contrepartie, il faudra bien évidemment donner les moyens aux écoles de compenser les coûts d’ouverture, d’énergie, d’entretien et de conciergerie. Cette solution est simple, pourtant jusqu’ici elle met beaucoup trop de temps à être implémentée. En Région wallonne et à Bruxelles, très peu a été fait. En Wallonie un appel à projet a été lancé dans ce but, mais les communes et les écoles le critiquent car il demande une lourde charge administrative pour y répondre. En Flandre, des mesures ont été prises dans ce sens, mais avec 30 à 40 % des écoles qui ne sont pas ouvertes le soir, il y a moyen d’aller plus loin (aussi pour qu’elles soient ouvertes au public, et pas uniquement aux organisations). Le problème, en Flandre, c’est surtout que le gouvernement veut imposer cette solution aux écoles, sous menace de perdre leurs subsides, et cela sans que ces mesures ne s’accompagnent du soutien nécessaire en termes de moyens et de personnel pour des écoles déjà débordées.
Chaque jeune doit également pouvoir aller à la piscine au moins deux fois par mois avec l’école. La situation des piscines est catastrophique dans toutes les régions du pays : il en manque partout. Une conséquence des politiques d’austérité. Résultat ? De plus en plus de jeunes ne savent pas correctement nager – avec tous les dangers que cela représente. Les piscines privées qui s’ouvrent ne comblent pas la demande et leurs prix d’entrée posent des barrières supplémentaires à leur accès pour de nombreux jeunes. Les pouvoirs publics doivent investir dans des piscines publiques.
Quoi de mieux pour se rafraîchir par une chaude journée d'été que de faire un plongeon dans une piscine ? En plus, c’est bon pour la santé. Pourtant, dans notre pays, il n'est pas toujours évident d’aller se baigner. Il y a trop peu de piscines en plein air, trop peu de rivières, trop peu de canaux ou de lacs où piquer une tête. Aujourd'hui, en Belgique, la baignade est interdite partout, sauf si, exceptionnellement, elle est explicitement autorisée. Nous inverserons ce principe, comme aux Pays-Bas. La baignade sera autorisée partout, sauf si elle est explicitement interdite. Nous créerons donc immédiatement un grand nombre de lieux de baignade où pouvoir se rafraîchir en été.
Notre capitale, Bruxelles, compte 1,3 million d'habitants et dispose aujourd’hui d’une seule piscine en plein air (uniquement en juillet et août). À titre de comparaison, la capitale allemande, Berlin, compte 28 piscines en plein air. Bruxelles a un besoin urgent de nouvelles possibilités de natation publique en plein air. Cela permettra également de réduire la pression sur les zones de baignade en dehors de la ville. Il est logique que nous cherchions à nous rafraîchir pendant les chaudes journées d'été, surtout pour les personnes qui vivent en ville dans de petits appartements. Le problème n'est pas que les jeunes ne veulent pas nager, mais qu'il y a trop peu de possibilités de faire de la natation pour eux.
Dans les zones de loisirs populaires, nous investirons dans un contrôle social plus adéquat. La décision, par exemple, de clôturer le domaine Blaarmeersen et de traiter les jeunes Bruxellois différemment des jeunes Gantois augmente le sentiment de frustration et ne crée pas une atmosphère meilleure et plus sûre dans le centre récréatif. Les jeunes ont de plus en plus l'impression qu'ils ne sont plus les bienvenus nulle part, alors qu'ils cherchent simplement à se rafraîchir par une chaude journée. Ce sont surtout ceux qui vivent dans de petits appartements, souvent avec plusieurs membres de la famille et sans ventilation adéquate, qui ont besoin de se rafraîchir pendant les journées les plus chaudes.
Nous voulons nommer des « responsables de baignade » (« zwembad patrons ») sur le modèle des « responsables de place ») que nous avons mis en place avec la coalition progressiste à Borgerhout depuis 2012 avec des résultats très positifs. Ce sont des jeunes qui sont formés et responsabilisés pour veiller à ce que tout se passe bien dans l’espace public dans leur quartier. Ces jeunes contribueront à assurer un contrôle social et la tranquillité dans les zones de baignade. Nous éviterons ainsi des mesures inutilement répressives ou stigmatisantes.
Avoir un emploi stable et un revenu correct, c’est la base pour pouvoir construire sa vie. Aujourd’hui, les jeunes sont souvent parmi les catégories de travailleurs les plus exploités, mis en concurrence et coincés dans des contrats précaires.
Dans beaucoup de grandes entreprises belges, le recours aux intérimaires est important et monte dans certains cas à plus de 40 %. Certaines grandes entreprises emploient même davantage d’intérimaires que de travailleurs « fixes ». Si les call-centers et la logistique sont les domaines les plus touchés, aucun secteur n’échappe à cette situation. Les jeunes en sont particulièrement victimes : il y a près de 700 000 intérimaires en Belgique (chiffre 2022) et environ deux-tiers ont moins de 35 ans. 50 % des contrats intérimaires sont des contrats journaliers. Dans toute une série de secteurs, l’intérim est simplement devenu la norme pour les jeunes. Pourtant sans un contrat fixe, comment envisager l’avenir ? Lorsqu’on vit au jour le jour avec un contrat intérimaire, demander un prêt hypothécaire est illusoire. Sans un contrat fixe, aucune perspective d’autonomie ou de fonder une famille. Le travail intérimaire est utilisé pour diviser les travailleurs, avec une couche de travailleurs qui sont en sursis et n’ont souvent pas les mêmes droits.
Normalement il faut une raison spécifique et motivée pour pouvoir embaucher quelqu'un avec un contrat intérimaire, mais dans la pratique cela se fait sans beaucoup de soucis. Les conditions comme le remplacement d'un employé ou l'augmentation de la charge de travail sont interprétées de manière large par beaucoup d’employeurs. Une raison spécifique ne peut être valable que pour maximum 12 mois, donc en principe un intérimaire devrait avoir un CDI automatiquement au bout des 12 mois, sauf bien sûr si l'employeur trouve un autre « motif » pour justifier le travail intérimaire. De plus, la liste des motifs a été élargie en 2013 pour inclure un motif « d”insertion » : c’est-à-dire un contrat intérimaire comme insertion vers un emploi durable. Ce motif introduit par le gouvernement Di Rupo à l’époque est en fait une période d’essai déguisée. Cela rend la législation encore plus vague et ouvre la porte à beaucoup d’abus. Un contrat intérimaire d'un jour ne peut normalement pas être suivi d'un autre contrat journalier le lendemain, mais là aussi il manque souvent de contrôles. Dans les faits, des jeunes travaillent comme intérimaires parfois pendant des années dans la même boite avec des contrats hebdomadaires voir journaliers.
Les jeunes ont droit à des contrats corrects et stables.. Finis les contrats intérimaires à répétition. Après 6 mois, un contrat sera automatiquement converti en contrat à durée indéterminée. Le motif d’insertion sera supprimé et il nous introduirons un pourcentage maximum de travailleurs intérimaires dans les entreprises – à négocier au niveau sectoriel avec les organisations syndicales. Nous exigerons également que les travailleurs intérimaires disposent des mêmes droits et avantages que leurs collègues. C’est prévu par la loi, mais dans les faits, de nombreux patrons omettent d’octroyer certains droits et avantages aux intérimaires. Pour tout cela, les contrôles et les sanctions seront renforcés.
Nous soutenons la revendication de la FGTB d’augmenter le salaire minimum à 17 € de l’heure, soit 2 800 euros brut mensuels. Cette augmentation est nécessaire pour garantir des salaires décents, et donc la possibilité pour les jeunes de s’installer et de construire leur vie.
À travail égal, salaire égal. Nous garantirons un salaire minimum du secteur égal pour tous les jeunes employés et ouvriers ainsi que les jobistes étudiants. Quel que soit leur âge et le type de contrat de travail – fini d’avoir des salaires minimums plus bas pour les moins de 20 ans. Les stagiaires ne peuvent pas être utilisés pour remplacer des travailleurs fixes. Nous sommes favorables à la création d’un statut de « travailleur-stagiaire », comprenant des droits et protections ainsi qu’une rémunération après une période d’observation dont la durée sera à définir en concertation avec les organisations syndicales.
Une autre forme de travail précaire explose dans notre pays : les travailleurs de plateformes comme Uber et Deliveroo qui prestent sous un statut particulier (le régime fiscal de l’économie collaborative). Ils sont passés de 13 000 en 2018 à 36 000 en 2022, soit triplé en 5 ans. Ce sont principalement des jeunes. Ce régime a été jugé illégal par le Tribunal du travail de Bruxelles, mais a malgré tout continué à prospérer sous le gouvernement actuel. Cette forme de travail précaire, c’est la possibilité pour les grandes plateformes d’exploiter une main d'œuvre bon marché sans porter la responsabilité comme employeur. Résultat : zéro sécurité. Une rémunération à la livraison, donc à la pièce comme au 19e siècle, au lieu d’un salaire horaire. Et s’ils tombent malades ou ont un accident, ils n’ont pas de protection, c’est à eux de gérer leur situation. À eux aussi de se constituer leur propre pension avec leurs maigres revenus. La réforme du ministre socialiste Dermagne n’a rien changé dans les faits. Ce sont les travailleurs qui doivent entamer de longues procédures pour obtenir les droits qu’ils méritent.
Les députés PTB Gaby Colebunders et Nadia Moscufo avaient déposé une proposition de loi, élaborée en concertation avec les syndicats, qui offrait pourtant une véritable alternative. Celle-ci renverse la logique actuelle : l’État impose aux plateformes d’employer des salariés, et c’est éventuellement à ces plateformes, et non plus aux travailleurs, d’entamer des démarches si elles estiment que la relation salariée n’est pas justifiée. Nous appliquerons donc cette mesure. Nous octroierons un statut de salarié aux travailleurs des plateformes collaboratives (Deliveroo, Uber, etc) afin que tous leurs droits soient reconnus et qu’ils aient accès à une protection sociale. Nous imposerons aux plateformes capitalistes de fournir aux travailleurs des équipements de travail adéquats, de payer des cotisations sociales et de permettre la constitution d’une délégation syndicale.
Les jeunes avec un statut de travailleur précaire sont souvent à la merci de patrons qui ne respectent pas les règles et veulent les exploiter toujours davantage. Nous renforcerons donc les contrôles pour protéger les travailleurs intérimaires et les étudiants et assurer que leurs droits soient effectivement respectés.
Enfin, le droit des jeunes à l’assurance chômage doit être amélioré. C’est la meilleure manière d’assurer aussi que les jeunes ne soient pas poussés à accepter n’importe quel emploi précaire et mal payé. Nous redonnerons aux jeunes le droit à un revenu de chômage minimum garanti après leurs études (allocations d’insertion) comme cela existait avant les réformes menées par les gouvernements Di Rupo et Michel. Ces allocations d’insertion ne doivent pas être limitées dans le temps et accessibles après une période d’attente de 75 jours (plutôt que 312 jours aujourd’hui). L’accès aux allocations de chômage complet doit lui être facilité pour les jeunes travailleurs : ouverture du droit après six mois de travail sur une période de 24 mois plutôt que un an sur une période de 21 mois.
Avoir un toit au-dessus de sa tête, c’est un droit fondamental. Mais c’est de plus en plus difficile pour les jeunes travailleurs ou les étudiants aujourd’hui. Acheter son propre logement sans l’aide de ses parents devient impossible. Les prix ont augmenté fortement durant des années. Aujourd’hui, c’est le coût des prêts qui grimpe. La part des 18-34 ans dans le volume des nouveaux crédits hypothécaires est passé de 41 % à 36 % entre 2006 et 2021 (chiffres de la Banque nationale).
La situation des prix sur le marché locatif n’est pas meilleure. Depuis 2018, les loyers ont augmenté de plus de 12 %. Ce sont surtout les plus bas qui augmentent en flèche, car il y a beaucoup plus de demande que d'offre pour les appartements et maisons individuels bon marché. Les jeunes sont encore une fois dupés. Il est nécessaire d’agir contre cette crise du logement et de mettre au pas les barons de l’immobilier.
Pour aider les jeunes, il y a des mesures spécifiques que nous pouvons mettre en place. D’abord, nous voulons faciliter et baisser le coût des emprunts pour un premier logement afin d’aider les jeunes qui veulent acheter. Nous le ferons en mettant sur pied une nouvelle banque publique qui garantira des prêts à faible taux pour les petits et moyens revenus.
Ensuite, nous stopperons l’explosion des prix sur le marché locatif et plafonnerons les loyers du marché privé en fonction de la qualité, de l'isolation, du confort, de l'emplacement et du nombre de pièces du bien, entre autres facteurs. Tous les propriétaires devront obligatoirement respecter ces prix. Dans le cas contraire, le locataire pourra saisir la justice. C'est ainsi que nous éliminerons les marchands de sommeil et que nous encouragerons les propriétaires à entretenir correctement leurs biens. Cela fait des années que nous nous battons pour cela avec le PTB. À Bruxelles, nous avons déposé un projet de loi à ce sujet.
Enfin nous augmenterons l’offre de kots de qualité à prix abordable en construisant et rénovant des kots publics dans toutes les villes étudiantes. Certains étudiants habitent trop loin pour faire la navette. Souvent, ne pas avoir de kot signifie arrêter ses études. Certains autres font face à des trajets qui leur prennent des heures chaque jour. D’autres encore n’ont pas de chambre à part ou pas d’espace chez eux à la maison pour étudier. C’est un sérieux facteur d’inégalités.
D'ici 2030, il y aura une pénurie de 95 000 kots. D’un côté, les promoteurs immobiliers se concentrent sur la construction de terrains de luxe avec salles de yoga et tables de ping-pong. Et de l’autre, la loi de l'offre et de la demande fait grimper en flèche le prix des kots. En effet, des propriétaires profitent de la situation pour proposer à des étudiants un taudis à plusieurs centaines d'euros par mois. Par manque de moyens, les universités et les écoles supérieures augmentent le prix des kots publics, alors qu'à la base ils étaient majoritairement les moins chers sur le marché. Aujourd'hui, un kot coûte déjà entre 340 et 550 euros par mois. Pour mettre fin aux prix élevés qui suivent aveuglément le marché et donner à chaque étudiant la possibilité d’avoir un lieu à soi, nous investirons dans des chambres publiques à loyer démocratique. En soi, c’est un investissement rentable à long terme pour les pouvoirs publics et les universités.
Pour beaucoup de jeunes, le travail de jeunesse représente un deuxième chez-soi, un endroit où ils se sentent en sécurité, se font des amis et peuvent se développer. Le travail de jeunesse permet aux jeunes de sortir de leur isolement et de s’épanouir, et parfois aussi de se préparer à un premier job. À l’heure actuelle, les associations de jeunes font de l’excellent boulot. Ce travail de jeunesse est assuré par un personnel professionnel permanent, dont l’action cible plus particulièrement les jeunes les plus vulnérables de la société. Mais il y a aussi le travail de jeunesse assuré par des bénévoles – des mouvements de jeunesse. Ceux-ci consacrent chaque week-end et chaque été une partie de leur temps à des milliers de jeunes.
Pourtant, les organisations et associations de jeunesse travaillent souvent dans l’incertitude. Les communes ne disposent plus de budgets suffisants. Dans beaucoup d’organisations, l’incertitude liée à une partie des subventions est trop importante pour pouvoir construire des projets à long terme, alors que la marchandisation du travail de jeunesse menace son indépendance. Le travail de jeunesse ploie sous la pression du travail et le manque d’argent. Bien trop souvent, il s’agit de choisir entre épargner, passer des contrats bidons ou libérer du temps pour se mettre en quête d’argent privé. Et ce alors que tout le monde sur le terrain ne veut qu’une chose : un travail de jeunesse de qualité. Il faut redonner plus de moyens au travail de jeunesse professionnel. Permettre qu’il y ait plus de maisons de jeunes (une par quartier) et qu’elles aient plus de moyens.
Les services de la jeunesse doivent ainsi pouvoir assurer aussi des seuils accessibles. Le service jeunesse de Borgerhout, par exemple, a rendu ses activités gratuites, supprimé l’inscription et est allé à la rencontre des jeunes là où ils ont l’habitude de se retrouver. Nous voulons que le travail de jeunesse dans son ensemble soit organisé suivant cette approche. À Borgerhout, le service jeunesse atteint aujourd’hui dix fois plus de jeunes qu’auparavant. Dans ce district d’Anvers, les jeunes à partir de 16 ans peuvent également suivre une formation pour devenir des moniteurs, qui sont chargés de veiller à ce que tout se passe bien au niveau de « leur » quartier. À Anvers, on les appelle les « plein patrons » (littéralement les responsables de place/square). Ce projet a été initié par le PTB qui participe à la coalition progressiste (PTB-Vooruit-Groen) au pouvoir à Borgerhout. Les jeunes qui se sentent investis de responsabilités et d’une mission se sentent mieux dans leur peau et dans leur quartier.
Les jeunes, parfois considérés comme un problème, sont en fait une partie de la solution. Au lieu d'essayer de se débarrasser de ceux qui traînent dehors, des solutions existent. Au lieu d'envoyer la police, le district peut, par exemple, mettre en place des maisons d'accueil sur les squares afin d'offrir aux jeunes des lieux de rencontre où ils peuvent s'adonner à leurs activités. Nous voulons responsabiliser les jeunes. En tant que « responsables de square », mais aussi en les laissant organiser leurs propres activités et festivals.
Nous instaurerons aussi le wifi gratuit dans l’espace public afin que tout le monde ait accès à Internet sans barrière financière ou géographique.
Les troubles psychologiques ne cessent de gagner du terrain. Stress, épuisement, insécurité, solitude... Notre société va de crise en crise et on attend de plus en plus de flexibilité de la part des individus. Or, quand les gens ne se sentent pas bien, ils se replient sur eux-mêmes. Les chiffres ne mentent pas. La crise du Covid a encore accentué le phénomène chez les jeunes. Le risque de dépression ou de troubles anxieux concerne un jeune sur trois. Nous avons besoin d’un plan au niveau interfédéral qui associe les différents gouvernements du pays, pour prendre en main cette problématique, en priorité chez les jeunes.
Les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle dans cette pression que ressentent beaucoup de jeunes. Même si d’un autre côté, ils permettent souvent de briser le tabou et d’ouvrir la discussion sur la question de la santé mentale. Le problème, à l’heure actuelle, c’est que lorsqu'ils franchissent enfin le pas de consulter un professionnel de la santé mentale, ils se heurtent à des listes d'attente. Des listes d'attente terriblement longues. Que ce soit pour un rendez-vous avec le psychologue ou pour une admission radicale avec le psychiatre, les patients doivent attendre très longtemps. En conséquence, les problèmes s'aggravent et se complexifient. Lors d'une émission télévisée en Flandre, une jeune fille a expliqué qu'elle était sur une liste d'attente de trois ans pour une admission en centre de crise. Trois ans. Comment peut-on repousser une crise comme cela ?
En l'absence de soins de santé mentale accessibles, les Belges avalent des pilules en masse : somnifères, tranquillisants et antidépresseurs sont en vente libre. Plus d'un million consomment des antidépresseurs.
Malgré quelques annonces de responsables politiques, cette politique de la santé mentale chez les jeunes est un véritable échec. C'est aux autorités de prendre des mesures. En cas de problèmes de santé mentale, il convient d'intervenir le plus rapidement possible. Les soins de santé mentale doivent donc devenir non seulement moins chers, mais aussi plus accessibles. L'élimination des délais d'attente dans les soins de santé mentale doit devenir une priorité absolue du gouvernement.
En outre, les services de santé mentale doivent être intégrés dans les lieux où les jeunes se trouvent et proposer des consultations gratuites dans un environnement sécurisant pour eux. Des psychologues doivent être présents dans les maisons médicales. Nous renforcerons les moyens des écoles pour garantir une prise en charge de qualité. Et nous renforcerons (là où ça existe) et développerons (partout ailleurs) cela de la même manière dans les établissements d’enseignement supérieur.
Enfin, nous soutiendrons les initiatives de formation pour les mouvements de jeunes sur la reconnaissance et la gestion des questions liées à la santé mentale.
Les jeunes ont la bougeotte, ils ont besoin de se déplacer beaucoup pour leurs activités, pour aller à l’école, pour travailler, pour voyager, etc. Ils ont besoin de transports publics performants et bon marché pour pouvoir se déplacer. C’est à la fois une nécessité pour tous les jeunes qui n’ont pas de voiture, mais aussi de plus en plus le choix d’une mobilité durable. Nous y répondons avec une vision globale de la mobilité qui met la priorité sur le développement de transports en communs performants et durables, sans oublier les autres formes (vélos, piétons, voiture). Pour le programme détaillé, voir le chapitre 11. Une mobilité fluide et durable. Nous détaillons ici les mesures qui touchent plus spécifiquement les jeunes.
La situation des transports en commun est largement en-dessous de ce qu’il faudrait dans de très nombreux endroits dans le pays. On peut même dire qu’elle est lamentable. Or, beaucoup de jeunes n’ont pas d’autre choix que de les utiliser. Il faut donc d’urgence investir pour développer des transports en communs de qualité, modernes et moins chers. De plus en plus de villes, de région et de pays investissent massivement dans les transports en communs et osent la gratuité. C’est par exemple le cas du Luxembourg. Il est temps que l’on s’y mette en Belgique. C’est un investissement social, rentable pour toute la société et bon pour l’environnement.
L’offre des transports en commun en soirée et la nuit doit aussi être développée. Toutes les grandes villes européennes comme Madrid, Barcelone, Paris, Copenhague, Stockholm, Rome, Londres ou encore Berlin disposent d’un service de transport en commun nocturne performant. Pourquoi cela ne serait-il pas possible dans les grandes villes en Belgique ?
Pour beaucoup de gens, surtout sur les courtes distances, le vélo est un excellent moyen d'éviter les embouteillages. Mais l'infrastructure destinée aux cyclistes laisse souvent à désirer. Pour continuer à augmenter la part des modes de transport doux, il est donc crucial de passer à la vitesse supérieure et de mettre en place des infrastructures fluides et sûres où marcheurs, vélos et voitures ont leur place. Nous investirons dans des infrastructures piétonnes et cyclables et ferons se multiplier le plus de carrefours « sans conflit » possible. De plus, prendre son vélo dans le train sera gratuit.
Pour les voyages lointains, nous rendrons le train moins cher que l'avion pour les distances inférieures à 1000 km. Nous rendrons ces trajets plus accessibles qu'ils ne le sont aujourd'hui. En commençant par le Pass Interrail, qui permet de voyager en train en Europe.
Les gouvernements tiennent très peu compte des jeunes. Ils considèrent souvent les jeunes comme une source de nuisance plutôt que comme des partenaires à part entière, dotés d’une opinion. Souvent, ils ont tendance à ignorer l’avis des organisations de jeunesse. Pire, l’organisation et le contenu de la participation des jeunes sont souvent imposés d’en haut. Les conseils de la jeunesse n’ont pas de droit d’initiative au Parlement et ne sont pas consultés sur les budgets et décisions qui concernent les jeunes. Les choses doivent changer radicalement dans tous ces domaines.
Les moins de 18 ans doivent pouvoir faire entendre leur voix lors des élections. Le droit de vote à 16 ans a été instauré pour les élections européennes uniquement. Mais cela veut dire que les jeunes ne peuvent pas voter pour toutes les élections au niveau fédéral, régional et communal. Ce sont pourtant là que se décident beaucoup de politiques qui les touchent directement, comme l’emploi, la culture, le sport, l’enseignement ou les transports en commun. Le PTB plaide en faveur du droit de vote dès l’âge de 16 ans pour toutes les élections et pour tous les jeunes, sans inscription préalable (comme pour le reste de la population). Cela impliquera la nécessité d’une réforme constitutionnelle. Entre 16 et 18 ans, nous voulons que les jeunes aient le droit de vote, mais sans obligation d’aller voter. Cela doit aussi s’accompagner d’initiatives de débats et d’informations dans les écoles, pour que les jeunes puissent avoir accès à l’information et se forger leurs propres opinions.
Sans communication réciproque, il n’y a pas de démocratie. Les décideurs politiques doivent prendre conscience que les jeunes sont des experts lorsqu’il s’agit de leur voisinage, de leur quartier, de leur école. Si on veut pouvoir dire ce que l’on pense, alors il faut aussi être écouté. Une attitude ouverte de la part des gouvernements est donc indispensable. Nous voulons organiser la politique de manière à ce que les jeunes puissent avoir accès au gouvernement, aux organes administratifs et aux institutions gouvernementales qui viennent activement à leur rencontre. Le gouvernement peut alors mieux impliquer les jeunes et leur demander leur avis de diverses manières. Tout d’abord à travers les organismes structurels comme les Conseils de la jeunesse. Ce qui sous-entend une représentation et une participation réelles des jeunes. Il est important, en effet, que les Conseils de la jeunesse disposent d’un droit d’initiative auprès des organes de prise de décision. Par ailleurs, les jeunes qui n’ont pas de lien direct avec un Conseil de la jeunesse devraient également pouvoir exposer leurs idées. Par exemple, par le biais d’outils numériques ouverts où les jeunes peuvent soumettre leurs questions et suggestions. Ou aussi par l’organisation d’une grande enquête annuelle. Nous attendons de la part des gouvernements qu’ils s’engagent à répondre à chacune des questions posées et à traiter de manière effective les propositions qui obtiennent l’appui d’un nombre suffisant de jeunes.
L’école est un lieu important pour les jeunes, c’est censé être l’endroit où ils apprennent la démocratie. Pourtant, il y a souvent trop peu d’espace démocratique et de participation dans les écoles. Nous voulons donner davantage de place et de moyens à la fois aux Conseils d’élèves dans les écoles et aux organisations représentatives des écoliers au niveau national, pour qu’ils puissent jouer leur rôle. Un des points de conflits qui remonte régulièrement à la surface dans toute une série d’écoles concerne les règlements d’ordre intérieur et l’habillement des élèves (et souvent des femmes en particulier concernant le port de jupe, de débardeur, de tenue trop longue ou d’un foulard). Il y a un problème avec toute une série de ces règlements à la fois par leur côté arbitraire et discriminant qui imposent aux filles comment elles doivent s’habiller. Cela ne va pas. C’est important qu’il y ait des règles, qui ne soient pas discriminantes et que cette réglementation se fasse en concertation avec les jeunes eux-mêmes.