Budget 2024 de la Fédération Wallonie-Bruxelles : le PTB ne veut pas de l’austérité annoncée par le ministre-président Jeholet
Le conclave budgétaire du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est clôturé ce vendredi, et le résultat est loin de satisfaire le PTB.
« Le ministre du Budget Frédéric Daerden (PS) parle de “budget responsable”, tandis que le ministre-président, Pierre-Yves Jeholet (MR), a répété que “l’avenir exigera de faire plus d’efforts”. Tout porte à croire que le budget 2024 est un budget d’austérité qui n’apporte pas de réponse structurelle aux besoins de la population », dénonce Alice Bernard, cheffe de groupe PTB au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Des déclarations inacceptables du ministre-président Jeholet
« Le ministre-président Jeholet a déclaré le 28 septembre à Jeudi en Prime : "Si on doit faire des efforts, c’est dans la masse salariale (des enseignants).” Même s’ils doivent dorénavant étudier un an de plus pour avoir leur diplôme, "c’est impossible de les augmenter". C’est ça la réponse du ministre-président aux milliers d’enseignants qui se battent depuis un an et demi contre la pénurie de profs, la surcharge de travail, la taille des classes ? C’est facile quand on gagne 12 000 euros par mois, alors qu’une jeune institutrice gagne un peu plus de 2 000 euros à temps plein et que les barèmes n’ont pas augmenté depuis 2010 », ajoute la députée.
« L’austérité annoncée aux enseignants est-elle prévue pour les autres secteurs ? Il y a lieu de s’inquiéter. D’autant plus que je n’ai vu aucune condamnation des propos de M. Jeholet par le PS et Ecolo, alors qu’il s’agit du ministre-président de leur gouvernement. »
Les secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles tirent la sonnette d’alarme
« Les principaux secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles tirent la sonnette d’alarme sur le manque de moyens dont ils sont victimes. 22 associations viennent d’alerter sur les coûts scolaires (fournitures, voyages scolaires, numérique...) et le recours de plus en plus de familles au CPAS. Un jeune prof sur cinq quitte la profession après moins de 5 ans. Le secteur de la petite enfance se mobilise depuis des mois pour obtenir de meilleures conditions de travail et ainsi lutter contre la pénurie de personnel et de places en crèche. Les recteurs des universités et la Fédération des étudiants francophones demandent avec insistance une augmentation du financement par étudiant et des solutions à la précarité étudiante. Le secteur de l’aide et protection de la jeunesse réclame depuis des années des lieux d’hébergement et du personnel en plus afin de ne plus devoir envoyer des enfants en danger dans les hôpitaux où ce n’est pas leur place », rappelle Alice Bernard.
« La priorité du gouvernement doit donc être la réponse aux besoins des familles et des écoles, à commencer par garantir l’accès à tous les enfants à une éducation de qualité, de la crèche aux secondaires. Les mesures annoncées ce matin au journal parlé de la RTBF sont loin d’y satisfaire et ne font que gérer les demandes les plus urgentes. »
Un budget irresponsable au vue des besoins
Alors que le ministre du Budget Frédéric Daerden annonce un « budget responsable », le PTB estime, au contraire, qu’il est irresponsable de prévoir si peu de moyens pour répondre aux besoins des secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Ce gouvernement prévoit 6 millions pour augmenter les barèmes des puéricultrices, alors que le front commun syndical en demande 41. Et rien n’est prévu pour renforcer le personnel ou revoir à la hausse les ambitions en termes de places d’accueil. 9 millions sont annoncés pour répondre à la crise du secteur de l’aide à la jeunesse, alors qu’il manque 30 millions pour faire face à l’urgence rien qu’à Bruxelles. Le gouvernement se félicite d’étendre la gratuité aux élèves en troisième primaire, alors que les associations demandent qu’elle concerne également, au minimum, la quatrième primaire. Seuls 6,8 millions sont prévus pour les arts de la scène, tandis qu’il manque plus de 80 millions pour répondre aux besoins dans ce secteur et que la ministre s’était engagée à aller chercher 13 millions. Quant aux 6,4 millions annoncés pour les allocations d’études, ils sont dix fois inférieurs aux besoins pour couvrir le coût réel des études estimé récemment par la Fédération des étudiants francophones. »
Quand va-t-on enfin refinancer la Fédération ?
« Quand va-t-on enfin parler du refinancement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de toutes les compétences communautaires dans ce pays ? », s’interroge la cheffe de groupe PTB. « 1% de la population possède aujourd'hui, en Belgique, plus de 600 milliards d'euros de patrimoine. Il faut aller chercher l’argent dans les poches des ultra riches pour répondre aux besoins essentiels de la classe travailleuse. Au lieu de ça, le PS, Ecolo et le MR préfèrent négocier en secret, sans concerter les secteurs concernés, le démantèlement des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est pour nous tout à fait incompréhensible. Le PTB soutient, comme une très large majorité de la population, une taxe des millionnaires qui devrait par exemple permettre d’augmenter le budget national de l’enseignement d’un milliard d’euros. »