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Victoire du Nouveau Front Populaire en France : espoir et défis pour une gauche de rupture

Grâce à une large mobilisation, le Nouveau Front Populaire (NFP - alliance électorale des partis de gauche) a réussi à déjouer les pronostics. Avec un programme social de rupture pour la pension à 60 ans, pour l’augmentation des salaires et le retour de l’impôt sur la fortune, la gauche a réussi à empêcher une majorité du Rassemblement national. Le camp macroniste est défait. 

Mardi 9 juillet 2024

Des manifestants en faveur du Nouveau Front populaire.

Résultats du second tour des élections en France (7 juillet)

Nouveau Front Populaire : 182 sièges
La France Insoumise : 71 sièges
Parti socialiste - Place publique : 64 sièges
Europe Ecologie Les Verts : 33 sièges
Parti communiste français : 9 sièges
Autres : 5 sièges
Divers gauches : 13 sièges
Ensemble (Macron) : 168 sièges
Les Républicains et alliés : 60 sièges
Rassemblement national et alliés : 143 sièges
Autres : 11 sièges

Le succès d’une mobilisation populaire

Soutenu par la jeunesse ainsi que de nombreuses organisations syndicales et de la société civile, le NFP gagne 182 sièges grâce à une large mobilisation populaire. Cette alliance électorale mise sur pied en quelques jours a réussi à déjouer les pronostics et le piège tendu par Macron.

Son programme social et démocratique offensif, pour l'abrogation de la réforme des retraites et la pension à 60 ans, l’augmentation des salaires, le retour de l’impôt sur la fortune et le blocage des prix, a mobilisé des millions d’électeurs. Cette victoire est un soulagement pour une grande majorité de Français et un signe d’espoir face à la possibilité d’une arrivée au pouvoir du RN. C’est une leçon aussi pour la gauche ailleurs en Europe : l’importance d’avoir un programme de rupture sociale pour mobiliser les gens. 

Une défaite claire de Macron

Le camp d’Emmanuel Macron perd 77 sièges par rapport à 2022. Il ne rassemble plus que 168 députés à l’Assemblée nationale - et encore, c’est grâce aux nombreux désistements et reports de voix de la gauche. Loin des 308 obtenus lors de son arrivée au pouvoir en 2017. Le rejet de sa politique est clair et net.

Ces sept dernières années, Emmanuel Macron a mené une politique antisociale et autoritaire, de mépris du peuple, de creusement des inégalités et de cadeaux aux plus riches. Il a réprimé violemment les gilets jaunes, les syndicats et les travailleurs qui se mobilisaient dans la rue. Il a relevé l’âge de départ à la retraite malgré l’opposition d’une grande majorité de la population. Il a supprimé l’impôt sur les grandes fortunes et abandonné les campagnes (lire plus dans cette analyse). Cette politique a été durement sanctionnée. 

Par sa politique autoritaire, ses attaques incessantes contre les syndicats, la gauche radicale et la légitimation du programme de l’extrême-droite, Macron a hissé le RN comme principal adversaire et l’a mis aujourd’hui aux portes du pouvoir. La dissolution de l’Assemblée nationale et les résultats actuels sont un échec cuisant pour le camp présidentiel. Les sept années de politique d’Emmanuel Macron ont créé le terreau de la montée de l’extrême-droite. En 2017 et en 2022, Macron justifiait son élection à la présidence de la France pour « faire barrage à l’extrême-droite ». Il montre aujourd’hui qu’il lui aura servi de marche-pied.

Une avancée importante de l’extrême-droite

Avec ses 143 sièges, le RN gagne 54 sièges par rapport à 2022. C’est le meilleur score de l’histoire du parti, qui a gagné une série de circonscriptions historiquement acquises à la gauche comme dans le Nord ou en Bouches-du-Rhône. Cette avancée du RN est un signal important et pose clairement le défi pour le futur. 

Alors même qu’il capte une base populaire et ouvrière grandissante en dehors des grandes villes, le RN se prépare au pouvoir et se rapproche aussi de plus en plus d’une partie du grand patronat  (lire plus dans cette analyse). On a vu dans cette campagne certaines franges de la bourgeoisie française se rallier à l’extrême-droite (et faire campagne pour lui, comme on l’a vu dans les médias du milliardaire Vincent Bolloré ou le journal de droite Le Figaro). Il s’agit, pour le moment encore, de franges minoritaires, mais c’est néanmoins une évolution remarquable. 

Le rapprochement du RN avec le grand patronat, et les adaptations qu’il a faites dans son programme pour lui plaire, ouvrent la possibilité de démasquer d’autant plus sa fausse démagogie sociale (lire plus dans cette analyse). 

Visuel d'annonce du débat "La gauche face à l'extrême droite en France" à ManiFiesta.

La gauche face à l'extrême droite en France

Comment expliquer la montée de l’extrême-droite ? Quelle réponse peut apporter la gauche ?  Quelles leçons la gauche peut-elle tirer de ce qu’il s’est passé en France ? Ces questions sont d’une actualité brûlante. 

À ManiFiesta, les 7 et 8 septembre prochains, Raoul Hedebouw sera en débat avec, entre autres, Serge Halimi,  journaliste, écrivain et ancien directeur du Monde Diplomatique.

Les défis de la gauche

Avec sa majorité relative de 195 députés sur 577, la gauche devra se battre pour appliquer le programme qui l’a portée à la place de premier groupe à l’Assemblée nationale. C’est en luttant pour cette rupture, en changeant concrètement le quotidien des Français, qu’elle réussira à s’imposer durablement et à faire reculer le RN.

Le parti d’extrême-droite score auprès de la classe travailleuse, certainement en dehors des grandes villes. Il surfe notamment sur des décennies de désinvestissement dans les services publics et de désindustrialisation. Regagner la confiance et le soutien des travailleurs et des travailleuses partout en France est une des priorités de la gauche.

Le programme du NFP défend les intérêts des travailleurs avec l’augmentation des salaires, le retour de la pension à 60 ans et celui de l’impôt sur la fortune supprimés par Macron. Renoncer à ces points de rupture sociaux et démocratiques en les diluant dans des compromissions avec le camp macroniste serait incompréhensible pour les millions de Français qui ont soutenu ce programme. Faire le jeu de Macron, dont les lieutenants appellent déjà à casser le NFP pour continuer la même politique, équivaudra à donner les clés du pays au RN lors des prochaines élections.

Si les bons résultats des élections donnent une dynamique positive à la gauche, il n’en reste pas moins que le Nouveau Front Populaire est une alliance électorale qui a dû se construire rapidement, et qui reste fragile et hétéroclite. Voilà pourquoi le débat est crucial pour savoir quelle orientation doit prendre la gauche pour la suite. Et pourquoi le soutien aux composantes du Nouveau Front Populaire qui veulent une réelle rupture avec la politique de Macron et les partis traditionnels qui ont appliqué des politiques anti-sociales ces vingt dernières années est important.