Emploi stable
Ouvriers de la construction, infirmières, chauffeurs, artistes, caissières… : chaque travailleur a droit au respect. Sans travailleurs et travailleuses, pas de richesse. Nous voulons des emplois stables. Nous mettons un terme au dumping social. Nous protégeons les travailleurs et travailleuses contre l’ultra-flexibilité et les pertes d’emplois. Nous remplaçons les emplois précaires et sous-payés par des emplois décents et stables.
Après les « Jobs, jobs, jobs » du gouvernement Michel, on assiste à la devise du « work, work, work, work, work » de l’actuel gouvernement De Croo, dit gouvernement de la Vivaldi. D’ici à 2030, ce dernier veut faire passer le taux d’emploi à 80 %. Huit personnes sur dix en âge de travailler, au boulot … Pour atteindre ce taux, près de 766 000 personnes devraient retourner travailler. Or, notre pays compte 300 000 demandeurs d’emploi. Le gouvernement a donc d’abord ciblé les « travailleurs âgés », trop peu « actifs » à son goût, qu’il pousse à retourner travailler en coupant dans les dispositifs d’interruption de carrière, en rendant plus coûteux le RCC (ex-prépension) et en durcissant l’accès à la pension. Ensuite, parmi les 500 000 malades de longue durée (beaucoup du fait de leur travail), le ministre Frank Vandenbroucke a prévu des sanctions s’ils ne jouent pas le jeu de « l’activation ».
Ce fétichisme du chiffre détourne l'attention de la qualité du travail. Regardons les Pays-Bas et l'Allemagne, deux pays voisins qui atteignent un taux d'emploi de 80 %. Aux Pays-Bas, ce chiffre est dopé par le travail à temps partiel. En matière d’équivalent temps plein, nous avons en Belgique plus d’heures prestées qu’aux Pays-Bas. Même histoire en Allemagne, qui a seulement fait semblant de créer des emplois en divisant des emplois à temps plein bien rémunérés en deux, trois ou quatre emplois temporaires sous-payés, avec des salaires moyens de 250 euros par mois. Une catastrophe sociale. L’Allemagne subit la plus importante déréglementation du marché du travail dans toute l’Union européenne. Fini les contrats fixes, les horaires fixes, les salaires fixes permettant de nouer les deux bouts. Ils ont été remplacés par une jungle de réglementations de travail flexibles et par des emplois « hamburgers ». Les effets ne se sont pas fait attendre : le nombre de travailleurs pauvres n’a cessé d’augmenter. Aujourd’hui, 15 % des Allemands travaillent tout en vivant dans la pauvreté ; soit 3 fois plus qu’en Belgique.
Le gouvernement belge s'est engagé dans la même voie. Il a flexibilisé et a rendu notre marché du travail encore « plus compétitif ». Les flexi-jobs ont ainsi été généralisés à de nouveaux secteurs, le temps de travail a été dérégulé et les salaires ont été bloqués.
Nous changeons radicalement de logique. En matière d’emploi, ce n’est pas d’une prolifération de pseudo-jobs dont nous avons besoin, mais bien du droit à la sécurité. Avec une norme reposant sur des contrats à durée indéterminée. Sans un contrat fixe, comment envisager l’avenir ? Lorsqu’on vit au jour le jour avec un contrat intérimaire, demander un prêt hypothécaire est illusoire. Sans un contrat fixe, aucune perspective d’autonomie ou de fonder une famille.
Nous nous sommes opposés depuis le début aux flexi-jobs, en 2015. Ceux-ci créent une pression énorme sur les salaires, les poussant vers le bas, et mettent en péril le financement de la sécurité sociale. Ainsi, un travailleur qui, en plus de son ⅘, arrondit ses fins de mois dans le secteur Horeca reçoit un flexi-salaire de 11 euros de l’heure, soit trois euros de moins que le salaire minimum du secteur. Son patron est dispensé de payer des lois sociales, de respecter des horaires ou d’autres droits. Il peut à sa guise appeler son travailleur la veille au soir pour travailler le lendemain. Tous ces contrats « zéro heure » pèsent lourd sur les conditions de travail et salariales en vigueur et compromettent la création d’emplois réels et décents. Dans les secteurs où ce système est déjà pratiqué depuis un certain temps, 16 % de la main-d'œuvre est composée de travailleurs flexibles. Aujourd’hui dans l’Horeca, ces flexi-jobs représentent un emploi sur cinq et plus d’un flexi-job sur trois remplace un contrat fixe. Coïncidence… ou pas, les métiers de serveurs et barmen sont aujourd’hui les métiers les plus mal payés du pays et sont ceux qui souffrent le plus de la pénurie de main d'œuvre.
Lors de l’introduction des flexi-jobs dans l’Horeca par le gouvernement Michel (MR-N-VA-cd&v-Open Vld) en 2015, le ministre Kris Peeters et son parti le cd&v promettaient qu’ils ne seraient pas étendus à d’autres secteurs. Deux ans plus tard, ce même gouvernement les rendait accessibles aux pensionnés et les étendait aux commerces de détail. Une extension largement utilisée par les magasins franchisés d’enseignes bien connues, comme on a pu le voir chez Delhaize, par exemple. Comme le PTB, les partis socialistes et écologistes étaient avant 2019 alors vent debout contre ce « cheval de Troie de ceux qui veulent à tout prix déréguler le marché du travail au détriment des travailleurs et de la sécurité sociale ». Ça, c’était avant leur entrée au gouvernement. Le gouvernement de la Vivaldi, avec la participation des socialistes et des écologistes et avec le ministre du Travail Dermagne (PS) comme premier responsable, a étendu les flexi-jobs aux secteurs de l'agriculture, des parcs et jardins, du sport, de la culture, de gardes d’enfants, du transport (cars), de l'événementiel, des garages, des soins aux personnes, de la chocolaterie… Ce n’est pas tout : le gouvernement a aussi prévu une option de « opt-in ». Autrement dit, des secteurs qui ne sont pas actuellement dans la liste des secteurs validés, mais qui voudraient quand même introduire ce statut dans leurs activités, peuvent le faire moyennant accord de la commission paritaire. Cela met les fédérations patronales dans un fauteuil. Elles pourront agiter en permanence l’extension des flexi-jobs comme contrepartie à toute concession de leur part dans un autre domaine. À part le PTB, tous les partis votent pour, majorité et opposition, Vlaams Belang compris.
Aujourd’hui, les flexi-jobs explosent. Pire, un flexi-job sur dix est occupé par une personne âgée de… plus de 64 ans. Selon une analyse de la Cour des comptes, plus d’un tiers des flexi-jobs ont en fait remplacé des emplois existants. Ce qui est en cause, ce ne sont évidemment pas les travailleurs qui prennent ces flexi-jobs, souvent car ils n’ont pas assez de pouvoir d’achat avec leur salaire ou leur pension. Ce qui est en cause, c’est la généralisation et l’élargissement de ce type de contrat qui met en danger les salaires et les emplois stables existants.
Le ministre du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS) se défend en expliquant que des mesures anti-abus ont été mises en place. Mais à y regarder de plus près, elles y changeront peu. Le ministre prétend, par exemple, que les flexi-jobbers gagneront le même salaire que les travailleurs fixes du secteur concerné, car les minimas barémiques s’appliqueront dorénavant. Sauf que dans le secteur de l’Horeca, où la moitié des flexi-jobs sont présents, les barèmes ne seront pas d’application. Et même dans les secteurs où les barèmes s’appliqueront, les flexi-jobbers gagneront toujours moins : pas de 13ème mois, pas de supplément pour les heures supplémentaires, pas d’indemnités de rupture, un pécule de vacances plus léger… Autre exemple, le ministre socialiste se vante que la cotisation patronale pour la sécurité sociale augmente de 25 à 28 %. Mais dans les faits, il n’y aura toujours pas de cotisation personnelle ni de précompte professionnel et avec l’extension à de nouveaux secteurs, les caisses de la sécu seront davantage définancées. Selon la FGTB, la réforme du ministre socialiste coûtera à minima 50 millions d'euros par an en revenus directs.
Un autre genre de travail précaire explose dans notre pays : les travailleurs de plates-formes comme Uber et Deliveroo qui prestent sous le régime fiscal de l’économie collaborative. Un régime jugé illégal par le Tribunal et la Cour du travail de Bruxelles dans le secteur de la livraison, mais qui a continué à prospérer sous le gouvernement Vivaldi. Cette forme de travail précaire, c’est la possibilité pour les grandes plates-formes d’exploiter une main d'œuvre bon marché sans porter la casquette de l’employeur. Résultat : pas de salaire horaire, mais une rémunération à la livraison. C’est le grand retour du salaire à la pièce, digne d’une époque que l’on croyait révolue. Sécurité ? Zéro. S’ils tombent malades ou ont un accident, c’est à eux de gérer leur situation. À eux aussi de se constituer leur propre pension avec leurs maigres revenus.
Dans le cadre du « deal pour l’emploi » du gouvernement, le ministre socialiste du Travail, Pierre-Yves Dermagne, nous promettait des avancées historiques : les faux statuts seraient remplacés par des contrats de salariés et une assurance accident de travail serait octroyée à tous les travailleurs de plate-forme. Mais des mois et des mois plus tard : rien n’a changé sur le terrain. Les plates-formes continuent d’imposer de faux statuts et c’est toujours aux travailleurs d’entamer de longues procédures pour arracher les droits qu’ils méritent. De plus, face aux lobbies des multinationales, le ministre a retiré l’octroi de l’assurance accident de travail pour les travailleurs issus du régime fiscal de l’économie collaborative, soit près de 85 % des travailleurs censés l’obtenir. Quant aux autres, ils peuvent encore attendre : des mois et des mois après ce « deal » de novembre 2022, le gouvernement n'a toujours pas acté en janvier 2024 dans la loi l'obligation d'assurer ces travailleurs.
Dès le début, les députés fédéraux PTB Nadia Moscufo et Gaby Colebunders ont dénoncé une réforme qui maintenait la liberté des grandes plates-formes d’imposer des conditions de travail déplorables. « Deliveroo & co peuvent dormir sur leur deux oreilles, il leur sera toujours possible d’exploiter des travailleurs précaires en toute impunité » avait alors averti Nadia Moscufo.
Quelques mois plus tôt, les deux élus avaient déposé une proposition de loi, élaborée en concertation avec les syndicats, qui offrait pourtant une véritable alternative. Celle-ci renverse la logique actuelle : l’État impose aux plates-formes d’employer des salariés, et c’est éventuellement à ces plateformes, et non plus aux travailleurs, d’entamer des démarches si elles estiment que la relation salariée n’est pas justifiée.
Nous mettons en œuvre cette proposition pour donner aux travailleurs de plate-forme un statut de salarié fondé sur des conditions de travail et salariales correctes. Nous voulons imposer aux plates-formes de fournir aux travailleurs des équipements de travail adéquats, de payer des cotisations sociales et de permettre la constitution d’une délégation syndicale. Nous abrogerons le sous-statut du régime fiscal de l’économie collaborative qui crée du dumping social au sein de la classe travailleuse.
Moins de la moitié des jeunes entrent sur le marché du travail avec un contrat à temps plein. En Belgique, il y a 217 000 de temps partiels involontaires, dont la plupart sont des femmes, qui souhaiteraient augmenter leur temps de travail. Mais les employeurs (les grandes chaînes de magasin, par exemple) ne veulent proposer que des contrats à temps partiel à leur personnel. Nous imposons aux employeurs de donner la priorité à leur personnel lorsque du temps de travail supplémentaire est dégagé, plutôt que de recourir à des intérimaires ou à des étudiants. Ainsi, les femmes, souvent engagées à temps partiel, pourront augmenter leur temps de travail si elles le veulent.
Dans beaucoup de grandes entreprises belges, le recours aux intérimaires est important et monte dans certains cas à plus de 40 %. De grandes entreprises emploient davantage d’intérimaires que de travailleurs « fixes ». Si les call-centers et la logistique sont les plus touchés, aucun secteur n’échappe à cette situation.
Les premiers touchés par ces emplois temporaires sont les jeunes, avec sept contrats intérim sur dix occupés par des travailleurs de moins de 35 ans et un sur trois par des jeunes de moins de 25 ans. Quand ils ont la chance de quitter l’intérim ou de cesser de cumuler différents emplois précaires (une tendance en nette, elle, augmentation), moins d’un travailleur de moins de 25 ans sur deux obtient un contrat à durée indéterminée. Cette précarisation du marché de l’emploi a bien évidemment des conséquences directes sur nos jeunes. Selon une étude récente de la société Deloitte, plus d’un jeune travailleur sur deux estime « plus difficile, voire impossible » de fonder une famille ou d’acheter une maison.
Cela ne peut pas durer. Nous acceptons le travail intérimaire uniquement dans le cadre du remplacement temporaire de salariés bien précis (sur base de noms) et pour du travail exceptionnel et spécialisé. Nous cessons le recours au travail intérimaire pour les périodes d’essai au lieu d’offrir un contrat décent aux travailleurs.
Nous donnons aux syndicats la possibilité de limiter, dans le cadre de la concertation sociale, le nombre de travailleurs intérimaires à un certain pourcentage, comme c’est déjà le cas au niveau des entreprises. Nous instaurons des concertations sectorielles afin que les accords s’appliquent aussi aux entreprises dépourvues de représentation syndicale. De plus, tout dépassement de ces plafonds doit être sanctionné.
Un plan d’action complet contre l’exploitation du personnel intérimaire est indispensable. Nous allons donner à l’inspection sociale les moyens de renforcer les contrôles sur le terrain. Mettre aussi fin aux contrats journaliers qui concernent actuellement presque 90 % du personnel intérimaire et les maintiennent dans la précarité. Pour ce faire, renforçons la possibilité d’intervention des syndicats par rapport à l’embauche d’intérimaires et contrôlons strictement la mise en œuvre des accords du Conseil national du travail (CNT) sur les recours excessifs aux contrats journaliers.
Nous voulons garantir que les travailleurs intérimaires disposent des mêmes droits et avantages que les travailleurs permanents. C’est déjà prévu par la loi, mais dans les faits, de nombreux patrons omettent d’octroyer certains droits et avantages aux intérimaires. Pour nous, la règle est claire : à travail égal, conditions égales. Nous renforcerons les sanctions à l’encontre des patrons qui nivellent par le bas les droits des travailleurs.
Nous offrirons de véritables contrats de travail aux intérimaires en mettant fin au carrousel des contrats successifs conjugués à de petites périodes d’interruption pour contourner les règles d’ancienneté. Les travailleurs occupés six mois chez un même employeur sous contrat intérimaire ou temporaire recevront automatiquement un contrat à durée indéterminée.
Aujourd’hui, de nombreux employeurs considèrent toujours les jeunes apprentis en alternance comme de la main d’œuvre bon marché permettant de diminuer leurs coûts. Nous mettons fin à cette logique. Lorsque ces jeunes sont en entreprise, ce sont des travailleurs à part entière. Nous nous assurons qu’ils soient bien informés sur leurs droits et octroyons un salaire horaire décent, pas un forfait minable, qui respecte le revenu horaire minimum en vigueur dans le secteur. Nous veillons également à ce que les apprentis soient correctement formés en vue de l’exercice complet de leur métier. Un revenu juste, de bonnes conditions de travail et une formation adéquate est une des conditions qui permettra par ailleurs de rendre véritablement attractives les formations qualifiantes et répondre aux pénuries d’emploi dans certaines professions.
Le déclin des droits humains, tant décrié lorsqu'il s'agit du Qatar, semble aussi parfois s'accomplir chez nous, le long des rives de l'Escaut. Cette leçon difficile, nous l'avons apprise en juin 2021 lors du désastre de construction dans une école d'Anvers qui a coûté la vie à cinq ouvriers du bâtiment, et un an plus tard, lorsque la multinationale chimique Borealis a été impliquée dans de la traite d’êtres humains au port d'Anvers. Il y a un silence bien trop grand autour de la servitude salariale dans notre propre pays. Les travailleurs qui construisent nos écoles, nos usines et nos entreprises construisent la richesse de demain. On pourrait s'attendre à un minimum de respect pour ce travail, mais il n'y en a pas. Il est dans l'intérêt de tous les travailleurs que notre pays renforce enfin ses lois et chasse les trafiquants de personnes de nos chantiers de construction.
Nous plaidons pour l'égalité des droits sociaux pour tous les travailleurs en Europe. Un salaire égal pour un travail égal mettra fin aux pratiques de dumping social et évitera que quiconque voie son salaire réduit par ce genre de mafia. Pour ceux qui sont embauchés en Belgique, les conditions salariales et de travail belges doivent s'appliquer, y compris dans le secteur des transports. Les cotisations de sécurité sociale sont payées dans le pays où travaille le travailleur, et non dans le pays d'origine. La Belgique transfère ensuite l'argent à l’État membre de l’UE.
Il s'avère que les chaînes de sous-traitance sont des chaînes d'exploitation et de sous-paiement. Cela offre aux grands acteurs du secteur un parapluie pour échapper à toute responsabilité. Le scandale Borealis a mis cruellement en lumière cette pratique. Nous voulons réglementer au plus vite ce système de sous-traitance. Le député du PTB Peter Mertens a déposé une proposition de loi à la Chambre pour renforcer la législation sur la responsabilité de l'entrepreneur principal. Ce dernier devra toujours être responsable du paiement intégral des salaires de tous les travailleurs, quel que soit le nombre de sous-traitants et le secteur. Les entreprises qui passent la commande devront être responsables de toute la chaîne de sous-traitants. Le gouvernement était favorable à la proposition de Peter Mertens, mais l'Open Vld l'a bloquée. Pour les libéraux, il n'est pas question de modifier la loi. Si cela continue à dépendre d'eux, rien ne changera dans la situation d'exploitation extrême que nous connaissons aujourd'hui.
L'augmentation du nombre d'inspecteurs du travail et sociaux est une première étape que nous franchirons pour lutter contre le contrôle et la répression du dumping social et de l'abus de travail intérimaire.
Nous contrôlerons et sanctionnerons tous les acteurs de la chaîne de sous-traitance qui profitent du dumping social. Un contrôle strict par une inspection sociale solide doit être une priorité dans chaque État membre de l'Union européenne : dans les pays d'origine ainsi que dans les pays où le travail est effectué. L'inspection sociale impliquera structurellement les syndicats dans ce contrôle. En cas d'infraction, des sanctions sévères seront prises pour montrer clairement que l'exploitation et le dumping social sur les chantiers ne sont plus tolérés.
Nous élargirons également les possibilités de contrôle des syndicats sur la sécurité et les conditions de travail sur les chantiers. Aujourd'hui, les délégués des travailleurs dans les comités d'entreprise ne peuvent pas poser de questions sur les travailleurs sous-traitants. Les délégués voient ce qui se passe sur les chantiers, mais ne sont pas autorisés à en parler. Cela doit changer.
Sur les chantiers financés par le gouvernement, nous n'accepterons que des emplois à part entière. Le gouvernement doit montrer l'exemple. Pas de mélange de structures et de sous-traitance qui contournent les droits sociaux et la sécurité. Ce sont les leçons que nous devons tirer du désastre de construction dans l'école d'Anvers, mais que le bourgmestre Bart De Wever a préféré ignorer. Selon une lettre que Peter Mertens a pu consulter, l'entrepreneur principal était au courant des problèmes de stabilité depuis au moins six mois avant la catastrophe, mais n'a pas réagi. La commune ne savait même pas qui travaillait sur le chantier. Il s'est avéré qu'il n'y avait pas 27, mais 249 sous-traitants actifs sur ce chantier. Les contrôles étaient aussi étanches qu'une passoire. Pour prévenir de nouveaux accidents, des mesures concrètes sont nécessaires. Nous veillerons à ce que le travail qui ne nécessite pas de spécialisation soit obligatoirement effectué par le personnel de l'entrepreneur principal. Nous imposerons les mêmes obligations en matière de bien-être aux travailleurs indépendants qu'aux employés. Nous interdirons la fausse indépendance. L'administration publique devra toujours savoir qui travaille sur le chantier, dans quel statut et sous quel contrat. L'administration publique assurera elle-même le suivi et l'inspection des travaux de construction. Enfin, nous garantirons une transparence totale dans tous les dossiers de construction publics.
Nous soutenons pleinement les dockers du port et la loi-Major qui protège leurs conditions de travail. Or, le baron du port d'Anvers, Fernand Huts, PDG de l'entreprise portuaire logistique Katoen Natie, la Commission européenne et les partis de droite veulent mettre fin à cette loi. Ils veulent démanteler le statut des dockers. Cela ouvre la porte au dumping social dans le port, permettant à Huts et à d'autres d'exploiter facilement une main-d'œuvre bon marché et peu protégée.
La loi-Major est la pierre angulaire du travail portuaire. Elle garantit la reconnaissance de l'expertise et la sécurité et la protection sociale des dockers. Cela est plus que nécessaire au 21e siècle. Nous protégeons le statut des dockers. À chaque attaque, le député du PTB Peter Mertens défend la loi-Major : sur le terrain, dans le port et au Parlement. « Notre port et notre économie belge sont construits sur le travail portuaire de dockers bien protégés. Cela doit rester ainsi. Cela doit aussi être un engagement du gouvernement », a déclaré Peter Mertens en octobre 2022 au Parlement.
Dans le secteur des transports, nous imposerons de meilleures heures de conduite et de repos. La flexibilisation et le dumping social ne sont pas des phénomènes naturels. Nous pouvons faire beaucoup ensemble. Nous retirerons les licences des entreprises de transport qui enfreignent la loi. Nous mettrons fin aux sociétés boîtes aux lettres. Certaines entreprises belges sont devenues expertes dans la création de sociétés boîtes aux lettres fictives en Europe de l'Est pour exploiter davantage les travailleurs venant de là-bas chez nous. Nous n'autoriserons pas ces escrocs à échapper à la justice et à rejeter la responsabilité sur des sous-traitants malhonnêtes qui font le sale travail à leur place.
Depuis 2010, plus de 100 000 travailleurs et travailleuses ont été victimes de licenciements collectifs. Tandis qu’elles engrangent des bénéfices considérables, versent des dividendes colossaux à leurs actionnaires et des salaires hallucinants à leurs managers, les grandes entreprises mettent leur personnel à la porte sans arrière-pensée.
En 2010, AB InBev décidait de supprimer 800 emplois tout en distribuant un milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires. De la pure prédation capitaliste. Un scénario répété à de nombreuses reprises depuis lors, comme nous l'avons vu chez ArcelorMittal, Caterpillar, NMLK et, plus récemment, 3M, C&A, AGC, Avery Dennison ou encore Farnell. En 2020, le PTB dépose à nouveau au Parlement sa proposition de « loi InBev » interdisant à des entreprises bénéficiaires ou qui versent des dividendes de procéder à des licenciements collectifs. Toute décision de restructuration ou de licenciement collectif devrait d’abord être soumise à un organe paritaire qui en examinerait les motifs avant de décider ou non de sa pertinence. Les entreprises bénéficiaires qui licencient malgré tout devraient rembourser tout soutien public, subside ou réduction d’impôt.
Avant d’envisager une restructuration, les entreprises doivent chercher des solutions, comme une diminution collective du temps de travail ou un plan de reconversion. L’employeur doit faire ces suggestions et le personnel doit avoir réellement voix au chapitre. Les travailleurs des fournisseurs et des sous-traitants doivent être inclus dans le plan social. La maison-mère qui opte pour une restructuration ou un licenciement collectif doit en assumer l’intégralité des coûts. Nous prévoyons des sanctions allant de six mois à trois ans de prison ferme pour les employeurs qui ne respecteraient pas la loi. En cas de violation des droits des salariés, les bâtiments, terrains et machines pourront être saisis.
Nous voulons mettre fin aux manœuvres douteuses de certaines entreprises qui utilisent la procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) pour ne pas assumer de plan social. Ces dernières années, les exemples n’ont malheureusement pas manqué : Wibra, E5 mode, Thomas Cook, Blokker ou encore Makro qui s’est soldé par le licenciement de 1400 travailleurs. L’objectif de ces entreprises est clair : en mettant ses magasins en vente via cette procédure de réorganisation judiciaire, elles se débarrassent des entités les moins rentables en faisant porter le coût des licenciements sur la sécurité sociale. Les travailleurs subissent alors la double peine : ils perdent leur emploi et reçoivent une indemnité de sortie bien inférieure à ce qu’ils auraient dû avoir. Le tout, alors que les multinationales à la manœuvre versent de généreux dividendes.
Nous réaliserons une évaluation des différentes aides à l’emploi accordées aux entreprises. Nous y impliquerons tous les acteurs concernés, dont les interlocuteurs sociaux. Les subsides à l’embauche ne peuvent pas être utilisés pour remplacer des emplois stables. Nous devons interdire aux entreprises de licencier des travailleurs pour en embaucher d’autres immédiatement après dans le but de recevoir des subsides. Nous voulons obliger les entreprises à accueillir des jeunes en formation, sans, non plus, que les stagiaires remplacent des travailleurs sous contrat stable.
La Belgique est le pays d’Europe qui protège le moins bien ses travailleurs contre le licenciement. Nous renforcerons cette protection, notamment en ratifiant la Convention 158 de l’Organisation internationale du travail qui oblige l’employeur à motiver tout licenciement. Les travailleurs auront ainsi une chance de se défendre, avec le soutien des syndicats, et d’attaquer le licenciement au tribunal du travail.
Nous garantirons à chaque travailleur licencié un préavis d’un mois par année d’ancienneté, avec un minimum de trois mois. Les licenciements arbitraires seront ainsi moins aisés.
Nous allons interdire les licenciements des travailleurs en chômage temporaire pour cause de force majeure. Durant la crise sanitaire, les entreprises pouvaient bénéficier d’argent public sans aucune contrepartie, alors que l’objectif de ce chômage est justement de préserver l’emploi. Nous mettrons en œuvre la proposition de loi des députés fédéraux PTB Nadia Moscufo et Gaby Colebunders qui conditionne le chômage temporaire au maintien de l’emploi.