Pas de baratin vert, mais un « Red Green Deal » ambitieux et social
Ce vendredi 6 mars, Greta Thunberg sera à Bruxelles pour la grève européenne du climat. Les organisateurs ont analysé le nouveau Green Deal européen et constaté qu’il se résume en fait à du baratin vert. Ce n’est pas en faisant des cadeaux aux multinationales et en faisant payer les travailleurs que nous allons sauver le climat. Nous avons besoin d’un Red Green Deal : un plan ambitieux d’investissement public socialement juste et qui fait payer les grands pollueurs.
Dans les déclarations sur le Green Deal, il est question d’une réduction des émissions de 50 à 55 % d’ici 2030, soit plus que les 40 % précédemment fixés comme objectif. C’est encore insuffisant, comme le soulignent Greta Tunberg et 34 autres militants pour le climat dans une lettre ouverte. Selon le dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), une réduction d’au moins 65 % d’ici 2030 est nécessaire pour atteindre la neutralité climatique pour 2050 et avoir une réelle chance de rester en dessous de 1,5°C de réchauffement. Le plan promet 100 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 pour la transition. Toutefois, alors qu’il n’est pas clair d’où doit provenir cet argent, la Commission européenne elle-même admet qu’elle a en fait besoin de 260 milliards par an pour atteindre ses propres objectifs. Il est clair que le Green Deal est loin d’être assez ambitieux.
L’argent des citoyens européens pour protéger les multinationales
Le Green Deal semble être surtout un cadeau pour les multinationales. Les entreprises doivent être subventionnées pour développer des technologies vertes et rester compétitives, et des mesures doivent être prises pour protéger les entreprises européennes. Un exemple est l’idée d’une « taxe frontalière sur le carbone », qui serait prélevée sur les produits étrangers à forte émission de CO2. Les multinationales européennes reçoivent donc de l’argent des contribuables pour conquérir les marchés verts et être protégées. Le texte de vision indique ainsi que l’UE doit « maintenir son avantage concurrentiel dans les technologies propres ». Le changement climatique devient ainsi une opportunité commerciale de faire du profit plutôt qu’une situation de crise à laquelle il faut remédier.
Le Green Deal ne rompt pas non plus avec la logique du système européen du commerce des quotas d’émission (ETS), qui permet aux entreprises qui se situent au-dessous d’un plafond d’émission de vendre leurs droits d’émission de CO2. Ainsi, au lieu d’obliger les entreprises à moins polluer, celles-ci peuvent acheter des droits d’émission juste pour continuer à le faire. Les propositions pour introduire une tarification routière européenne et examiner la possibilité d’augmenter la TVA sur certains produits sont également à l’étude. Ceux qui n’ont pas suffisamment d’argent pour, par exemple, payer une taxe kilométrique et qui n’ont pas d’alternative aux transports publics sont ainsi poussés encore plus loin dans la pauvreté. De la sorte, les gens ordinaires doivent payer pour une crise qu’ils n’ont pas provoquée, mais ceux qui ont de l’argent peuvent tout simplement continuer à polluer.
En finir avec la logique de marché
Pourtant, un Green Deal réellement ambitieux est possible. De l’autre côté de l’océan, des figures politiques de la gauche authentique comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortèz plaident pour un Green New Deal. Ceux-ci proposent ainsi d’investir 16 300 milliards de dollars dans des projets de mobilité et pour 100 % d’électricité renouvelable d’ici 2030. 526 milliards de dollars seraient investis dans un réseau intelligent (« smart grid ») pour fournir de l’électricité verte dans tous les États-Unis. Et, afin de s’assurer que tout le monde puisse participer à la transition verte, 2 180 milliards de dollars de prêts bon marché seraient accordés aux revenus modestes et aux petites entreprises pour isoler les bâtiments et les maisons. Ce plan pourrait créer quelque 20 millions d’emplois. Celui-ci propose des investissements publics à grande échelle dans lesquels la justice sociale et la transition climatique vont de pair.
Les initiateurs de ce plan ont bien compris que le problème climatique est trop important pour être laissé au marché. Plus encore, c’est la concurrence et la recherche incessante du profit par les grands pollueurs sur le marché qui sont à l’origine de la crise climatique. Une étude du PTB a montré qu’en Belgique, ce sont 5 grandes entreprises qui sont responsables de 20 % des émissions, soit plus que toutes les ménages réunis. Le PTB propose donc de s’attaquer à ces grands pollueurs. En remplaçant l’escroquerie du commerce des émissions par des normes d’émissions contraignantes, on oblige les entreprises à investir cinq milliards d’euros par an pour adapter leurs processus de production. Et, avec un plan ambitieux qui investit cinq milliards d’euros par an dans des transports publics de qualité et abordables, dans l’énergie verte, dans l’isolation des logements et des bâtiments et dans l’agriculture durable, nous faisons de la transition climatique une réalité. Cela correspond aux calculs du Bureau du Plan visant à réduire les émissions de 65 % d’ici 2030 et à atteindre la neutralité au plan climatique pour 2050. Ce plan s’attaque aussi aux grands pollueurs qui portent la responsabilité du problème, et il rejette les taxes vertes antisociales.
Pour un « Red Green Deal »
Nous avons besoin d’un « Red Green Deal » à la fois social et ambitieux et qui s’attaque aux grands pollueurs. Un tel accord rompt avec la logique de profit du capitalisme et sort du cadre du marché. Nous prenons le contrôle et faisons notre propre plan pour réaliser les investissements nécessaires. C’est pourquoi la grève européenne sur le climat du 6 mars est si importante. Comme Greta Thunberg et les autres militants l’ont dit dans leur lettre ouverte : « Tant que vous ne prendrez pas cela au sérieux, nous continuerons à être dans la rue. Tant que vous ne prendrez pas cela au sérieux, nous continuerons à répéter ce que dit la science. Tant que vous ne prendrez pas cela au sérieux, nous vous dirons de rentrer chez vous, d’étudier les faits et de revenir jusqu’à ce que vous ayez fait vos devoirs. »