Vote d’un fonds d’urgence « blouses blanches » au Parlement : comment ça s’est passé
Ce qu’il ne faut pas entendre ! Quand on arrive à dégager 67 millions d’euros pour les blouses blanches, la droite s’énerve. Hier au soir, au parlement, l’amendement budgétaire du PTB pour créer un fonds d’urgence pour le secteur des soins a été approuvé par une majorité de voix. Aujourd’hui, les partis de droite parlent de « shut-down », de « pays pris en otage », d’un « comportement politique irresponsable ». Voici ce qu’il s’est passé.
Comme le gouvernement actuel est minoritaire et démissionnaire, on n’a pas encore de vrai budget fédéral. Tous les mois ou deux mois, le parlement doit voter un budget de « douzièmes provisoires ». C’est ça qu’on devait voter hier.
Sur ce budget provisoire, nous avons introduit un amendement pour dégager un montant de 67 millions d’euros pour un fonds d’urgence pour les soins de santé (pour la revalorisation des salaires et des engagements supplémentaires). Sur un budget provisoire de plus de 16 milliards... Arrêtons donc de semer la panique, on parle d’un montant qui représente à peine 0,4 %.
Cet argent est plus que nécessaire pour le secteur des soins, qui était en action hier, comme depuis des mois, et qui continuera à se mobiliser. Les revendications des blouses blanches sont tout à fait justifiées. La pression au travail est intenable, les travailleur·se·s des soins de santé sont pressé·e·s comme des citrons. Le problème est très aigu, et nécessite la création d’un fonds d’urgence.
Une majorité de 76 député·e·s a soutenu notre amendement, avec 6 abstentions et 53 votes contre. Rappelons que nous avions déjà déposé cet amendement en juillet dernier. À ce moment là, seulement PS et sp.a l’ont soutenu. Ecolo et Groen se sont abstenus, de même que le Vlaams Belang. Hier, Ecolo et Groen, et finalement aussi le VB (voir ci-dessous), ont soutenu notre amendement. Ce vote a créé une légère panique parmi les partis de la majorité. Le budget provisoire ne sera voté que jeudi prochain, lors d'une session plénière supplémentaire.
Le MR et l'Open Vld tentent maintenant d'accuser le PTB de « prendre le pays en otage » et d'organiser « un shut-down ». C'est vraiment du grand n'importe quoi. La semaine prochaine, le budget provisoire sera soumis au vote et devrait être approuvé. Il n'est donc pas question d’un shut-down. Le vrai shut-down ? Il est fait par les partis traditionnels qui refusent même de négocier sérieusement un nouveau gouvernement depuis plus de 150 jours maintenant. C'est vraiment honteux. Le vrai shut-down se fait par des partis séparatistes qui prennent le pays en otage avec des plans pour le diviser, alors qu’une majorité des Belges (y compris en Flandre) est contre.
Mais ce n’est pas tout, les libéraux accusent le PTB de faire un front avec le Vlaams Belang. Non mais allô ?!? Tout d'abord : en tant que parti, sur le terrain, nous avons TOUJOURS soutenu les actions du personnel de soins, y compris hier. Le VB ne l'a jamais fait. Deuxièmement : en juillet, le VB s'est encore abstenu sur notre amendement. Et il avait l'intention de le faire hier aussi, comme l’a déclaré le député Vermeersch en réponse à la question de Lachaert de l’Open Vld en plénière. Ce n'est que sous la pression des actions qu’il a finalement changé son vote. (De plus, le vote favorable du VB n'était pas nécessaire, car, s'ils s'étaient abstenus, notre amendement aurait quand même été adopté). Nous ne concluons aucun accord de vote avec le VB, et nous ne le ferons JAMAIS. Mais ce n'est pas parce que le VB essaie de se faire une image sociale que nous, en tant que PTB, ne déposerons plus d'amendements positifs concrets.
En plus de ce fonds d'urgence, un débat de fond s’impose sur le secteur des soins et sur la politique de la ministre De Block. Aujourd’hui, nous avons une ministre et un gouvernement qui roulent pour Big Farma. Les choses doivent changer. Nous avons besoin d'une politique qui met les patients et le personnel des soins au centre.
Je suis fier de notre nouveau groupe parlementaire, de tous ces nouveaux collaborateurs et collaboratrice, de notre service d’étude et, surtout, de nos gens dans le secteur des soins. Si nous pesons sur la politique, c'est parce que nous sommes le mégaphone des mouvements de lutte au sein des parlements. C'est un son de cloche très différent, un vent frais, et nous en avons besoin.