Les travailleurs de l’air font plier le géant Ryanair
Les stewards et les pilotes ont mis la multinationale Ryanair à genoux. David remporte sa première victoire sur Goliath. En s’unissant et en tenant bon, les travailleurs de l’air montrent qu’on peut gagner.
Où est le temps où le patron de Ryanair Michael O'Leary se serait fait couper les deux mains plutôt que de s'asseoir à table avec les syndicats ? L'homme aux 886 millions d'euros s'obstinait à ne pas vouloir discuter avec ses travailleurs ou leurs représentants. La peur comme « motivation » pour bien faire son travail était censée suffire. Si vous ouvriez quand même la bouche, vous vous retrouviez dehors. Mais les travailleurs de Ryanair ont résisté. À plusieurs reprises, les stewards et les pilotes ont arrêté le travail. Ensemble, ils ont tous tirés à la même corde par-delà les frontières. Il en est résulté une première grande victoire. Pour la première fois, Ryanair s'est dit formellement d'accord pour appliquer la législation belge à ses travailleurs en Belgique. Dès le 31 janvier, fini le paiement de salaires en dessous du seuil de pauvreté, le refus de l'accès à la sécurité sociale et le déni de l'accès à toute constitution de pension. Ce que les condamnations en justice n'ont jamais obtenu, le personnel de Ryanair est parvenu à l'arracher.
Justice sociale malgré les dirigeants gouvernementaux
Si Ryanair va enfin se décider à respecter la législation belge du travail, le mérite n'en revient toutefois pas au gouvernement belge ou aux ministres européens. Pendant des années, ils ont fait comme si de rien n'était. Quand les actions ont gagné en ampleur et en force et que personne ne pouvait plus les ignorer, pas même les dirigeants gouvernementaux, ceux-ci ont modifié leur attitude. Ils se sont lancés dans des promesses creuses. À aucun moment, ils n’ont essayé de mettre un terme à l'exploitation.
La lutte continue
Pourtant, rien n'est encore acquis. Pour exploiter au maximum ses travailleurs, Ryanair travaille avec des sous-traitants. Crewlink et Workforce sont les deux plus gros. Pour eux, l'accord n'est pas applicable. Quand les syndicats poursuivront les négociations autour des conditions de travail, ils n'oublieront pas les sous-traitants. Quatre réunions sont déjà prévues. Il n'y a qu'ensemble, stewards et pilotes (en sous-traitance ou pas), qu'on peut gagner. Cette leçon, le personnel de Ryanair l'a déjà apprise. Ils savent aussi que l'on ne peut arracher des accords qu'en mettant la pression. De futures actions doivent faire naître la possibilité d'obtenir un bon accord.
Un exemple pour le personnel de Ryanair dans toute l'Europe
C'est la première fois que Ryanair conclut un accord avec les pilotes ET le personnel de cabine. De même, la reconnaissance des représentants légitimes du personnel sous la forme des syndicats constitue un pas important dans la bonne direction. Cette victoire est historique à tous points de vue. Dans toute l'Europe, il est clair désormais qu'on peut gagner contre un tel géant. Le personnel de Belgique n'en restera pas là. La peur a fait place à l'espoir. Un mouvement de lutte unifié, européen peut aller loin. Les travailleurs de Ryanair ont découvert, engagé et pleinement utilisé leur force collective. C'est ainsi qu'ils ont gagné, c'est ainsi que le mouvement ouvrier peut engranger de nouvelles victoires.