Wallonie : l'implication des syndicats dans le pilotage du plan de relance va lever certaines inquiétudes
Le gouvernement wallon (PS-Ecolo-MR) a enfin écouté la demande syndicale d’être intégré dans le pilotage du plan de relance. « Cette demande a été formulée par les organisations syndicales il y a plusieurs mois. Cet accord entre le gouvernement wallon et plusieurs organisations représentatives était donc nécessaire. Cette implication des syndicats va permettre de répondre à plusieurs questions que l’on se posait concernant le plan de relance, notamment concernant la stratégie économique wallonne », explique Germain Mugemangango, chef de groupe wallon pour le PTB.
Le député du parti de gauche espère d’ailleurs que cette collaboration plus étroite avec toutes ces organisations permettra de répondre à certaines inquiétudes.
« Repréciser le plan de relance sur des thèmes essentiels comme la rénovation des logements ou le combat contre la précarité des jeunes est positif. Mais avec quelles recettes ? Les mêmes qui ne fonctionnent pas depuis 30 ans ou des recettes différentes ? » demande le chef de file PTB au Parlement wallon.
« Depuis le début du processus, le ministre-président Elio di Rupo maintient un grand flou sur les véritables ressorts de son plan, explique le député de gauche. Des axes et des objectifs sont définis mais on ne sait pas comment on va y arriver exactement. »
C’est par exemple le cas de la politique économique wallonne, selon Germain Mugemangango : « Depuis de longues années, la stratégie économique wallonne consiste à donner des fonds publics aux multinationales pour espérer garantir l’emploi. L’histoire sociale récente nous montre, hélas, que cette stratégie n’est pas la bonne. Avec GSK et, plus récemment, AGC Fleurus, on peut voir que ça ne garantit pas le maintien des emplois par les multinationales. Les organisations syndicales voulaient justement remettre tous ces subsides à plat et voir ce qui est vraiment utile. Inter Environnement Wallonie (IEW) a aussi marqué sa volonté d’examiner la plus-value de tous ces subsides donnés aux multinationales pour économiser l’énergie. Là aussi, espérons qu’une remise en question sera possible. Mais à l’heure actuelle, tout cela n’est pas encore défini dans le plan de relance wallon. Les objectifs économiques sont là, le budget est là, mais pas les moyens pour arriver aux objectifs. »
Le PTB note l’importance de la formation dans le plan soutenu par le gouvernement wallon et par les organisations signataires : « La formation est évidemment un axe très important. Personne ne dira le contraire. Mais une fois formé, encore faut-il trouver du travail. C’est pourquoi la formation doit aller de pair avec une augmentation du stock net d’emplois dignes et durables. Or, actuellement, ce n’est pas le cas (diminution de 0,3 % de ce stock d’emploi entre 2020 et 2021). Du coup ce n'est pas le nombre d’emplois qui va augmenter avec le niveau de formation, mais la concurrence entre les travailleurs pour avoir le peu de jobs disponibles. »
Actuellement, ce plan de relance, via les priorités mises en avant aujourd’hui, est une occasion manquée de répondre à la crise énergétique. « Tous les partis présents au Parlement wallon reconnaissent qu’il y a un problème avec le marché de l’énergie tel qu’il fonctionne aujourd’hui. L’Agence internationale de l’énergie annonce des bénéfices de 200 milliards d’euros en Europe en 2022. Engie va faire 2,5 milliards de surprofit grâce à l’augmentation des factures d'énergie sur la période 2021-2022. Pourquoi la Région wallonne n’investit-elle pas dans un pôle public de production d’énergies vertes ? Pourquoi continuer à subsidier des entreprises qui revendent leur énergie au prix (très cher) du marché ? » conclut Germain Mugemangango.