Le PTB réagit au message du ministre Jambon sur les pensions : « On ne prend pas ses responsabilités en cassant les pensions, mais en les renforçant »
À l’approche de la grève générale du 31 mars, le ministre des Pensions Jan Jambon (N-VA) tente de désamorcer la mobilisation sociale. Kim De Witte, député fédéral et spécialiste des pensions du PTB, démonte les faux arguments utilisés par Jambon pour défendre sa réforme des pensions.

Faux argument 1 : « Notre espérance de vie augmente, près de 10 ans de plus qu’il y a un demi-siècle »
L’idée selon laquelle nous vivons tous plus longtemps et devrions donc travailler plus longtemps est fausse.
Oui, la population vieillit, car davantage de personnes ont la chance de vivre plus longtemps. Mais le processus physiologique de vieillissement, lui, n’a pas changé. De plus, l’espérance de vie moyenne masque de grandes inégalités : une personne diplômée vit 5 à 6 ans de plus qu’une personne sans diplôme.
Plus important encore est l’espérance de vie en bonne santé – c’est le nombre d’années de vie en bonne santé. En Belgique, elle est de 63,7 ans, exactement comme il y a quinze ans. Là aussi, les inégalités sont criantes : les personnes ayant fait des études supérieures vivent 10 à 13,5 ans plus longtemps en bonne santé que celles sans diplôme.
Beaucoup de gens ne peuvent tout simplement pas travailler plus longtemps. Leur corps est juste épuisé à un certain moment.
Faux argument 2 : « Si nous ne faisons rien, les pensions deviendront impayables »
D’abord, il faut exprimer les dépenses en % du PIB. Celui-ci augmentant chaque année, les recettes de la sécurité sociale et des finances publiques progressent aussi.
Selon le dernier rapport de la Commission vieillissement, nous consacrons 11,2 % de notre PIB aux pensions. En 2050, ce sera 13,3 %. Aujourd’hui, des pays comme la France et l’Autriche dépensent déjà plus que ce que nous dépenserons en 2050. En quoi cela serait-il « impayable » ?
Le problème du financement de nos pensions ne vient pas des dépenses : les pensions des travailleurs belges sont parmi les plus basses des pays voisins, juste devant l’Allemagne.
Le problème, ce sont les recettes. Chaque année, 16 milliards d’euros s’évaporent de notre sécurité sociale et des finances publiques à cause des exonérations, réductions et avantages fiscaux pour les entreprises. Ce montant atteindra 18 milliards en 2029. Ces cadeaux représentent 3 % du PIB, soit plus que l’augmentation prévue des dépenses de pensions d’ici 2070.
Faux argument 3 : « Dans les années 90, il y avait 4 actifs pour 1 pensionné, aujourd’hui 3, et en 2060, il y en aura 2 »
Oui, il y aura plus de retraités : la génération du baby-boom dépasse les 65 ans. Mais cette comparaison est trompeuse.
Ce qui compte, c’est le ratio de dépendance économique : le nombre de non-actifs (retraités, enfants, chômeurs, malades, inactifs volontaires) par actif. Or, ce ratio reste stable.
- Aujourd’hui, la Belgique compte 11,7 millions d’habitants, dont 4,5 millions d’actifs, soit 1,6 non-actif par actif.
- En 2070, selon le Bureau du Plan, il y aura 12,9 millions d’habitants, dont 5 millions d’actifs – toujours 1,6 non-actif par actif.
- De plus, l’intelligence artificielle et d’autres innovations technologiques augmenteront la productivité.
Là encore, il n’y a pas de problème.
Faux argument 4 : « Nous prenons nos responsabilités pour que nos enfants et petits-enfants aient aussi une pension »
La pension belge d’un travailleur (à salaire et carrière égaux) est 415 € plus basse que dans les pays voisins. Seule l’Allemagne fait pire. Mais le gouvernement Jambon veut sécuriser les pensions… en les réduisant encore ? L’austérité est un choix politique, pas une nécessité.
Le PTB veut investir dans les pensions, pas faire des économies. La pension moyenne nette d’un travailleur est de 1 467 €, alors qu’une chambre en maison de retraite coûte vite 2 200 €. Ceux qui ont contribué toute leur vie à notre société méritent plus de respect.
Kim De Witte conclut : « Les travailleurs et leurs syndicats ont raison de faire grève ce lundi. Dans plusieurs autres pays, la mobilisation sociale a permis de bloquer des réformes antisociales des pensions. Cela doit nous donner de la force et de l’espoir. Car nos pensions restent parfaitement finançables… si on partage un peu mieux la richesse. »