Violences sexuelles : « Victime on te croit, agresseur on te voit ! »
Il est temps de prendre au sérieux la parole des victimes de violences sexuelles : tel est le message que 2 000 personnes ont fait passer ce jeudi 14 octobre au soir dans les rues d'Ixelles (Bruxelles), où une affaire de viols en série secoue le quartier étudiant.
Depuis quelques jours, des témoignages de femmes ayant été droguées et violées par un serveur d'un café du quartier étudiant proche de l'ULB se multiplient. 17 plaintes ont été portées à l'encontre de l'accusé, mais ce n'est que depuis que le débat explose sur les réseaux sociaux qu'une enquête est ouverte. Enfin.
« On en a marre que les étudiantes ne puissent pas sortir dans des bars sans risquer de se faire droguer ou violer. On va rencontrer le bourgmestre pour savoir pourquoi il a fallu attendre 17 plaintes et que ça sorte dans la presse pour qu’il y ait enfin une enquête. On en a marre de pas être entendues, donc ce soir on va faire du bruit », explique une des organisatrices de la marche.
Un patron qui protège l’accusé
Deux cafés sont dans le viseur des manifestantes : El Café et le Waff, détenus par le même patron. Patron qui semble avoir couvert le serveur visé par 17 plaintes. Une fois la rumeur parlant d’agressions en série arrivée à ses oreilles, il a décidé de… déplacer son serveur d’un café à un autre. Ce qui a en outre permis à l’accusé de continuer ses crimes. Sous la pression de la manifestation, le bourgmestre Ecolo Christos Doulkeridis semble accéder aux demandes des manifestantes de faire fermer les deux cafés.
« C’est la mesure la plus urgente à prendre selon les filles avec qui j’ai discuté à la manifestation, explique Françoise De Smedt, députée régionale PTB et membre de Marianne, mouvement de femmes du parti de gauche. Après, la demande qui revient le plus est la mise sur pied d’un centre de prise en charge des violences sexuelles dans le quartier. Nous sommes à un endroit où le climat est terrible pour les jeunes filles. Des scandales dans des cercles étudiants, sur le campus de l’ULB et de la VUB, dans plusieurs lieux fréquentés par de jeunes filles, ont éclaté ces dernières années. Il faut donc une structure pour accueillir et soutenir les victimes de harcèlement, d’agressions sexuelles et de viols. C’est urgent. »
Outre cette structure, il faut globalement plus de moyens pour lutter contre ces crimes, continue la députée : « Il n’y a que trois magistrats à Bruxelles qui s’occupent des affaires de mœurs. Ce n’est rien du tout ! Quand on voit l’ampleur du problème, les dirigeants politiques doivent agir maintenant. Il est temps d'écouter et de croire les femmes victimes de violences, et de mettre enfin les moyens nécessaires pour que les plans de lutte contre les violences soient enfin appliqués. »