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Zelle pendant la manifestation du 26/11 contre les violences faites aux femmes

Zelle déploie ses ailes : « Nous sommes le mouvement des femmes qui prennent leur envol »

Le mouvement de femmes Marianne change de nom : voici Zelle ! Maartje De Vries, présidente de l’organisation du PTB, explique.

Jeudi 28 décembre 2023

« Nous sommes de plus en plus nombreuses, nous organisons de plus en plus d’activités et d’actions, nous voulons rassembler toutes les femmes. Pour accompagner cette nouvelle dynamique, il fallait un nouveau nom. »

Zelle est une contraction du pronom personnel néerlandais ze (qui signifie « elles ») et du français elles. C’est aussi un mot de dialecte néerlandais pour désigner un groupe de femmes. « Cela signifie qu’ensemble, on est plus fortes », déclare Maartje De Vries. 

Ce nouveau nom fait aussi référence aux « ailes » en français : les deux mots partagent la même sonorité. « Cela représente bien ce que nous sommes : des femmes qui déploient leurs ailes ou qui prennent le monde sous leurs ailes, note la présidente du mouvement. 

C’est une belle symbolique : des femmes qui prennent leur envol et s’émancipent. » Un nom bilingue pour une organisation bilingue : « Nous voulons souligner l’unité de la Belgique, parce que les préoccupations des femmes du nord et du sud du pays sont identiques. Il suffit de penser aux crèches, qui manquent cruellement en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie… »

Maartje De Vries

Maartje De Vries est historienne de formation. Elle a consacré son mémoire à la condition des ouvrières au 19 e siècle. Maman de deux enfants, elle travaille à Médecine pour le Peuple. En tant que présidente de Zelle, elle consacre une grande partie de son temps libre à la lutte pour les droits des femmes.

Quel est l’objectif de Zelle ?

Maartje De Vries. Nous luttons pour les droits des femmes. Pour un monde où l’égalité hommes-femmes serait une réalité. 

Zelle souhaite toucher un maximum de femmes : nos sœurs, nos voisines, nos collègues, etc. Chez nous, les femmes peuvent se rencontrer, se réunir, organiser des activités et mener des actions.

Aujourd’hui, on entend souvent dire que l’émancipation des femmes est terminée, que nous avons les mêmes droits que les hommes…

Maartje De Vries. En effet, mais c’est totalement faux. Il y a encore beaucoup d’inégalités entre les femmes et les hommes dans la société. Par exemple : les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel. Elles sont bien plus nombreuses que les hommes. Et ce n’est pas par choix.

Il y a un réel manque de services publics, notamment de crèches. Il est donc difficile de concilier vie de famille et vie professionnelle. Quand l’un des deux conjoints doit passer en temps partiel pour s’occuper du foyer, ce sont très souvent les femmes qui se sacrifient. D’une part, parce qu’elles ont généralement un salaire plus bas que le conjoint - ce sont principalement les femmes qui travaillent pour des salaires plus bas. Et d’autre part, parce que nous baignons dans une vision sexiste de la répartition des rôles entre la femme et l’homme.

Par ailleurs, dans de nombreux métiers où les femmes sont fortement représentées, comme dans le secteur des soins, les employeurs ne proposent même pas de contrats à temps plein.

En novembre dernier, Zelle a participé à la manifestation contre les violences faites aux femmes. D’après vous, quelles sont les racines de ces violences ?

Maartje De Vries. Les partis de droite prétendent que la violence vient surtout d’autres cultures ou d’autres pays. Mais en Belgique aussi, la violence est présente : sur le marché du travail, dans le secteur culturel, au sein du ménage, dans le milieu de la fête, etc. En réalité, elle est omniprésente dans notre société. 

Beaucoup de femmes peuvent en témoigner. Une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel au cours de sa vie. La violence est présente dans de nombreux foyers. En 2023, il y a eu au moins 25 féminicides. Ces femmes ont été assassinées simplement parce qu’elles étaient des femmes, souvent par leur partenaire ou ex-partenaire. Ce n’est pas un problème individuel.

Le sexisme concerne la société dans son ensemble. L ’idéologie selon laquelle les hommes sont dominants et les femmes soumises est encore bien ancrée dans notre société. Et elle alimente la violence. 

Les féminicides sont le résultat d’un ensemble de violences. Dès que l’homme perd le contrôle sur la femme, il tue parce qu’il est incapable de renoncer à ce contrôle. Cela arrive souvent au moment où la femme décide de partir. Dans la société capitaliste actuelle, le patriarcat est encore bien plus présent qu’on ne le pense…

Zelle lors de la manifestation du 26 novembre contre les violences faites aux femmes

Le 26 novembre, Zelle s’est jointe aux autres organisations féministes pour descendre en masse dans les rues de Bruxelles afin que la lutte contre ces violences devienne une priorité politique.

Il y a donc un lien entre les inégalités hommes-femmes et le capitalisme ?

Maartje De Vries. Le capitalisme utilise le patriarcat pour assurer ses profits. Il tire des avantages des inégalités hommes-femmes, de la position « inférieure » des femmes au sein de la société. On peut le constater dans différents domaines.

Prenez des secteurs où les femmes sont surreprésentées, comme celui de la vente ou du nettoyage, par exemple. Les salaires y sont souvent bas. Ces secteurs sont sous-payés. Comme de nombreuses femmes y travaillent, les grands patrons en profitent pour appliquer des salaires bas. Le capitalisme a sous la main une catégorie de travailleurs - en l’occurrence, les femmes, qui représentent quand même la moitié de la population - qu’il peut surexploiter.

À côté de ça, des secteurs comme la grande distribution et certaines grosses entreprises réalisent des bénéfices colossaux. Les salaires très bas du personnel leur permettent de réaliser d’énormes profits. Notre gouvernement accorde de nombreux avantages fiscaux aux grandes entreprises. Cet argent disparaît dans la poche des actionnaires. C’est pourquoi il y a de moins en moins d’investissements dans les services publics, notamment de moins en moins de crèches. Et les places à prix abordable deviennent une denrée rare.

Les femmes ont toujours lutté pour leurs droits et c’est comme ça qu’on fait bouger les choses.

Comment résoudre le problème ?

Maartje De Vries. Les femmes ont toujours lutté pour leurs droits et c’est comme ça qu’on fait bouger les choses. On doit continuer à se battre contre cette idéologie selon laquelle les femmes seraient inférieures et que ce serait à elles de s’occuper des enfants. 

Le gouvernement contraint les femmes à assumer cette tâche au lieu d’investir dans les services publics. Il s’en lave les mains et fait le choix de détourner l’argent public qui devrait être investi dans le soutien aux tâches familiales, entre autres, vers les grandes entreprises et leurs actionnaires.

Quelles sont les revendications de Zelle ?

Maartje De Vries. D’abord, un salaire minimum à 17 euros de l’heure. Les femmes qui travaillent dans des secteurs à bas salaires ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts et sont souvent financièrement dépendantes d’autres personnes. Si nous voulons renforcer la position des femmes, nous devons les renforcer économiquement. Élever le salaire minimum à 17 euros de l’heure permet de renforcer les salaires les plus bas. C’est bénéfique pour tout le monde, y compris pour les hommes qui touchent un salaire peu élevé. Et cela permettrait de renforcer l’indépendance financière des femmes.

Deuxièmement, nous demandons des investissements pour des crèches de qualité, abordables et accessibles. Tant au sud qu’au nord du pays, nous pouvons observer un mouvement de lutte qui se bat pour davantage de crèches à prix abordable et de meilleures conditions de travail pour le personnel, principalement composé de femmes. En Belgique, certaines places en crèche coûtent jusqu’à 42 euros par jour. Quand ces services sont laissés à l’abandon, ce sont les femmes qui en
pâtissent.

Troisièmement, nous exigeons une approche ambitieuse sur les violences faites aux femmes. Le gouvernement de la Vivaldi a tenu beaucoup de belles paroles à ce sujet, mais en réalité, peu de choses ont été entreprises. Nous demandons que les violences faites aux femmes soient une priorité.

Autre point important : le droit à l’IVG. Nous pensons que chaque femme a le droit de choisir de devenir mère ou non et qu’il est essentiel de défendre ce droit.

Si nous voulons renforcer la position des femmes, nous devons les renforcer économiquement.

Comment pensez-vous pouvoir gagner ces luttes ?

Maartje De Vries. Notre première mission est de rassembler et de renforcer les femmes. Chez nous, elles peuvent entrer en contact et ainsi se rendent compte que leur situation n’est pas un problème individuel, mais que de très nombreuses femmes ont les mêmes préoccupations et vivent la même chose. 

Bien sûr, Zelle portera ces revendications et descendra dans la rue pour changer les choses. La lutte paie. En Flandre, les crèche sont mené une lutte acharnée qui a poussé le Gouvernement flamand à débloquer des fonds supplémentaires. Certes, ce n’est pas encore suffisant, mais on avance, grâce aux luttes menées depuis la base. 

Les progrès réalisés dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes sont également le fruit de luttes menées par la base. Zelle soutient ce combat.

Quels vont être les temps forts de Zelle cette année ?

Maartje De Vries. Il y a le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Il s’agit d’une journée essentielle, nous voulons que les droits des femmes occupent une place centrale dans le débat public ce jour-là. Nous participons à des manifestations dans plusieurs villes. Nous soutenons également l’appel à une grève des femmes. Car lorsque les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête.

Nous serons aussi présentes à ManiFiesta en septembre, où nous collaborons à un programme féministe. Sans oublier notre rendez-vous annuel à la manifestation nationale contre les violences faites aux femmes, qui se tiendra en novembre.

Nous organisons également de nombreuses activités locales tout au long de l’année, où les femmes peuvent se rencontrer dans une atmosphère conviviale : un brunch, une activité créative, une séance bien-être…

Chouchou-boîtes : quand les femmes aident les femmes

En Belgique, 28% des femmes vivent dans la pauvreté (contre 13 % pour les hommes). Les mères célibataires et les femmes pensionnées sont particulièrement vulnérables.

Face à ce constat, Zelle refuse de rester les bras croisés. L’action « chouchou-boîtes » menée à la fin de l’année dernière est une campagne à grande échelle basée sur la solidarité entre femmes. « Dans tout le pays, nous avons récolté des centaines d’objets et produits (bonbons, parfums, écharpes, livres…) que nous avons emballés dans des boîtes-cadeaux destinées à des femmes qui traversent une période difficile, explique Maartje De Vries. 

Nous avons collaboré avec des refuges pour femmes victimes de violences et des associations qui travaillent avec des femmes en situation de précarité. Leurs équipes se sont chargées de la distribution des chouchou-boîtes. »

Que diriez-vous aux lectrices pour leur donner envie de rejoindre Zelle ?

Maartje De Vries. Chez Zelle, chacune est la bienvenue. On s’amuse et on passe de bons moments. Un mouvement de femmes fort et de grande ampleur est nécessaire pour parvenir à l’égalité. Parce que sans la moitié de la société, nous serions incapables de faire changer la société.

Rejoins Zelle

Toi aussi, tu rêves de crèches plus abordables ? D’une répartition plus équitable des tâches ménagères ? D’une augmentation sérieuse du salaire minimum ? Tu veux rencontrer des femmes qui partagent ton point de vue près de chez toi ? Alors, rejoins Zelle. Ensemble, les femmes sont plus fortes. Elles peuvent changer le monde. 

Tu peux devenir membre de Zelle gratuitement à partir de 16 ans.