Contre la guerre, une Europe de paix non alignée
Le monde change. Nous n’avons rien à gagner à rester à la remorque d’une grande puissance. Nous voulons une Europe non alignée qui développe de bonnes relations avec un maximum de pays. La paix passe par la sécurité collective de tous. Les armées doivent servir à défendre le territoire et pas à des interventions étrangères qui créent le chaos, l’exode de réfugiés et le terrorisme.
L’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie amène le retour de la guerre en Europe. Depuis 20 ans déjà le PTB s’oppose à Poutine et à son régime. Nous condamnions déjà sa politique antisociale, sa guerre en Tchétchénie et l’inégalité croissante en Russie.
Le PTB a condamné immédiatement et sans équivoque l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Cette guerre a conduit à des milliers et milliers de victimes et de destructions massives d'habitations et infrastructures civiles depuis plus de deux ans en Ukraine. Elle confirme que l’Europe a plus que jamais besoin d’une politique de sécurité durable. Cette nouvelle guerre, tout comme celle d’Israël à Gaza, montre toute l’importance du respect du droit international et des principes de la Charte des Nations unies.
Le monde aspire à la paix. Pour Gaza, comme pour l’Ukraine et d’autres guerres dans le monde. Nous voulons que la menace de guerre soit remplacée par le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, comme le prévoit la Charte des Nations unies. Nous voulons un monde qui garantisse la paix et la sécurité par le désarmement. Pour cela, l'idéal est la sécurité collective, où la sécurité de l'un est l'affaire de tous.
Aujourd’hui, le centre de l’économie mondiale se déplace vers l’Asie. La période où les États-Unis semblaient dominer le monde de manière incontestée dans tous les domaines est terminée. Historiquement, nous avons vu que le changement des rapports de forces mondiaux crée un terrain fertile pour la guerre.
Ainsi, aujourd’hui, un nouvel ordre mondial se prépare.
Deux options concrètes se présentent. D’une part un monde où deux blocs s’affrontent, avec les États-Unis et leurs alliés qui s’en prennent au reste du monde, au Sud Global et à la Chine en particulier, dans une sorte de nouvelle guerre froide.
D’autre part, un monde où une série d’autres pôles indépendants émergent dans le Sud global, comme l’Inde, l’Afrique, la Chine, l’Amérique latine avec le Brésil en tête. Cette deuxième option offre de grandes opportunités pour voir émerger une Europe plus indépendante, qui peut défendre les intérêts des travailleurs. Aussi, nous voulons construire une Europe qui ne soit pas à la remorque d’une grande puissance ou d’une autre, mais puisse développer de manière autonome ses politiques.
Or, l’objectif des États-Unis est clair : maintenir leur prédominance mondiale. Washington se lance maintenant dans une politique de division du monde en deux blocs : « soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous ».
Les États-Unis ne se limitent pas à adopter des sanctions contre la Chine et d’autres pays du Sud global. Washington fait pression sur les entreprises et pays européens pour qu’ils suivent la même voie. Des entreprises européennes importantes ont dû, sous pression américaine, réduire leurs échanges commerciaux avec la Chine. Cela contribue objectivement à la désindustrialisation et au recul économique du continent européen.
L’Europe a tout intérêt à ne pas se laisser enfermer dans un bloc. Nous œuvrons à un monde où chaque pays a la possibilité de choisir ses partenaires, des investisseurs américains, asiatiques ou autres, offrant des opportunités pour les travailleurs de part et d’autre du globe.
Pour y arriver, l’Europe devra établir des relations constructives avec les pays tiers en rupture avec des pratiques diplomatiques et commerciales paternalistes fondées sur l'exploitation d'autres pays du monde. Des relations commerciales équitables, respectueuses et égales avec le Sud peuvent offrir à l'Europe la diversification commerciale nécessaire afin de garantir une plus grande indépendance. Cela signifie évidemment une rupture fondamentale avec le modèle actuel. Une rupture avec la vision des classes dirigeantes européennes qui voient l’Afrique comme une terre de conquête pour les multinationales européennes. Une vision néocoloniale exprimée honteusement par Josep Borrell dans son discours comparant l’Europe à un jardin et le reste du monde à une jungle que les jardiniers européens devraient cultiver.
Nous choisissons une politique non alignée et pas une logique de blocs. Une politique étrangère basée sur le non-alignement ne signifie ni neutralité ni passivité, mais représente une politique positive, active et constructive avec comme objectif une paix collective comme base de la sécurité collective.
Le droit international doit servir à régler pacifiquement les différends entre pays. Nous avons tous intérêt à vivre dans un monde régi par le droit international. Nous voulons mener une politique étrangère non alignée, dans le respect strict du droit international et des principes de la Charte des Nations unies. Parmi ceux-ci, nous valorisons la souveraineté et l'intégrité territoriale, ainsi que, bien sûr, la non-agression et la non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays. Nous respecterons l’égalité des pays comme fondement de la coopération entre États et romprons avec le deux poids, deux mesures, de la politique européenne.
Comme l’ont démontré les succès de la diplomatie belge en matière de libération de prisonniers européens en Iran, la diplomatie est un art. Nous voulons la revaloriser. Nous axerons notre politique étrangère sur la médiation et le soutien aux négociations de paix régionales.
Nous prendrons une grande initiative diplomatique pour une paix juste et durable en Ukraine.
Des personnalités aussi différentes que le pape François, le président du Brésil Lula ou le secrétaire général des Nations unies António Guterres la défendent.
La majorité des pays du monde, en particulier au Sud de la planète, dont des pays importants comme l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et la Chine, ont refusé d’imposer des sanctions contre la Russie ou de livrer des armes à l’Ukraine. De nombreux pays africains, aussi, ont refusé de suivre la position des États-Unis et de l’Union européenne. Tous ces pays ont rejeté l’escalade et appelé à des pourparlers et à l’effort diplomatique pour terminer cette guerre au plus vite. Comme le mouvement pour la paix, nous choisissons une autre voie que celle de l’escalade militaire dans les deux camps. Nous plaidons pour un cessez-le-feu immédiat et des négociations.
« On ne peut pas négocier », rétorquent alors, en Europe, les jusqu’au-boutistes. Leur objectif ? Fermer la porte à toute négociation et faire durer la guerre. Pourtant, au contraire, depuis le début de la guerre, plusieurs négociations entre l’Ukraine et la Russie ont abouti. Comme celles qui ont permis de continuer l’exportation de céréales via la mer Noire. Un résultat important pour de nombreux pays. Mais aussi les négociations des deux gouvernements sur l’échange de prisonniers. Prétendre que les négociations sont impossibles est faux.
Face à l’escalade, à la perte quotidienne de vies humaines et à la destruction, ne pas tenter l’option diplomatique est gravement irresponsable. Si même des militaires de haut rang à la retraite aux États-Unis comme en Europe voient une issue diplomatique, l’Europe doit y mettre son poids. Le menu des négociations pour une paix juste est connu : respect pour la souveraineté ukrainienne et garanties sécuritaires pour les deux pays, tout comme pour le reste de l’Europe. Nous avons le devoir d’essayer, car des années de négociation valent mieux qu’un jour de guerre supplémentaire.
Nous renforcerons le corps diplomatique professionnel : la diplomatie prévient et termine des guerres. Nous baserons cette diplomatie sur le droit international, l’intégrité territoriale et la sécurité de tous en Europe.
Les interventions militaires occidentales sur beaucoup de fronts ne garantissent ni paix, ni sécurité ou stabilité. Au contraire. Une étude de l'université Brown, une des universités américaines les plus prestigieuses, a calculé que les guerres américaines depuis 2001 auraient coûté la vie à quatre millions et demi de personnes. Presque un million de personnes sont mortes directement à cause des guerres menées en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, en Syrie, au Yémen, en Libye et en Somalie. De plus, environ 3,6 millions de personnes sont décédées en raison des conséquences de ces guerres.
La Belgique et d’autres pays européens ont participé intensivement aux bombardements en Libye et en Afghanistan. Des armées européennes ont aussi été envoyées à différents endroits en Afrique, comme au Mali, au Sahel. Nul besoin pour notre sécurité d’envoyer des troupes ou des missiles à l’autre bout du monde. Nous adopterons le principe de non-intervention en dehors de nos frontières.
Les puissances émergentes comme le Brésil, la Chine et l’Inde ont réussi à tisser des relations commerciales étroites et avantageuses sans nullement intervenir militairement à l’étranger ou établir des bases militaires à travers le monde. Nous soutiendrons l’envoi de troupes uniquement dans le cadre de missions de maintien de la paix de l’ONU. Nous le ferons en respectant des conditions strictes et en tenant compte d’une capacité spécifique qui ne serait pas disponible sur le terrain.
Nous nous opposerons activement aux sanctions extraterritoriales imposées par les États-Unis, comme contre Cuba. L’Union européenne doit avoir le droit de commercer avec qui elle veut. La majorité des pays du monde s’opposent d’ailleurs aux sanctions unilatérales, jugées illégales. Nous lèverons toutes les sanctions identifiées par les experts des Nations unies comme touchant la population civile, illégales au vu du droit international.
La guerre en Ukraine confirme la nécessité d'une sécurité collective sur le continent européen. La seule perspective de stabilité et de paix passe par une solution qui tienne compte de la sécurité de tout le continent, à long terme. Une situation où l’on se sent en sécurité car nos pays voisins se sentent eux-même en sécurité. C'est la seule alternative réaliste et durable à une surenchère militaire (et nucléaire) qui peut à tout moment plonger toute l'Europe dans le chaos.
La logique d’alliances militaires, bloc contre bloc, ne pourra garantir la paix. À chaque renforcement d’une alliance militaire, le camp opposé se sent un peu moins en sécurité. Ce dernier est alors tenté de se renforcer à son tour. C’est le début de l’escalade et d’une dangereuse course aux armements, comme nous le voyons actuellement. Une alliance militaire offensive comme l’OTAN qui pousse à la course aux armements, ne fait pas partie de la solution, mais du problème.
Depuis de nombreuses années, les États-Unis demandent aux gouvernements européens d'augmenter leurs dépenses militaires. En 2022, l'Union européenne et ses États membres ont envoyé 52 milliards d'euros à l'Ukraine. Le chancelier allemand Olaf Scholz a promis 100 milliards d'euros de dépenses militaires, engageant l'Allemagne à consacrer à l’avenir 2 % de son PIB à la défense. Le président Emmanuel Macron a décidé de porter les dépenses militaires de la France à environ 60 milliards d'euros d'ici 2030, soit environ le double de l'allocation de 2017. La demande historique de l’OTAN de dépenser au moins 2 % de toute la richesse produite en Europe aux dépenses militaires n’est plus qu’un seuil minimal. Le Royaume-Uni, le plus proche allié européen des États-Unis, consacre déjà 2,2 % de son PIB à l'armée. Pour la Belgique, l’objectif qui a été fixé consiste en quelques années à doubler notre budget de la défense, soit une augmentation de 5 milliards par an.
Les États-Unis ont simultanément précisé que ces augmentations de budgets devaient servir leurs intérêts. L'OTAN impose la « complémentarité » aux actions de défense européennes. Ce qui signifie que l'on peut agir de concert avec les États-Unis, mais pas indépendamment d'eux. Madeleine Albright, ancienne secrétaire d'État américaine, a résumé ce principe par les « trois D » : pas de duplication des moyens de l'OTAN – donc pas de construction d’une défense autonome européenne –, pas de discrimination à l'encontre des membres de l'OTAN n'appartenant pas à l'Union européenne et pas de découplage par rapport au complexe militaire américain. Afin de garantir la dépendance de l’Europe par rapport à eux, les États-Unis s'abstiennent de partager les technologies militaires les plus importantes. Par exemple, les pays européens ne disposent même pas de toutes les données et de tous les logiciels régissant les avions de combat F-35 qu'ils ont achetés.
Est-il vraiment nécessaire de dépenser autant d’argent sachant que des ressources importantes consacrées aux armements pourraient être utilisées pour lutter contre la hausse du coût de la vie et pour faire face à la crise climatique ? Est-ce une solution qui nous rapproche de la paix ? Non, nous ne le pensons pas.
Pour arriver à la paix et rationaliser nos dépenses militaires, nous voulons réorienter la stratégie européenne de défense et de sécurité. Il s’agit, d’une part, de se focaliser sur la défense territoriale, pas dans des aventures militaires à l’autre bout du monde. D’autre part, de travailler à la sécurité collective du continent à travers une architecture commune.
La paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une véritable sécurité. Pour vivre sans crainte, nous devons pouvoir compter sur un environnement sûr où nous nous savons à l'abri de la guerre, des conflits et des menaces. Nous faisons le choix de la « sécurité collective ». C’est d’ailleurs un des principes des Nations unies. Dans les années 1970, la « sécurité collective et indivisible » était au cœur du processus d’Helsinki. Personne n’est en sécurité, tant que nous ne le sommes pas tous. Le processus d’Helsinki a joué un rôle important dans l'apaisement des tensions entre l'Est et l'Ouest pendant la guerre froide. Les accords de désarmement qui ont suivi ont également renforcé la confiance entre les pays européens. Pierre Harmel, ministre belge des Affaires étrangères de 1966 à 1973 a été un des inspirateurs de ce processus d’Helsinki basé sur la coopération et le dialogue.
Plutôt que de se limiter aux aspects politico-militaires de la sécurité, le processus d’Helsinki prenait en compte ses dimensions économiques, environnementales, humaines et sociales. Au niveau des Nations unies aussi, le principe de la sécurité humaine va dans ce sens. Nous voulons donc une nouvelle architecture de sécurité en Europe. Historiquement, le processus d’Helsinki, aboutissant à la création de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), offre une source d’inspiration. Nous voyons par ailleurs partout dans le monde émerger de nouvelles formes de coopérations pacifiques entre pays.
Nous garantirons donc un statut non aligné faisant qu'aucun pays ne soit « encapsulé » par la Russie ou l'OTAN et qu'aucune base militaire, troupe ou système d'armement étranger (nucléaire ou autre) ne puisse y être stationné. La souveraineté et la non-ingérence, principes fondamentaux du droit international, pourront ainsi être respectées.
Nous romprons ainsi avec la course aux armements actuelle. Nous plaiderons pour la relance des processus multilatéraux de désarmement et la réactivation d’importants accords de désarmement nucléaire et conventionnel. Nous jouerons un rôle diplomatique actif en faveur de la destruction de l’arsenal nucléaire mondial.
La Commission européenne a affirmé qu’une coopération militaire européenne accrue pourrait permettre d’économiser jusqu'à 100 milliards d'euros par an. Pourtant, aujourd’hui, les programmes européens de coopération en matière de défense ne font qu’augmenter les dépenses militaires. En 2023, L’Union européenne a développé au pas de course plusieurs programmes sans précédents de soutien à l’industrie de l’armement. La production doit elle aussi s’accélérer, et qu’importe si le travail de nuit et les heures supplémentaires s’accumulent pour les travailleurs du secteur. Mais les programmes ASAP (soutien à la production de munitions) et EDIRPA (soutien au marchés publics d’armes et munitions) ne sont pas encore suffisants pour Thierry Breton, le commissaire européen à l’Industrie. Il a présenté en février 2024 un giga-fond de 100 milliards d’euros visant à développer davantage l’industrie de l’armement. De l’argent qui n’ira ni dans la transition écologique, ni dans les dépenses sociales. Et qui contribuera à militariser l’ensemble de notre société tout en détruisant la santé des travailleurs du secteur qui se verront imposer des cadences infernales.
Cette contradiction s’explique facilement. La politique de défense sert et dépend des objectifs en matière de politique étrangère et de sécurité. Plutôt que de se concentrer sur la défense territoriale et des citoyens, l’Union européenne veut jouer un rôle militaire global, au sein de l’OTAN. Elle veut pouvoir intervenir militairement partout dans le monde et avoir des brigades spéciales capables de le faire. La coopération au niveau européen tend systématiquement à évoluer vers une armée européenne avec la perspective d’un complexe militaro-industriel européen. Nous refusons cette logique. L’Europe n’a pas vocation à copier l’impérialisme des États-Unis avec 800 bases militaires partout dans le monde et 800 milliards de budget militaire. Nous refusons une armée européenne d’intervention étrangère.
Pour nous, la défense doit garantir la défense du territoire et la sécurité des travailleurs en Europe. Nous prônons une coopération européenne avec un nombre de pays, à commencer par nos pays voisins, dans le cadre strict de la défense du territoire. Nous adapterons la politique d’achats et de développement de matériel militaire à la défense du territoire, pas à des aventures militaires dans le monde.
Le F-35 développé par le géant américain Lockheed Martin pour des interventions militaires offensives et furtives à longue portée n’a pas de place dans cette doctrine défensive. À des fins purement défensives, d'autres avions de combat européens suffisent largement. Nous réduirons ainsi par la même occasion notre dépendance militaire vis-à-vis des États-Unis et diversifierons l’origine de nos armements.
Une coopération européenne avec partage des charges doit permettre de rationaliser aussi les dépenses militaires plutôt que de rentrer en plein dans – voire d’être les responsables de – la nouvelle course aux armements. Nous soutiendrons donc une coopération européenne, avec en premier lieu nos voisins, qui visera à rationaliser les dépenses militaires, plutôt qu’à les augmenter, dans un contexte où, prises ensemble, les dépenses militaires européennes dépassent de loin déjà celles de la Russie et de l’Inde.
Nous refuserons, au niveau européen, l’introduction d’un vote à majorité plutôt qu’à l’unanimité en matière de défense. Chaque pays doit avoir le droit de décider de comment utiliser ses forces armées. Nous voulons la transparence et la participation des citoyens à toutes les décisions importantes concernant la défense et la politique étrangère. Nous voulons des référendums contraignants sur des enjeux fondamentaux concernant la guerre et la paix.
Nous refusons la militarisation de l’espace. Nous mettrons le programme spatial européen au service exclusif des défis sociaux et environnementaux. Les programmes visant à sécuriser les services de communication par satellite ne doivent pas servir à faciliter les interventions militaires en-dehors du continent européen.
Nous améliorerons la cybersécurité de nos institutions et des infrastructures stratégiques par le renforcement des capacités de détection, de préparation et de réaction aux menaces, aux attaques et à l’espionnage. Nous rejetterons toute intrusion étrangère d’où qu’elle vienne y compris des États-Unis, dans nos réseaux informatiques.
La guerre à Gaza est, proportionnellement à sa population, la plus meurtrière du 21e siècle en matière de victimes civiles. Au cours des premiers mois de la guerre, 250 personnes sont mortes chaque jour sous les bombardements de l’armée israélienne. Lors des 6 premières semaines de guerre, Israël a tué plus de femmes et d'enfants que les États-Unis en Irak en une année entière après l'invasion de 2003. Les déclarations des dirigeants israéliens qui font référence aux Gazaouis en les qualifiant d’« animaux humains » ou qui visent à effectuer le nettoyage ethnique de Gaza, tout comme les actions de Tsahal, sont tous des actes génocidaires. Pourtant, en janvier 2024, même avec déjà plus de 100 jours de guerre et 25 000 morts, le Parlement européen a refusé de voter une demande de cessez-le-feu immédiat à Gaza. Même le bombardement d’hôpitaux est implicitement justifié par la résolution du Parlement européen. Quel contraste avec les condamnations de ce même parlement pour les crimes de guerre de la Russie en Ukraine. En Belgique, le gouvernement n’a dans les faits pas agi pour soutenir la plainte de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice, ni pris de mesure pour faire cesser le trafic d’armes vers Israël transitant par le port d’Anvers. Ce manque d’action rend notre pays complice. Pour mettre la pression sur la Russie, l’Union européenne a adopté 12 paquets de sanctions pour sa guerre d’agression contre l’Ukraine, mais n’envisage même pas de suspendre son Accord d’association avec Israël. Ce deux poids, deux mesures doit cesser.
Les violations du droit international par Israël n’ont pas commencé après le 7 octobre 2023. Cela fait plus de 75 ans que cela dure. Israël n’a pas respecté plus de cent résolutions des Nations unies. Outre les accusations d’actes génocidaires à Gaza, le pays est accusé d’avoir instauré un système d’apartheid vis-à-vis des Palestiniens. Cela a été dénoncé par toutes les grandes ONG des droits humains. Aujourd’hui, le gouvernement israélien passe à l’annexion des territoires palestiniens occupés illégalement.
Israël a acquis une mauvaise réputation en raison de sa politique de colonisation à l'égard de ses premiers habitants, les Palestiniens. Il y a environ 7 millions de réfugiés palestiniens dans le monde, dont environ 3 millions en Jordanie, en Syrie et au Liban, et plus de 2 millions dans les territoires palestiniens occupés. La population totale des territoires palestiniens occupés par Israël est d'environ 5 millions d'habitants. En outre, 1,8 million de Palestiniens vivent à l'intérieur des frontières israéliennes. Tous sont des citoyens de seconde zone dont les droits sont violés quotidiennement.
Récemment, l'armée d'occupation israélienne a intensifié ses opérations militaires contre la population palestinienne. Gaza a été pratiquement rasée depuis la fin de l'année 2023, faisant des dizaines de milliers de victimes civiles, principalement des femmes et des enfants. En Cisjordanie, occupée aussi, il y a beaucoup de victimes, y compris des dizaines d’enfants par an.
Israël a ignoré des dizaines de résolutions des Nations unies, tant du Conseil de sécurité que de l'Assemblée générale, et ignore constamment les appels au respect du droit international. Ils peuvent continuer à le faire parce que les États-Unis leur prête main-forte. Mais l'Union européenne, elle aussi, est depuis longtemps un allié fidèle et semble récompenser plutôt que punir Israël pour ses politiques d'occupation.
En effet, malgré l'oppression des Palestiniens, Israël jouit d'un statut privilégié dans ses relations avec l'Europe. Ce statut a été consacré par l'accord d'association Union Européenne-Israël. Signé en 1995 et entré en vigueur en juin 2000, l'accord implique une détaxation totale des produits exportés d'Israël vers l'Union européenne, à l'exclusion de ceux des colonies des territoires palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
L'accord d'association établit un dialogue régulier sur les questions scientifiques, technologiques, culturelles, audiovisuelles et sociales. Israël fait également partie de la politique européenne de voisinage (PEV) et, dans le cadre du plan d'action de celle-ci, dix sous-comités ont été créés, dont un sur la recherche, l'innovation, la société de l'information, l'éducation et la culture. En conséquence de cet accord, Israël a scellé en 2003 sa participation au sixième programme cadre de recherche, développement et technologie, le PCDR, bénéficiant ainsi de subventions européennes pour ses chercheurs.
Depuis 2014, Israël a accès aux programmes européens Horizon 2020 d’abord, et Horizon Europe ensuite. Les chercheurs, innovateurs et entités de recherche israéliens peuvent désormais participer au programme de recherche et d'innovation de l’Union Européenne, doté de 95,5 milliards d'euros, sur un pied d'égalité avec les entités des États membres de l'Union Européenne. Nombre de ces programmes sont liés à l'industrie militaire israélienne.
Depuis des décennies, l’Union européenne et la Belgique sont donc complices de la colonisation de la Palestine par l’État israélien, une occupation qui déstabilise tout le Moyen-Orient. L’Union européenne est complice de la destruction de maisons, d’écoles et d’oliviers, de l’emprisonnement d’enfants et d’annexions en expansion. Cela doit cesser. Il est grand temps que l’Union européenne exerce les pressions nécessaires en vue du respect du droit international par l’État d’Israël et suspende l’Accord d’Association qui le lie à lui. La suspension de cet accord est donc une étape logique. En outre, cela signifierait la fin du financement européen des universités, organisations et programmes israéliens, y compris dans le domaine de la recherche.
L’article 2 de l’accord d’association stipule d’ailleurs que « les relations entre les parties, de même que toutes les dispositions du présent accord, se fondent sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques qui inspirent leurs politiques internes et internationales et qui constituent un élément essentiel du présent accord ». L’article 79 stipule une suspension possible « si une partie considère que l’autre ne satisfait pas à une obligation découlant du présent accord ».
La campagne internationale Boycott Apartheid a été d’une grande aide dans les années 1980 pour renverser le régime raciste de l’apartheid en Afrique du Sud. Tant que le gouvernement israélien foulera aux pieds le droit international et les droits des Palestiniens, le boycott constituera aussi la mesure la plus appropriée d’opposition à l’apartheid israélien. Nous participons donc activement à la campagne internationale BDS (boycott, désinvestissement, sanctions). Nous voulons suspendre l’importation et la vente de produits en provenance d’Israël. Et également les missions économiques en Israël. Nous voulons exclure des marchés publics les entreprises qui entretiennent des liens avec l’occupation de la Palestine. Nous appliquerons un embargo militaire, y compris sur le transport d’armes et de technologies militaires par les ports et aéroports européens.
Le PTB condamne fermement toute forme de racisme, y compris l’anti-sémitisme. Et nous refusons catégoriquement toute tentative d’assimilation des critiques de la politique de l'Etat d'Israël à de l’anti-sémitisme. Cela fait partie de la stratégie de criminalisation de ceux qui s’opposent fermement aux crimes et à l’impunité de l’État d’Israël vis-à-vis du peuple palestinien.
Nous rappellerons l’ambassadeur de l’Union européenne en Israël tant que le nettoyage ethnique de Gaza ne prendra pas fin. Enfin, nous voulons traduire Netanyahou, le Premier ministre israélien et Israël devant la Cour internationale de Justice pour les actes génocidaires commis par Israël à Gaza. Nous soutenons activement l’action de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice.
Nous exigerons de la part de l’Union européenne la reconnaissance immédiate et inconditionnelle de la Palestine.
La récente guerre contre les Palestiniens, d'une part, a considérablement accru les besoins humanitaires. Même avant la guerre, l'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, devait fournir des services publics à 1,5 million de Palestiniens dans des camps. Depuis la guerre, des centaines de milliers de Palestiniens sont devenus dépendants de l'aide. D'autre part, les États-Unis et certains autres donateurs, prenant le parti d'Israël, ont sapé le financement de l'UNRWA. L'Europe peut jouer un rôle pour mieux financer cette agence et d'autres organisations, agences et organismes gouvernementaux qui apportent une aide aux Palestiniens.
Interpellé au Parlement européen par le député européen PTB Marc Botenga, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a reconnu que partout où il va, de l’Inde à l’Afrique, on reproche à l’Union européenne une politique de deux poids, deux mesures.
Les pays européens sanctionnent la Russie pour la guerre en Ukraine, mais ne font rien contre Israël qui occupe la Palestine depuis des décennies et opère un nettoyage ethnique dans la bande de Gaza. L’Union européenne veut punir les crimes de guerre de Poutine, mais pas ceux du président américain George W. Bush. L’Union européenne dénonce l’invasion russe illégale contre l’Ukraine, mais a elle-même illégalement détruit la Libye, avec le soutien de tous les partis belges à l’exception du PTB. Afin de respecter la souveraineté des pays africains, nous demandons le retrait des troupes militaires présentes sur le continent.
Car à l’heure actuelle, de cette manière, l’Union européenne perd toute crédibilité sur la scène internationale. Dans un monde en ébullition, cette approche nuit gravement aux relations diplomatiques et commerciales de l'Europe. Au contraire, un multilatéralisme sincère sur pied d’égalité est nécessaire. Ls violations du droit international commises par les pays européens sont utilisées comme excuse par d’autres pays pour justifier leurs propres violations du droit international. Nous voulons que les pays de l’Union européenne soient exemplaires dans le respect du droit international, pour pouvoir aussi l’exiger de leurs prétendus alliés.
Depuis des années, à l’Est de la République démocratique du Congo, les rebelles du M-23 sèment la mort et la terreur. Les Nations unies ont établi qu’ils reçoivent du soutien du gouvernement rwandais. Malgré cela, l’Union européenne a intensifié la coopération militaire avec le Rwanda, avec notamment 20 millions d’euros pour que le Rwanda joue le rôle de policier régional. Soutenir en paroles la souveraineté de la République démocratique du Congo, mais la saper en soutenant militairement le Rwanda est inacceptable. Au Parlement européen, nous avons proposé avec le PTB et notre groupe parlementaire The Left, que les pays européens arrêtent la coopération militaire avec le gouvernement du Rwanda. Il est grand temps que l’Union européenne arrête de diviser les Africains et d’entretenir le chaos pour garder le contrôle sur les minerais et autres richesses au Congo. Le pillage doit cesser.
Aujourd’hui, l’Union européenne prépare le pillage des pays du Sud global, comme la Bolivie, le Chili, la République Démocratique du Congo, pour pouvoir construire les batteries destinées au marché du nord de la planète. Elle exploite le potentiel de pays comme la Namibie pour fabriquer l'hydrogène nécessaire à la production d’énergie en Europe. C’est une nouvelle forme de néo-colonialisme, le néo-colonialisme vert. Ce phénomène risque par ailleurs de faire grimper encore davantage les tensions géopolitiques.
Nous encourageons au contraire le développement industriel des pays africains et du Sud global afin qu’ils puissent s’affranchir de la mainmise des multinationales européennes et devenir maîtres de l’exploitation et de l’industrialisation de leurs ressources naturelles.
La lutte contre les paradis fiscaux contribuera à augmenter les budgets des pays du Sud. Pour ce faire, nous avons besoin d'une liste européenne des paradis fiscaux. Nous utiliserons les revenus supplémentaires générés par la lutte contre les paradis fiscaux pour accroître les investissements dans la solidarité internationale. Dans les pays africains qui manquent de moyens pour contrôler et collecter les impôts, les multinationales parviennent à frauder grossièrement le fisc. Nous voulons que les peuples du Sud puissent prendre leur destin en main et se libérer du joug néocolonial. Tant les négociations au sein du prétendu « cadre inclusif » de l’Organisation de coopération et de développement économiques, regroupant essentiellement les pays occidentaux que les résultats de l'accord fiscal mondial de l'OCDE ont été décevants en termes d'inclusion et de redistribution aux pays à faible revenu. Nous soutenons donc la résolution du Groupe africain au sein des Nations unies pour la création d'un traité fiscal international et d'un organe fiscal inclusif au sein des Nations unies afin de s'assurer que les pays à faible revenu puissent participer de manière égale à la réforme globale des règles fiscales internationales.
Nous organiserons un audit sur la dette publique des pays pauvres. Souvent, les pays du Sud remboursent des prêts qui pèsent beaucoup trop lourd par rapport à leur PIB. Comment un pays peut-il développer durablement sa propre industrie et ses propres infrastructures si les ressources dont il dispose pour le faire sont pillées ou détenues par des multinationales étrangères ? Ou si ce pays ne peut pas collecter d'impôts et doit rembourser des dettes colossales ? La dette de nombreux pays ne sera jamais remboursée. L'endettement est aussi synonyme de chantage destiné à imposer une politique d'économies et de privatisations ou d’obtenir des contrats avantageux. Ces pratiques doivent cesser. Dans le cadre d'un audit, nous chercherons à déterminer quelle partie de la dette est injuste. Le prêt a-t-il été accordé sous une forte pression de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international ? A-t-il été conclu par un dictateur ? A-t-il été consenti dans le cadre de la décolonisation ? L'annulation de cette partie injuste de la dette serait un acte de justice et de réparation. Elle ne pourrait par ailleurs pas être compensée dans les budgets alloués à la coopération internationale.
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont asphyxié les pays du Sud en leur accordant des prêts assortis de taux d'intérêt élevés et d’innombrables conditions. Ils ont imposé à ces pays des privatisations et des réformes structurelles pour permettre aux multinationales d'accéder à leurs marchés. Aujourd'hui, il existe des alternatives à ces institutions financières. Elles pourraient être remplacées par une nouvelle institution, sous la gouvernance de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Cette institution est la mieux placée pour défendre les intérêts des pays du Sud sur un pied d'égalité. Nous souhaitons la mise en place d’un nouveau mécanisme pour le développement international, avec des conditions de crédit équitables. Chaque pays disposera d'une voix. Au sein du Fonds monétaire international (FMI), cinq pays disposent aujourd’hui de plus de voix que tous les autres pays réunis. À eux seuls, les États-Unis et le Royaume-Uni totalisent 40 % des voix. Cette nouvelle institution financière sera, elle, plus démocratique. Elle ne représentera plus les intérêts des créanciers et ne forcera pas les débiteurs à se soumettre. Elle défendra le développement et les intérêts des peuples.