Zéro testing antidiscrimination en 2020 : le PTB demande une modification de la loi
En 2020, aucun testing antidiscrimination n'a été effectué sur le marché du travail. C'est ce qui ressort des chiffres que la députée Maria Vindevoghel (PTB) a demandé au ministre de l'Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS).
L'année dernière, l'inspection du travail a analysé 40 dossiers au total pour vérifier s'ils pouvaient s'appliquer à un test de situation. Parmi ceux-ci, seuls cinq ont été retenus pour un éventuel testing antidiscrimination, qui n'a cependant été mis en œuvre dans aucun de ces cinq cas. La députée PTB Maria Vindevoghel : « En 2020, année marquée par le coronavirus, le nombre de plaintes adressées à Unia pour discrimination à l'embauche est resté étonnamment stable. En outre, les critères “raciaux” restent le principal motif de discrimination. Et c'est précisément là que les testings antidiscrimination pourraient changer les choses. Trois ans après que cette possibilité soit entrée dans la loi, elle n'est toujours pas (ou très rarement) appliquée. C'est incompréhensible. Les conditions qui permettent de réaliser des testings sont trop strictes, il est clair que la loi doit être modifiée. »
Selon le ministre, ces tests n'ont pas pu être organisés en 2020 en raison de la crise du coronavirus, qui les aurait rendus « inopportuns ». Dès le premier confinement, en mars 2020, les screenings en vue de la mise en place de tests de situation se sont aussi raréfiés. Mais, pour Maria Vindevoghel, le problème est bien plus profond : « La manière dont a été rédigée la loi qui a rendu les testings antidiscrimination légalement possibles fait qu'ils sont pratiquement impossibles à réaliser en pratique. Sous la pression des organisations patronales, mais aussi de la N-VA, alors partenaire du gouvernement, la Suédoise a défini tellement d'obstacles à leur mise en œuvre que presque aucun dossier ne remplit les conditions pour faire l'objet d'un testing antidiscrimination. »
Maria Vindevoghel ne compte pas trop sur la Vivaldi pour résoudre ce problème : « Un an plus tard, nous constatons que le gouvernement se gargarise toujours de beaux discours, mais néglige complètement la lutte pour l'égalité et contre la discrimination sur le marché du travail. Au printemps, le ministre Dermagne a annoncé un projet de loi visant à assouplir les critères des testings antidiscrimination, mais ce projet rend toujours impossible d'organiser proactivement de tels tests. Par exemple, l'inspection du travail ne peut mener un testing antidiscrimination qu'à condition qu'une plainte ait été déposée et moyennant l'accord préalable explicite du procureur du Roi ou de l'auditeur du travail. Au Parlement, des propositions de loi émanant de députés de la majorité et visant à supprimer ces obstacles étaient encore en cours de discussion, mais ce processus a été stoppé net dès l'annonce du projet de loi, sous prétexte d'attendre encore un avis. Le projet de loi du ministre est donc toujours en attente et, en pratique, rien n'est fait pour lutter de manière proactive contre la discrimination sur le marché du travail. »
Maria Vindevoghel et le PTB en sont convaincus : « Les testings antidiscrimination systématiques et proactifs sont le seul moyen de parvenir à l'égalité sur le marché du travail. Le fait que la Vivaldi, comme la Suédoise, ne fasse rien pour lever les obstacles à ces tests est une omission coupable dans la lutte contre le racisme et toute autre forme de discrimination. J'interrogerai dès lors le ministre Dermagne à ce sujet au Parlement fédéral. »