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Le gouvernement wallon MR-Engagés trompe les gens

« Ce gouvernement ne fait que tromper les gens », estime Germain Mugemangango, chef de groupe du PTB au Parlement wallon. « Ses membres ont, par exemple, promis de ne pas créer de nouvelles taxes, de soutenir ceux qui travaillent, d’augmenter le taux d’emplois, de ne pas faire d’écologie punitive et, dans tous ces domaines, ils font le contraire. »

Mardi 15 avril 2025

Germain Mugemangango

1. Le gouvernement trompe les gens quand il dit qu’il n’y aura pas de nouvelles taxes.

Le MR et les Engagés ont formé un gouvernement sur base d’une promesse très claire : il n’y aura pas de nouvelles taxes. Pourtant, avec les mesures imposées aux communes, les taxes que ce gouvernement ne crée pas directement sont mises en place au niveau local. Ce sont les « taxes Bouchez », des taxes qui ne disent pas leur nom mais qui font bien mal au portefeuille.

En obligeant 28 communes – dont les plus grandes villes wallonnes, qui rassemblent la moitié de la population de la Région – à souscrire à un plan d’austérité drastique sous peine de ne pas recevoir l’aide financière de la Région ou des banques, le gouvernement régional pousse les communes à introduire de nouvelles taxes, à augmenter celles existantes et à réduire les services publics locaux.

C’est ce qu’il se passe à La Louvière, où le collège PS-MR a augmenté de 40 % la taxe communale sur les déchets. Pour être précis, les ménages de plus de trois personnes verront leurs taxes déchets passer de 176 euros à 252 euros. À Malmedy, dirigé par Les Engagés, ce sera aussi environ le même montant pour un ménage de 4 personnes.À Charleroi, la majorité PS-Engagés va supprimer la gratuité des garderies, va augmenter le montant du cadastre des maisons, et va augmenter les redevances de parking. Et ce ne sont que quelques exemples.

Si on fait le total des mesures annoncées dans le cadre des discussions budgétaires actuelles dans les communes wallonnes, les « taxes Bouchez » représentent des dizaines de millions d’euros. Par exemple, à Charleroi, l’effort budgétaire est estimé entre 20 et 30 millions d’euros ; à La Louvière l’estimation de l’effort est de 10 millions ; à Seraing c’est aussi plus de 10 millions qui seront économisé ; quant à Herstal, la Ville doit faire un effort budgétaire de 9 millions d’euros pour être dans les clous de la Région. Rien que pour ces 4 communes, on arrive à près de 50 millions de « taxes Bouchez » qui feront mal au portefeuille du citoyen.

De plus, derrière ces chiffres se cache un véritable musée des horreurs. L’emploi sera touché avec le non-remplacement d’un agent communal sur deux, le prix des documents administratifs va aussi augmenter comme la taxe poubelle et le précompte immobilier. Pour survivre, les communes vont aussi créer de nouvelles taxes comme à Charleroi, elles toucheront les piscines privées ou les cercueils en polyester. Dans certaines villes et communes, certains subsides vont diminuer. Ça concerne les clubs sportifs et les associations. Enfin, la gratuité des repas dans les écoles risque de disparaître et le prix des garderies modifié. On le voit clairement, ce gouvernement wallon MR-Engagés qui avait promis « pas de nouvelle taxe » sous-traite les basses besognes aux communes qui n’ont d’autres choix que d’aller chercher l’argent directement dans les poches des citoyens.

Et en plus d’imposer des plans d’austérité, le gouvernement MR-Engagés réduit les recettes des communes : en n’indexant pas les subsides qui financent une partie des emplois locaux, en supprimant 8 millions d’euros de subsides aux intercommunales chargées de la collecte des déchets, ou encore en retirant des moyens aux CPAS qui en ont pourtant grand besoin.

Sans oublier que les membres de ce gouvernement savent très bien que la plus grande part de l’endettement des communes ne vient pas des dépenses de ces dernières, mais de dépenses que le niveau fédéral leur impose sans compensation : RIS, financement des zones de police, financement des zones de secours ou encore financement des pensions des agents communaux. Plus de 3 milliards d’euros ont ainsi été volés en 15 ans aux communes par le fédéral, et la Région n’en parle jamais. 96 % du déficit des communes wallonnes ces 5 dernières années provient de dépenses que l’État fédéral leur transfère : politique sociale, sécurité, secours et pensions.

En résumé : le gouvernement wallon demande aux communes de faire des économies, leur retire des moyens, ne demande rien au fédéral… et ce sont les citoyens qui trinquent. Ce modèle n’est plus tenable.

 

2. Le gouvernement trompe les gens quand il dit qu’il va protéger l’emploi et soutenir l’économie.

D’une part, ce gouvernement est lui-même en train de détruire des emplois. En effet, les emplois APE sont des emplois locaux de puéricultrice, d’éducateurs, de techniciennes de surface qui sont bien utiles dans les communes. Et que fait ce gouvernement ? Il décide de ne pas indexer une partie importante de ces emplois. Ce qui représente une économie de 13,5 millions d’euros sur le dos des communes et des collectivités. Ce qui veut dire que les communes seront devant un choix : soit supprimer ces emplois car elles seront dans l’impossibilité de payer les salaires qui, eux, seront indexés. Soit faire payer aux bénéficiaires des services locaux concernés des taxes en plus pour faire face à l’indexation des salaires. Par cette mesure, le gouvernement MR–Engagés menace potentiellement près de 30 000 emplois.

D’autre part, ce gouvernement met en danger une quantité importante d’emplois dans le secteur associatif. Secteur associatif indispensable pour pallier aux manquements de la Région en matière d’aide sociale et d’organisation de la solidarité. En effet, une des principales mesures budgétaires prises par le gouvernement wallon MR-Engagés consiste à réduire de 60 millions les « subventions facultatives » qui sont pourtant indispensables au financement structurel de beaucoup d’associations. A cette réduction, il faut aussi ajouter les 5 millions en moins du fait des mesures du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C'est pourtant un secteur riche en emplois puisqu’une étude de la fondation Roi Baudouin expliquait par exemple en 2021 qu’un emploi sur 4 en Wallonie venait du secteur associatif. Un secteur qui représentait alors près de 500 000 emplois en Belgique. Parallèlement, les Centres d’Insertion Socioprofessionnelle, qui sont essentiels pour accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi, sont également fragilisés : financements précaires, surcharge administrative, mise en concurrence permanente. À ce rythme, c’est toute la réinsertion des publics précaires qui est menacée.

Enfin, le gouvernement n’a aucun plan pour enrayer la série cauchemardesque de licenciements que vit notre Région depuis plusieurs mois. Licenciements chez Thalès (88 travailleurs), 198 emplois supprimés chez Copeland, 73 chez Univercells, 100 emplois menacés chez Thermo-Fisher Liberty Steel qui est au bord de la faillite et ne paie même plus ses travailleurs, Thy-Marcinelle dont les travailleurs ne travaillent plus qu’une semaine sur 18 sans savoir si l’usine va redémarrer un jour... Et face à ça, le gouvernement wallon et son ministre de l’Économie Pierre-Yves Jeholet (MR) ne prennent aucune mesure pour enrayer cette hémorragie. La Région pourrait réaliser des investissements publics importants pour faire face aux besoins énergétiques, sociaux et économiques de la région, mais n’en fait rien alors que ça pourrait créer des emplois. La Région pourrait conditionner les aides financières de toutes sortes reçues pour les multinationales comme Carrefour, Delhaize, Match, Cora, Mestdagh, AGC, etc. afin de garantir la création d’emplois stables, mais n’en fait rien.

Même rendre l’ensemble de ces transferts d’argent transparents et clairs semble être trop compliqué. Il y a, par exemple, les entreprises (Engie, Luminus, Colruyt, L'Oréal…) qui perçoivent des certificats verts pour leur production d’énergie renouvelable. En 2024, celles-ci ont perçu environ 260 millions d’euros. Seulement, le gouvernement refuse d’indiquer le montant perçu par entreprise. Or, cette information était transparente jusqu’en 2022. Ce n’est pas normal de cacher cela. Pour rappel, le système des certificats verts est directement financé par la facture d’électricité des ménages et des PME via la « taxe Énergie verte ». Chacun a le droit de savoir où va son argent et à qui il profite. Ce serait particulièrement intéressant de le savoir pour une entreprise comme Engie qui a fait 5,5 milliards d’euros de bénéfices en 2024 mais qui a quand même reçu plus de 100 millions d’euros de certificats verts entre 2019 et 2022… et encore plus ces deux dernières années mais le gouvernement ne veut pas communiquer le montant.

Autre exemple : les entreprises ( AGC, ArcelorMittal, Coca-Cola, GSK, AB Inbev, Google, Lhoist, UCB…) qui bénéficient d’une réduction de leur facture d’électricité via les conventions carbones (ex-« accords de branche »). Entre 2014 et 2023, cela représente une aide d’environ 1,35 milliard d’euros. Et, encore une fois, le gouvernement ne veut pas donner les montants par entreprise mais seulement par secteur d’activité (technologie, chimie, verre…). C’est un système d’aide économique obscur et inefficace qui fait gonfler les factures d’électricité des ménages et des PME au bénéfice de multinationales… qui ne se privent pas de réduire l’emploi voire de fermer ou délocaliser des sites de production. Comme en 2023, quand AGC a fermé son usine de Fleurus avec la perte de 187 emplois.

 

3. Le gouvernement trompe les gens quand il dit que la baisse des primes à la rénovation est due à un dérapage budgétaire.

Le gouvernement MR–Engagés a diminué de 60 % les primes de rénovation, en mentant sur les raisons. « Nous avons dû prendre cette mesure d’urgence car ces primes ont provoqué un dérapage budgétaire. » Les faits montrent que cette thèse est fausse. Elle est fausse car les chiffres montrent justement que l’augmentation du nombre de dossiers a été provoquée deux fois par le gouvernement actuel : une première fois à la sortie de la déclaration politique régionale, car beaucoup de gens ont bien compris que les primes étaient en danger, et une seconde fois lorsqu’ils ont annoncé leur mesure de réduction drastique. En 15 jours, 25 000 dossiers ont été introduits, soit l’équivalent de 5 mois d’introduction de dossiers pour la période précédant l’annonce de la réduction drastique de la prime. Au lieu d’assumer leur politique d’économie, ils ont préféré mentir sur les 290 millions d’économies sur les primes, qui se font en réfléchissant à très court terme.

 

4. Le gouvernement trompe les gens quand il dit que la classe politique fera aussi des sacrifices.

Ce gouvernement a prétendu que tout le monde allait faire des efforts, même eux. La mesure phare qu’ils avancent est qu’ils vont diminuer le nombre de cabinettards qui bossent pour le gouvernement. En premier lieu, cette mesure ne représente aucunement un sacrifice personnel pour les députés ou les ministres, car contrairement aux taxes payées par les citoyens qui les touchent dans leur vie de tous les jours, cette mesure de diminution du nombre de collaborateurs de cabinet ne les touche pas du tout dans leur vie quotidienne. En second lieu, vérification faite, le nombre de cabinettards par ministre n’a même pas diminué comme promis puisqu’ils avaient annoncé une diminution du nombre global parce qu’il y a moins de ministres qu’avant, mais aussi qu’ils allaient diminuer de 10 % le nombre de cabinettards au-delà de la diminution mécanique liée à la baisse du nombre de ministres. Cette seconde diminution ne s’est jamais produite.

En effet, le nombre de ministre a diminué, le budget global des cabinets a été réduit de 11 % sur base annuelle mais le nombre de membres de cabinet par ministre est resté le même que lors de la précédente législature. La moyenne était de 48,47 membres de cabinet sous le gouvernement Di Rupo et il est maintenant de 49,16 membres de cabinet sous ce gouvernement.

A côté de ça, les salaires à 11 000 euros nets mensuels pour les ministres et 7 000 euros nets/mois pour les députés sont maintenus. Même chose pour les indemnités de départ qui peuvent aller jusqu’à 280 000 euros comme l’a démontré Marie-Christine Marghem (MR) qui bénéficie pourtant maintenant d’un salaire confortable de bourgmestre. Pendant qu’ils obligent les gens à se serrer la ceinture, ils peuvent continuer à mener la grande vie. C’est indécent.

 

5. Le gouvernement trompe les gens quand il dit qu’il ne veut pas faire d’écologie punitive.

MR et Engagés ont en partie gagné les élections en critiquant fortement les mesures d’écologie punitive mises en place par le gouvernement précédent, comme l’alourdissement de la taxation sur les autos, par exemple. Pourtant, ils ne font pas autre chose. Ils appliquent une écologie punitive et de classe : une écologie punitive qui ne touche pas les riches mais qui touche les travailleurs de plein fouet.

Pas plus tard qu’il y a deux semaines s’est produit un vote important en commission. Les partis de la majorité ont voté pour l’application de la taxe carbone en Wallonie. Cette taxe — qui fera grimper les tarifs du mazout et du carburant — coûtera 640 euros en moyenne à chaque ménage wallon. À côté de ça, le même gouvernement renonce à des mesures écologiques et sociales comme la construction de logements publics de qualité, le maintien et même l’amélioration du système de prime à la rénovation et à l’isolation des bâtiments, ou encore la garantie de pérennité de la quasi-gratuité des tickets de bus pour les jeunes. Pire, cette taxe carbone représentera aussi un coût pour les pouvoirs publics puisqu’elle devra, par exemple, aussi être payée par le TEC, grande consommatrice de carburant. En 2027, ce sera un coût supplémentaire de 5,3 millions d’euros selon son directeur général. Faut-il s’attendre à une nouvelle augmentation des tarifs du TEC pour compenser cette taxe ? A titre de comparaison, l’augmentation tarifaire de 2025 rapportera « seulement » 2,5 millions d’euros au TEC. Sans parler des communes qui seront impactées via leurs bâtiments (école, centre sportif, administration… et surtout piscines) qui sont chauffés au gaz ou au mazout. Et elles seront aussi impactées via leur flotte de véhicules essence ou diesel.Ce seront les mêmes conséquences que les « taxes Bouchez » évoquées plus haut : augmentation des taxes communales et/ou diminution des services à la population.À côté de ça, ce même gouvernement refuse d’interdire ou de taxer les vols à courte distance des jets privés. Donc les travailleurs peuvent payer, mais pas les millionnaires...

 

6. Soins de santé : le gouvernement trompe les gens lorsqu’il dit vouloir améliorer la situation dans les maisons de repos.

Plutôt que d’augmenter les normes d’encadrement dans les maisons de repos, une des promesses électorales des Engagés, le ministre wallon de la Santé Yves Coppieters  (Les Engagés) a affaibli les équipes et met les résidents en danger. Il a entamé son mandat en autorisant les établissements à ne pas dépasser les normes de personnel financées par la Région wallonne. Résultat : 20 à 30 % de suppressions de postes, essentiellement des ouvriers. Alors que tout le monde s’accorde sur un constat alarmant : le manque de personnel est criant. Tout le monde — syndicats, travailleurs, directions — réclame une hausse de 20 à 30 %. Le constat est unanime. Sur ce point, le ministre se tait dans toutes les langues.

 

7. Le gouvernement trompe les gens quand il dit que le secteur de la construction ne peut pas construire de logements publics.

Ce gouvernement a décidé de réduire de 25 % les investissements dans le logement public. Une décision qui n’a strictement aucun sens. Investir dans le logement public, c’est répondre à un besoin économique, car ça stimule la filière de la construction et toutes les filières secondaires liées à ce secteur, ça crée de l’emploi, ça fournit une solution juste sur le plan climatique si ces logements sont de qualité et bien isolés, et ça fournit une réponse sociale pour toutes ces ménages qui sont depuis de longues années sur liste d’attente. En Wallonie, 45 000 familles sont sur une liste d’attente qui s’allonge depuis des années.

Ce gouvernement, à travers sa ministre du Logement Cécile Neven (Les Engagés), a prétendu que ces logements ne pouvaient être construits car le secteur de la construction ne pouvait assumer le job. Mais en fait, elle n’a jamais consulté ce secteur, qui serait très content d’avoir ce type de commande, vu que cela fait quatre ans qu’il a de plus en plus de mal à s’en sortir. Donc, en disant ça, ce gouvernement trompe les gens et cache que, par simple dogme austéritaire, il refuse de répondre à ce besoin fondamental de la population : avoir un toit au-dessus de sa tête.

De plus, en termes d’accès au logement, il y a des solutions qui ne nécessitent même pas que la Région avance des moyens. Le gouvernement pourrait adopter la même grille contraignante des loyers qu’à Bruxelles et il pourrait aussi utiliser des charges d’urbanisme obligatoires pour obliger les promoteurs immobiliers à prévoir des logements publics dans tout projet de construction d’une certaine importance. Deux solutions qui augmenteraient les possibilités pour les locataires de bénéficier d’un logement bon marché, sans que la Wallonie ne doive débourser un euro.

 

 

1 Revenu d’insertion social dont bénéficie les personnes sans revenu aidées par le CPAS.

2 Les Aides à la Promotion de l'Emploi se présentent sous forme de subsides à des milliers d’emplois locaux ou dans l’associatif.

3 https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/tribune-l-appel-inquiet-du-monde-associatif-aux-parlementaires-wallons/10574061.html

4 https://kbs-frb.be/fr/les-institutions-sans-lucratif-emploient-pres-de-500000-belges

5 66,5€ par CV https://www.parlement-wallonie.be/pwpages?p=interp-questions-voir&type=28&iddoc=132251 

6 https://www.engie.com/sites/default/files/assets/documents/2025-02/CP%20ENGIE%20r%C3%A9sultats%20FY%202024_VDEF.pdf