Le PTB plus proche de toi et toi plus proche du PTB. Renforce la vague sociale.!

Télécharge notre app

Quatre femmes sur dix ont une pension inférieure au seuil de pauvreté

Les pensions des femmes salariées et indépendantes restent faibles dans notre pays. Une femme sur trois qui prend sa retraite aujourd'hui a une pension inférieure au seuil de pauvreté. Une légère amélioration a été constatée ces dernières années, notamment grâce à l'augmentation de la pension minimum, mais cette tendance menace de s'inverser à nouveau.

Vendredi 7 mars 2025

par Kim De Witte, 

député à la Chambre et spécialiste des pensions au PTB

1. Résumé

Les récentes augmentations de la pension minimale n'ont pas résolu le problème de la faiblesse des pensions des femmes salariées et indépendantes. Quatre femmes sur dix ont encore une pension inférieure au seuil de pauvreté.

Le problème se pose également pour les femmes qui partent à la retraite aujourd'hui : une femme sur trois a une pension inférieure au seuil de pauvreté. Les mesures prises par les gouvernements Vivaldi et Arizona risquent d'augmenter encore le nombre de femmes dans cette situation.

La pension des femmes salariées et indépendantes est inférieure d'un quart à celle de leurs collègues masculins. Les causes de cet écart de pension entre les hommes et les femmes sont multiples : l'écart salarial, la répartition inégale des tâches de soins et des tâches domestiques et, en lien avec cela, la répartition inégale du travail à temps partiel. Le système de pension reproduit ces inégalités.

2. Les femmes dont la pension est inférieure au seuil de pauvreté

Le Service fédéral des Pensions verse une pension à 2,4 millions de bénéficiaires dans le cadre du régime des salariés et des indépendants. Cela concerne 1,26 million de femmes et 1,16 million d'hommes.

En 2024, quatre retraitées sur dix relevant de ce régime (513 122 sur 1,26 million) percevaient une pension inférieure à 1 500 euros par mois. Le seuil de pauvreté était alors de 1 520 euros par mois.

Ce phénomène n'est pas seulement dû à la génération la plus âgée de femmes, qui a beaucoup moins participé au marché du travail. Même parmi les femmes récemment retraitées, on observe encore des pensions très faibles. Une femme salariée ou indépendante sur trois qui prend sa retraite aujourd'hui perçoit une pension de retraite inférieure à 1 500 euros par mois (chiffres de janvier 2023).1

3. L'écart de pension entre les hommes et les femmes

La pension des femmes salariées et indépendantes est inférieure d'un quart à celle de leurs homologues masculins.2 L'écart de pension entre les hommes et les femmes reflète l'inégalité du marché du travail. En Belgique, quatre femmes sur dix travaillent à temps partiel, contre un homme sur dix. Le travail à temps partiel n'est pas toujours un choix. Il s'agit souvent de mères célibataires pour lesquelles le travail à temps partiel est le seul moyen de concilier travail et famille, surtout au vu du « coût » excessif d'un emploi à temps plein en raison des frais supplémentaires de garderie que cela impliquerait. 

Les femmes consacrent toujours beaucoup plus de temps que les hommes aux tâches ménagères : le nettoyage et la lessive, l'alimentation et l'éducation, les soins non professionnels, le soutien psychologique aux cohabitants et aux membres de la famille. Les femmes interrompent plus souvent leur carrière, généralement pour s'occuper de leurs enfants. En raison des différentes interruptions, elles font des carrières plus courtes que les hommes. Cela a une incidence sur le calcul de la pension.

De plus, les femmes comptent également un plus grand nombre de périodes assimilées. Une analyse des carrières des personnes de 65 ans en 2019 montre que 39 % de la carrière d'une femme est constituée de périodes assimilées, contre 30 % pour un homme.3 Des chiffres plus récents font également état d'inégalités au cours des périodes assimilées. La période la plus importante est celle de la maladie. Selon l'ONSS, 70 % de tous les jours assimilés en 2023 chez les travailleurs sont des jours de maladie.4 La part des femmes dans les arrêts maladie est de six sur dix, ce qui signifie qu'elles sont surreprésentées. Selon le Bureau fédéral du plan, sans les périodes assimilées, l'écart de pension entre les hommes et les femmes augmenterait de 12 points de pourcentage supplémentaires.5

4. Évolutions dans le passé récent et l'avenir

Ces dernières années, nous avons observé une évolution positive chez les nouveaux retraités en ce qui concerne l'écart de pension entre les hommes et les femmes : une baisse de quatre points de pourcentage depuis 2019. En 2019, l'écart de pension entre les hommes et les femmes était encore de 29 % ; en 2022, il était de 25 %. Cela est dû, principalement, à l'augmentation de la pension minimale : une femme sur trois touche une pension minimale contre un homme sur quatre.6

Le gouvernement De Croo a décidé de durcir les conditions d'accès à la pension minimale. À la condition d'avoir effectué au moins 30 années de carrière, s'ajoute une seconde condition : celle d'avoir accumulé au moins 5 000 jours de travail effectif. L'impact de cette mesure est deux fois plus important sur les femmes que sur les hommes, selon le Bureau du Plan.7

Le gouvernement De Wever souhaite mettre en œuvre plusieurs mesures relatives aux pensions qui ont un impact disproportionné sur les femmes. Les trois principales sont les suivantes :

  • le malus pension ;
  • la limitation des périodes assimilées ;
  • la suppression progressive des pensions de survie, de divorce et de ménage.

Le malus pension est une sanction financière pour chaque année de pension anticipée avant l'âge légal de la retraite. En 2040, le malus sera de 5 %. Toute personne partant à la retraite à 62 ans s'exposera à une pénalité de 25 %. Vous ne pouvez éviter le malus que si votre carrière remplit deux conditions : d'une part, au moins 35 ans de carrière avec 156 jours de travail effectif et, d'autre part, au moins 7 020 jours travaillés sur l'ensemble de la carrière. Les périodes telles que la maladie et le chômage ne sont pas assimilées. Près de la moitié des femmes récemment retraitées ne remplissent déjà pas la deuxième condition.8 En cas de départ en retraite anticipée, elles perdront une partie de leurs droits de pension acquis.

En outre, le gouvernement Arizona a l'intention de prendre plusieurs mesures pour limiter les périodes assimilées. La première mesure est l'assimilation limitée des fins de carrière.9 Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à recourir à ce système. Actuellement, pour le calcul de la pension, la période pendant laquelle vous ne travaillez pas dans le cadre d'un aménagement de fin de carrière est assimilée à votre dernier salaire. Le nouveau gouvernement veut limiter cette assimilation à un « salaire fictif limité », soit une sorte de salaire minimum (32 764,09 euros). 

Une deuxième limitation est l'introduction d'un plafond pour les périodes assimilées. À partir de 2031, la proportion de périodes assimilées sur l'ensemble de la carrière ne devrait plus être que de 20 %. Tout ce qui dépassera ce plafond ne sera pas pris en compte dans le calcul de la pension. En 2019, le nombre moyen de périodes assimilées dans la carrière des femmes était de 39 %. Si cette disposition avait été en vigueur à l'époque, les femmes ne pourraient désormais plus, en moyenne, faire valoir 19 % de leur carrière pour le calcul de leur pension.

Enfin, il convient de souligner la suppression progressive de la pension de survie et la suppression de la pension de divorce et de ménage. Actuellement, vous pouvez bénéficier d'une pension de survie à partir de l'âge de 50 ans. Cet âge sera progressivement relevé à 55 ans d'ici à 2030. Si votre partenaire décède avant cet âge, vous recevrez une allocation temporaire de transition. Le gouvernement souhaite relever l'âge de perception de la pension de survie à l'âge de départ à la retraite le plus bas du conjoint le plus âgé. À sa place, une allocation de transition provisoire sera mise en place, limitée à deux ans. En 2021, 94 % des bénéficiaires de pensions de survie étaient des femmes. 

5. Conclusion

Les pensions des femmes salariées et indépendantes dans notre pays restent faibles. Une femme sur trois qui prend sa retraite aujourd'hui a une pension inférieure au seuil de pauvreté. 

Bien qu'il y ait eu une légère amélioration ces dernières années, en partie grâce à l'augmentation de la pension minimale, la tendance menace de s'inverser à nouveau. Le durcissement de l'accès à la pension minimale décidé par le gouvernement Vivaldi et les diverses mesures prises par le gouvernement Arizona risquent d'accroître à la fois l'écart de pension entre les hommes et les femmes et la pauvreté des femmes retraitées.

 

 

 

1 Source : https://www.pensionstat.be/fr/chiffres-cles/genre-pension

2 Service fédéral des pensions. Statistiques annuelles des bénéficiaires de prestations 2024, p. 232.

3 J Schols, W. Van Lancker, H. Peeters, G. De Vil et G. Van Camp, De loopbaansamenstelling van (toekomstig) gepensioneerde werknemers, PensionStat.be, 2022.

4 https://www.onss.be/stats/periodes-assimilees

5 H. Peeters, J. Schols et E. Tarantchenko, Minimumregelingen, gelijkgestelde periodes en de pensioenkloof tussen mannen en vrouwen. Rapport n° RAPPORT 12936 (C1.001), Bureau fédéral du Plan, 2024.

6 Voir M. Barslund, L. Thil, J. Schols, K. van den Bosch, Étude relative à l'analyse de la dimension de genre dans le système de pension belge, HIVA, 2023 et voir https://www.pensionstat.be/fr/chiffres-cles/genre-pension

7 https://www.plan.be/nl/publicaties/pensioenakkoord-juli-2022-doorrekening-van

8 Source : https://www.pensionstat.be/fr/chiffres-cles/genre-pension.

9 Par ailleurs, les diverses modalités de chômage et le RCC sont assimilées à un salaire fictif limité.