Grosses indemnités de départ et statut très avantageux : la culture des privilèges en politique est aussi présente au niveau européen
Les indemnités de départ des parlementaires belges suscitent, à juste titre, une grande indignation. Les députés européens peuvent compter sur une prime de départ similaire et même sur d'autres avantages. Guy Verhofstadt pourra ainsi encaisser au moins 158 000 euros. Marc Botenga, député européen du PTB : « Les politiciens européens votent des règles pour que les gens travaillent plus longtemps et touchent de faibles pensions, mais les députés européens s’octroient un statut privilégié et de belles primes de départ. C’est inadmissible. » Le PTB lutte également contre ces privilèges au niveau européen.
Le PTB l'a récemment révélé : les politiciens qui ne seront pas réélus aux parlements belges continueront de percevoir leurs généreux salaires pendant des mois. C’est moins connu, mais le Parlement européen dispose d'un dispositif similaire. Dès le premier mois suivant la fin de leur mandat, les anciens députés européens ont droit à une indemnité dite transitoire sur une base mensuelle. Son montant est égal au salaire mensuel d'un député européen. En fait, l'ancien député continue simplement de percevoir son salaire. Une année complète d'ancienneté donne droit à un mois d'indemnité transitoire, avec un minimum de 6 mois et un maximum de 24 mois. En outre, ils conservent aussi pendant trois mois la moitié de leur généreuse indemnité forfaitaire pour frais de bureau.
Rémunération des parlementaires européens
7 850 euros nets/salaire par mois
350 euros nets/indemnité journalière
4 950 euros nets/indemnités de frais généraux par mois
Si nous faisons le calcul pour Guy Verhofstadt (Open Vld), ancien Premier ministre belge qui siège au Parlement européen depuis 2009 et qui ne se représente plus, on voit qu’il aura droit à 15 mois d'indemnités transitoires à 10 075 euros. À elles seules, elles lui rapporteront 117 750 euros. En outre, il recevra 3 mois d'indemnités. Au total, cela lui fait 158 550 euros. Sur les seuls 15 mois d'indemnités transitoires, il paie 22 % d'impôts européens, ce qui lui permet d'empocher un total net de 125 175 euros. Mais Verhofstadt n'est évidemment pas le seul député européen à toucher le jackpot. Citons Marie Arena (PS), Philippe Lamberts (Ecolo) et Frédérique Ries (MR) qui peuvent compter respectivement sur 108 175 euros, 158 550 euros et 208 925 euros bruts. Et ce n'est pas tout, car pendant cette période, Verhofstadt et co sont également couverts par une assurance maladie à la charge du Parlement européen, qui rembourse les 2/3 de tous leurs frais médicaux.
Comme pour les primes de départ en Belgique, les revenus du secteur privé et d'une grande partie du secteur public sont entièrement combinables avec cette indemnité transitoire. Ainsi, Guy Verhofstadt peut continuer à exercer sa fonction lucrative de conseiller d'un fonds d'investissement ( 60 000 euros par an) et sa carrière d'orateur, et cumuler ces revenus avec ceux liés à son mandat de parlementaire européen.
Ce n'est que lorsqu'un ancien député exerce un mandat dans un autre Parlement ou une fonction publique telle que ministre ou haut fonctionnaire que ce montant est déduit. Si un ancien député européen a également droit à une pension au même moment, il peut choisir l’option la plus avantageuse.
Une pension de 5 500 euros nets à 63 ans
Question retraite, les anciens députés européens peuvent bénéficier d'une pension à partir de 63 ans. Celle-ci peut atteindre un maximum de 70 % de leur salaire parlementaire, soit environ 5 500 euros nets, cumulables avec toute autre pension. Le plafond Wijninckx ne s'applique pas à la pension des députés européens. Et pendant cette pension, leur assurance maladie européenne est maintenue.
Et tout ça après une carrière où les députés européens bénéficient d'un statut de super privilégiés avec un salaire net de 7 850 euros/mois, des indemnités journalières de 350 euros et une indemnité forfaitaire mensuelle de 4 950 euros. En outre, certains députés européens empochent de pharamineux honoraires en tant qu'administrateurs de multinationales pendant leur mandat. Verhofstadt reçoit 60 000 euros par an en tant que membre du conseil consultatif de Planet First Partners (et avant cela, il a été directeur de Sofina pendant de nombreuses années).
Que ce soit au niveau belge ou européen, le PTB s'oppose à de tels privilèges. « Nous sommes en faveur d'une réduction de ces salaires et nous voulons que ces indemnités de départ soient supprimées. Tous les députés devraient bénéficier d'un statut d'employé normal et tous les mandats d'administrateur lucratifs dans de grandes entreprises devraient être interdits », affirme Marc Botenga, député européen du PTB.
Via des amendements aux textes budgétaires, le PTB a proposé, année après année, de réduire de moitié les salaires des commissaires et des députés européens. Les très gros salaires que touchent aujourd'hui les politiciens européens les déconnectent de la vie des citoyens. Les partis traditionnels nʼont jamais soutenu notre proposition. Le Vlaams Belang a également refusé de soutenir la réduction des salaires des députés.
Le PTB a également proposé de supprimer les occupations parallèles bien rémunérées au sein de grandes multinationales ou de banques pour les députés européens. Le fait que la majorité du Parlement ait soutenu cette mesure mais ait refusé de l'appliquer est le comble de l'hypocrisie.