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« Une société où il fait bon vivre repose sur des services publics forts »

Les syndicats des services publics mènent des actions durant toute la semaine. Ils clôturent leur semaine d'action par une grève nationale le 10 mars. Leur revendication est la suivante : le démantèlement doit cesser. Ils exigent que les services publics soient respectés, et ils ont raison.

Vendredi 10 mars 2023

Raoul Hedebouw porte une veste sombre et une chemise blanche. Il est appuyé contre un mur, les bras croisés.

PTB

Chaque jour, nous comptons sur des individus qui travaillent pour faire tourner la société. Ils enseignent à nos enfants, nous aident au guichet, patrouillent sur la route... Ils ramassent nos déchets ou nous viennent en aide en cas d'urgence. Ils font rouler nos bus et nos trains. Comme toutes celles et tous ceux qui travaillent dans le secteur privé, ils contribuent à notre bien-être.

Mais année après année, la rhétorique libérale gagne en puissance : il faut réduire les dépenses publiques. Bart De Wever avait un nom pour cette approche : « affamer la bête ». Affamer le gouvernement pour le forcer à réaliser des coupes budgétaires.

Les conséquences se sont fait ressentir. Lors de l'inondation de la vallée de la Vesdre, en 2021, les sinistrés ont dû attendre beaucoup trop longtemps avant de recevoir de l’aide. Les autorités avaient réduit leur propre capacité d’action à force d’économies. Car quelques années plus tôt, quatre des six casernes de la Protection civile avaient été fermées. Le gouvernement wallon (PS-Ecolo-MR) n’a toujours pas retenu la leçon de ce drame : il a transmis la gestion et l’entretien des équipements et du matériel des zones de secours (notamment les pompiers) aux provinces… Mais sans leur donner d’argent pour ça. Quand des interventions ne seront pas ou mal réalisées car le matériel était défectueux et non entretenu, qui en sera tenu responsable ?

En raison des coupes budgétaires opérées depuis des années dans le secteur de l’enseignement, celui-ci souffre d’une pénurie de personnel permanente. Une école sur deux en moyenne en Fédération Wallonie-Bruxelles est en pénurie d’enseignants. Les professeurs se retrouvent donc avec des classes de plus en plus grandes, et une charge administrative qui augmente. C’est la qualité d’apprentissage de toute une génération qui est sacrifiée. De nombreuses écoles sont vétustes. Christelle donne cours dans des locaux avec des vitres cassées. Céline dans une école encore amiantée. Certaines écoles refusent même parfois des photocopies aux enseignants, qui doivent en payer de leur poche en dehors de l’établissement. Et quelle est la réponse de la ministre Caroline Désir (PS) à la colère légitime des profs qui ont manifesté à quatre reprises l’année passée ? Proposer une réforme pour évaluer les enseignants. Comment peut-on encore s’étonner que le gouvernement peine à recruter avec des conditions de travail et un manque de respect pareils ?

Crise après crise, on peut constater l'importance des services publics. Pourtant, le gouvernement prévoit de réaliser de nouvelles économies sur les pensions et les salaires.

Pas touche aux pensions

Depuis des années, un mythe circule selon lequel les pensions des gardiens de prison, des militaires, des policiers, des cheminots, etc. seraient des pensions de « privilégiés ». En vérité, la grande majorité des pensions de la fonction publique ne suffisent plus à couvrir les frais d'une maison de repos. Le problème, ce sont les pensions beaucoup trop basses du secteur privé. Les pensions du secteur public ne doivent pas diminuer, celles du secteur privé doivent augmenter.

Mais la situation n’évolue pas dans ce sens. Au contraire. Les libéraux souhaitent réduire les pensions de la fonction publique. Quel culot. Aujourd’hui, on apprend que les anciens présidents de la Chambre Herman De Croo (Open VLD) et Siegfried Bracke (N-VA) bénéficient d'un régime de pension spécial. Il s’agit de régimes que leurs partis respectifs eux-mêmes ont mis sur pied. On retrouve bien là la politique du deux poids deux mesure propre aux partis de droite.

Ils préconisent, entre autres, de supprimer la péréquation, l'adaptation des montants de pension aux traitements des membres actifs du personnel de la fonction publique. Avec (manifestement) le soutien du reste du gouvernement. En effet, la Vivaldi, et sa ministre des pensions Karine Lalieux (PS), ont accepté de conditionner les aides que la Belgique est censée recevoir du plan de relance européen (le plan pour relancer les économies après la crise covid), à une réforme du système des pensions, fortement souhaité par la fédération des entreprises de Belgique (FEB). Un chantage inadmissible dont on devine la teneur.

Quand l’Europe libérale et la FEB demandent une réforme pour rendre notre système de pensions « viable », cela signifie deux choses : travailler plus longtemps, pour une pension plus basse. Et le gouvernement ne s’en cache d’ailleurs pas. Pour Conner Rousseau, président de Vooruit (socialistes flamands), il est temps d’en finir avec les « systèmes moyenâgeux » comme les pensions de la fonction publique. Il souhaite également que les cheminots, les gardiens de prison et le personnel militaire travaillent plus longtemps. Ainsi, la classe travailleuse ne progresse plus, elle régresse.

Et les salaires ?

Dans de nombreux services publics, les travailleurs n'ont plus bénéficié d’une augmentation de salaire depuis vingt ans. Els m'a récemment envoyé un appel à l'aide : en tant qu'assistante de justice, elle gagne 1 850 euros nets par mois, avec lesquels elle doit payer un loyer de 750 euros, 250 euros de frais fixes et 300 à 400 euros de frais médicaux. C’est indécent dans un pays riche comme la Belgique.

L'année dernière, le soupir de soulagement a été général dans la population lorsque les ministres De Sutter, Verlinden et consorts ont enfin promis une augmentation de salaire. Malheureusement, le soulagement a été de courte durée. Peu de temps après, ils sont revenus sur leurs promesses.

Une société où il fait bon vivre repose sur des services publics forts

Quand le gouvernement fait des économies, il ne met pas uniquement en jeu la vie des gens. Des services publics forts constituent également le pilier de notre pouvoir d’achat. Ceux qui les privatisent et les rendent plus chers affectent le pouvoir d'achat des citoyens. Les services publics sont là pour tout le monde. Il constitue la garantie d’une société où il fait bon vivre qui fait passer les gens avant le profit.

C'est pourquoi je soutiens les travailleurs et travailleuses ainsi que les syndicats des services publics dans leur lutte pour du respect et des investissements.