Coronavirus : 5 mesures urgentes pour protéger les travailleurs
Nous faisons face à une crise très sérieuse. Pour le PTB, la santé doit primer sur tous les intérêts économiques. Voilà pourquoi nous proposons de mettre immédiatement à l’arrêt toute la production et les services qui ne sont pas absolument nécessaires. Nous proposons également quatre autres mesures d’urgence pour protéger à la fois la santé et les revenus de tous les travailleurs et travailleuses du pays.
1. Mettons à l’arrêt toute la production et les services non-essentiels
Il est absurde de fermer les écoles, les salons de coiffure et les cafés, mais de laisser les gens, parfois plusieurs des milliers, travailler ensemble dans des espaces fermés. Le confinement et l’absence de contacts est le meilleur moyen de limiter la propagation du virus. C’est ce que disent et répètent tous les spécialistes. La pression patronale pour maintenir l’activité dans les grandes entreprises doit être dénoncée. Toute la production et les services qui ne sont pas absolument nécessaires et qui ne peuvent pas se faire en télétravail doivent donc être mis à l'arrêt immédiatement.
En Italie, des grèves ont éclaté sous le mot d’ordre : « Nous ne sommes pas de la viande pour l’abattoir, la santé passe avant les profits. »
C'est ce que demandent les travailleurs et des syndicats un peu partout en Europe, où de plus en plus de grandes entreprises doivent fermer sous la pression de la mobilisation. En Italie, des grèves ont éclaté sous le mot d’ordre : « Nous ne sommes pas de la viande pour l’abattoir (“Non siamo carne da macello”), la santé passe avant les profits. »
Quels sont les services essentiels ? Ceux qui sont liés directement aux soins de santé, évidemment : les médecins, les infirmières, les aides-soignants, la production de matériel médical, le transport lié aux soins, etc. Mais il y a aussi tous les secteurs qui soutiennent les soins de santé directement et/ou qui sont vitaux pour la société dans son ensemble (voir par exemple la liste qui a été faite par les autorités aux Pays-Bas). Il s’agit notamment :
- du transport de marchandises et de personnes ;
- de la chaîne alimentaire, de la production à la distribution ;
- de la production et distribution d’énergie ;
- de la distribution d’internet et les services ICT ;
- du service de ramassage des déchets ;
- des services de secours et de police ;
- d’une partie des services publics qui doivent assurer la continuité ;
- de l’accueil des enfants de tous les travailleurs de ces secteurs, au niveau des écoles et des crèches.
En mettant à l’arrêt tous les secteurs non-essentiels, nous pouvons aussi garantir que tout les moyens et le matériel de protection qui existent puissent être dirigés en priorité vers ces secteurs où ils sont nécessaires.
2. Soutenons ceux et celles qui sont en première ligne
Il faut libérer tous les moyens nécessaires et remettre en question la logique du libre-marché pour prendre des mesures de réquisition du matériel existant
On ne peut pas envoyer les gens au front sans équipement convenable. Il y a un grand besoin de masques, de gel hydroalcoolique, de gants, de combinaisons, de thermomètres, d’appareils pour les soins intensifs, etc. Pour les hôpitaux, évidemment. Mais aussi plus largement pour tout le personnel soignant, ainsi que pour tous les secteurs essentiels où les travailleurs sont exposés aux infections, comme, par exemple, dans les supermarchés ou le nettoyage.
La faillite du gouvernement sur ce point est jusqu’ici très grave. Il faut libérer en urgence tous les moyens nécessaires et remettre en question la logique du libre-marché pour prendre des mesures de réquisition du matériel existant afin qu’il soit attribué à celles et ceux qui en ont besoin. Nous devons aussi oser prendre des mesures pour réorienter la production dans les usines en Belgique et trouver des solutions pour les masques ou le gel hydroalcoolique, par exemple.
3. Un congé exceptionnel accordé pour les parents qui doivent s’occuper d’un enfant
Comme c’est le cas en France, il doit être accordé automatiquement pour les parents qui sont obligés de rester chez eux pour s’occuper de leurs enfants de moins de 15 ans. Ainsi, dans le cas où des parents doivent prendre en charge leurs enfants pour une raison ou l’autre (par exemple, les parents qui ne peuvent pas faire du télétravail), ils le signalent à leur employeur qui les met en maladie immédiatement. Sans devoir fournir un certificat médical. Les premiers jours sont pris en charge par l’employeur à 100 % (entre 7 jours et 30 jours en fonction qu’on soit ouvrier ou employé) et les suivants par la sécurité sociale.
Les indemnités maladies - si elles ne couvrent pas entièrement le salaire - devront être majorée grâce à un fond d’urgence pour garantir les revenus (voir ci-dessous).
4. Un fonds d’urgence pour garantir les revenus des familles
Un fonds pour garantir le meilleur revenu possible, notamment aux travailleurs des petits secteurs et plus précaires
De nombreux travailleurs et travailleuses sont mis - ou seront mis - en chômage économique. Ils reçoivent alors 70 % de leur salaire. Dans de nombreuses grandes entreprises où il y a une forte représentation syndicale, des compensations supplémentaires sont prévues pour limiter au maximum les pertes salariales. Mais, dans les plus petits secteurs, pour les intérimaires et contrats plus précaires, ces compensations ne sont pas prévues ou beaucoup plus limitées. Cela rend la perte de revenu pour toutes ces catégories de travailleurs et travailleuses beaucoup plus importantes.
Il faut donc mettre donc un fonds d’urgence pour garantir à ces catégories de personnel le meilleur revenu possible. Ce fonds d’urgence doit aussi servir à garantir les revenus des familles qui sont en maladie et qui n’auraient pas d’assurance revenu garanti. Le fonds doit être alimenté notamment sur la base d’un pourcentage de la masse salariale et d’un impôt exceptionnel sur les bénéfices de 2019.
5. Report des crédits hypothécaires
En 2008, les gens ont sauvé les banques. Rien de plus normal que les banques aident aujourd’hui les gens en retour
Les remboursements des prêts hypothécaires auprès des banques doivent être suspendus durant la crise. La suspension vaudrait pour le temps de la crise, mais aussi pour 6 mois après la fin de celle-ci. Il s’agirait d’un report valable tant pour les ménages que pour les petites entreprises. Et sans intérêt supplémentaires à payer pour la période de suspension. C’est une mesure qui a été prise en Italie et qui doit être prise ici aussi.
En 2008, les gens ont sauvé les banques. Rien de plus normal que les banques aident aujourd’hui les gens en retour et leur permettent de reporter le remboursement de leur maison pour ne pas être entraînés dans la spirale de la dette.