Comment arriver à une Europe de la paix, de la sécurité et de la coopération ?
Peut-on construire une alternative pour la sécurité en Europe que la logique actuelle de confrontation entre l’Otan et la Russie ? « Ce n'est pas parce qu’on s’affronte en ennemis comme pendant la Guerre froide (des années 1950 aux années 1980) qu’on ne peut pas conclure des accords pour réduire les tensions et promouvoir la sécurité et la coopération entre les différentes parties », estime Andrej Hunko, député allemand Die Linke.
La professeure émérite et experte de la Russie Katlijn Malfliet (KU Leuven) estime que les garanties de sécurité pour l'Ukraine devraient plutôt provenir de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). « L'Europe doit se préparer à un nouveau concept de sécurité », qui fera revivre le cadre et les idées d'"Helsinki"1. En effet, en 1975, l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe est conclu à Helsinki, entre les États-Unis, le Canada, l'Union soviétique et tous les pays d'Europe, une région qui s’étend « de Vancouver à Vladivostok ». Cela a donné naissance par la suite à l'OSCE. « Donnons une chance à la paix. Sinon, quelle est l’alternative ? Une nouvelle escalade ? », demande Katlijn Malfliet dans le talk-show politique De Afspraak.2
C'est également la vision du mouvement pour la paix. Pour reprendre les termes de la Coordination nationale dʼaction pour la paix et la démocratie (CNAPD) : « Il faut travailler à développer une nouvelle architecture basée sur la sécurité commune, qui serait parfaitement politique, démocratique et indépendante l’OTAN. »3
Andrej Hunko est lui aussi favorable à une OSCE renouvelée, qui constituerait une plateforme de sécurité et de coopération en Europe. « Il y a eu un désinvestissement injustifié dans cette organisation ces dernières années, déclare-t-il. Aujourd'hui, l'OSCE est une organisation très faible, qui ne dispose que d’un petit budget : à peine 140 millions d'euros par an. C'est moins que ce que coûte un seul chasseur américain F-22, et environ 1 000 fois moins que le budget de l'Union européenne. » M. Hunko note que la revalorisation de l'OSCE est avant tout un choix politique. Une nouvelle architecture de sécurité européenne devra appliquer les principes de coexistence pacifique de pays ayant des régimes politiques différents, et offrir des garanties de sécurité à toutes les parties. « C'est le seul moyen d'éviter que l'Europe soit à nouveau divisée en deux blocs diamétralement opposés, conclut-il. En effet, à qui profite l’émergence d'un nouveau rideau de fer, entre un bloc occidental fort que constitue l'Otan et une Russie forteresse repliée sur elle-même et se sentant en permanence menacée par l'expansion de l'Otan ? »
Le député PTB Steven De Vuyst plaide « pour des négociations multilatérales » au parlement de l'OSCE
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe dispose également d'une Assemblée parlementaire (AP OSCE), sorte de parlement, qui compte 323 membres désignés par les parlements nationaux des 57 pays membres de l'OSCE. Le Parlement de l'OSCE peut prendre des initiatives pour la prévention et la résolution des conflits. Il se réunit trois fois par an en séance plénière et dispose également d'un certain nombre de commissions. La taille des délégations parlementaires est proportionnelle à la taille de la population et varie donc d'un pays à l'autre : Les États-Unis ont 17 délégués, la Fédération de Russie 15, la Turquie 8, et la Belgique peut quant à elle déléguer 8 députés et sénateurs. Pour le PTB, c’est le député Steven De Vuyst qui en fait partie. Le 23 mars, un mois après le début de la guerre en Ukraine, le parlement de l'OSCE a tenu une session Zoom qui a presque totalement échappé au monde politique et médiatique belge. Steven De Vuyst est le seul membre de la délégation belge qui a pris la peine de participer. Il a appelé au « lancement de négociations multilatérales avec tous les États concernés sur une architecture de sécurité européenne nouvelle et inclusive, basée sur le principe d'une sécurité commune et indivisible ». Un signal vers le gouvernement belge et vers l'Union européenne qui restent jusqu'à présent sourds et muets à toute initiative diplomatique.
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