Vos photos sur les réseaux sociaux illégalement pompées par des policiers ? Le PTB demande l'audition du n°1 de la police
Ce jeudi 7 octobre, le PTB a demandé l’audition, lors d’une prochaine séance de la commission de l’Intérieur de la Chambre, du n°1 de la police fédérale, Marc De Mesmaeker. Cette demande fait suite à la révélation par la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V), ce 6 octobre, de l’utilisation d’un logiciel de reconnaissance faciale illégal par la police fédérale.
« Le logiciel Clearview vole nos photos sur les réseaux sociaux pour constituer une gigantesque banque de données afin de pouvoir ensuite nous identifier dans le monde réel explique Nabil Boukili, député fédéral PTB. Plus de 10 milliards de photos s’y trouveraient. Ce logiciel a déjà été jugé illégal par l’Autorité canadienne de protection de la vie privée. En janvier dernier, l’Autorité de protection des données de Hambourg l’a également jugé non-conforme au Règlement général sur la protection des données (RGPD). On ne peut pas aller pomper les photos des gens sur Facebook ou Twitter pour ensuite les revendre à des sociétés privées et des services de police. »
Une fuite survenue début 2020 avait révélé que, parmi les acheteurs de cette banque de données, se trouvait la police fédérale belge. Celle-ci avait aussitôt démenti l’information. Un an et demi plus tard, une nouvelle fuite précisait que la police avait fait usage du logiciel « entre 101 et 500 fois ». Un second démenti avait été publié par la police le 28 août dernier. Finalement, lors de la commission de l’Intérieur de ce 6 octobre, la ministre de l’Intérieur a confirmé que la police fédérale avait bien utilisé le logiciel Clearview, sans aucune base légale.
« La ministre nous confirme clairement deux choses, déclare Nabil Boukili. Que la police fédérale a non seulement utilisé un logiciel illégal, mais qu’en plus, elle nous a menti publiquement à deux reprises en démentant cette utilisation. Nous avons donc demandé l’audition de M. Marc De Mesmaeker afin de faire toute la lumière. Qui a pris l’initiative de déployer ce logiciel ? Le ministère de l’Intérieur en était-il informé ? Comment se fait-il que la police ait diffusé non pas un, mais deux démentis à ce sujet ? »
Pour le PTB, il est crucial de pouvoir éclaircir les choses en présence des personnes décisionnaires. « On doit savoir si c’était une initiative du prédécesseur de la ministre Verlinden, ou une initiative isolée d’un service de police sans concertation avec le ministère, conclut le député de gauche. Les gens ont le droit de savoir ce qu’on fait avec leurs données. »