Une femme sur trois touche moins de 750 euros de pension : le PTB s’engage pour des pensions féministes
À 63 ans, Liliane, nettoyeuse dans un hôpital, le sait : sa pension s’élèvera à 750 euros. Comme une femme sur trois qui a été salariée ou indépendante, elle touchera une pension de misère. Le PTB veut s’attaquer à cette inégalité avec un plan pour offrir des pensions décentes aux femmes.
Liliane a 63 ans. Cette dame énergique, qui habite à Hasselt et est aujourd’hui nettoyeuse dans un hôpital, a beaucoup travaillé dans sa vie. Mais pas toujours comme salariée. Elle s’est aussi beaucoup occupé des enfants et de son ménage. Jusqu’à son divorce, il y a 10 ans. Aujourd’hui, elle continue donc à exercer le dur métier de nettoyeuse. Mais elle n’a pas le choix, et elle est prête à continuer « tant qu’elle ne sera capable », car, selon MyPension.be, sa pension ne s’élève aujourd’hui qu’à 750 euros par mois…
« L’histoire de Liliane est celle d’un très grand nombre de femmes en Belgique. En Belgique, une femme salariée et indépendante sur trois touche une pension inférieure à 750 euros, explique Sofie Merckx, candidate carolo du PTB pour le Parlement fédéral. Autant dire que par rapport à ce qu'elles ont presté dans leur vie, les femmes ne sont vraiment pas rétribuées de manière juste. Le PTB veut s’attaquer à cette inégalité en relevant la pension minimum à 1500 euros par mois et en ramenant la carrière complète à 40 ans pour les femmes. »
Autant dire que, par rapport à ce qu'elles ont presté dans leur vie, les femmes ne sont vraiment pas rétribuées de manière juste.
Une inégalité structurelle
Alors que les pensions belges – tant des hommes que des femmes – sont déjà parmi les plus basses d’Europe, les femmes sont encore plus pénalisées. L’écart de pension entre hommes et femmes en Belgique est de 34 %.
Et les causes sont connues :
- L'écart salarial : les femmes gagnent en moyenne encore et toujours 20 % de moins que les hommes.
- Les tâches domestiques et de soins aux personnes : les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes à interrompre leur carrière pour élever les enfants, s'occuper de parents âgés et elles prennent bien plus en charge les tâches domestiques.
- Les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel, souvent de manière involontaire.
« Tous ces facteurs ont des conséquences pour leur pension, déclare Sofie Merckx. Le PTB veut œuvrer à la suppression de ces inégalités. Mais, tant que celles-ci existent, il faut que celles-ci soient prises en compte dans le calcul de la pension. »
Pourtant, les gouvernement successifs ont plutôt empiré la situation. Ainsi, alors que, jusque là, la carrière complète pour les femmes était de 40 ans (contre 45 ans pour les hommes), le gouvernement Dehaene II (une coalition entre CD&V, cdH, PS et sp.a) a relevé la carrière des femmes à 45 ans.
Par la suite, les gouvernements Di Rupo et Michel ont chacun pris des mesures pour supprimer les périodes assimilées pour les périodes de chômage et de soins.
Gagnons l’égalité
Pour le PTB, il faut viser à supprimer à la racine les inégalités qui touchent les femmes.
Sofie Merckx poursuit : « La pension de demain, féministe, doit partir d'une nouvelle vision : des carrières plus courtes et une assimilation complète des périodes consacrées aux soins et à l'éducation d'enfants. Nous voulons réinstaurer les mesures qui permettaient d’aller dans ce sens. » Concrètement, le PTB veut :
- rétablir la durée de la carrière complète pour les femmes à 40 ans : cette mesure fait en sorte que chaque année travaillée compte un peu plus dans le calcul de la pension légale. Cela représenterait un augmentation de 12 % des pensions des femmes.
- relever toutes les pensions à minimum 1500 euros net.
- que les périodes de maladie, de chômage et de congé d'aidant-proche soient pleinement prises en compte en tant que périodes assimilées, comme c'était encore le cas il y a peu.
- des aménagements de fin de carrière avec une réduction du temps de travail à partir de 55 ans. En Autriche par exemple, à partir de 53 ans, les femmes peuvent travailler à mi-temps avec maintien de 75 % de leur salaire ; ce système appelé Altersteilzeit est très populaire, et c'est avec cette sorte de mesures que le « travail faisable » devient une chose concrète. Au Danemark, huit enfants sur dix âgés de moins trois ans sont accueillis dans des crèches, soit le double de chez nous. Cela aussi, c'est réellement offrir des alternatives.
Une carrière de pension plus courte pour les femmes est une solution temporaire qui corrige l'inégalité de fait afin que le droit à la pension soit plus égal.
« À terme, nous voulons miser sur du travail faisable pour chacun et chacune, sur une semaine de travail plus courte tant pour les femmes que pour les hommes, sur des lieux d'accueil pour les enfants et pour les personnes âgées à un prix abordable, sur une revalorisation du travail d'aide et de soin aux proches et sur une véritable réduction de l'écart salarial sur le marché du travail », précise Sofie Merckx.
« En attendant, les mesures que nous proposons pour les pensions des femmes sont une étape dans la lutte pour gagner l’égalité, conclut la candidate du PTB. Et, comme cela ne tombera pas du ciel et que cela va complètement à contre-courant de la logique des partis traditionnels qui participent à la casse des pensions, il faudra lutter pour les obtenir. C’est notamment pour cela que le PTB soutient la mobilisation pour une grève des femmes le 8 mars prochain. »
Le PTB a aussi lancé une pétition pour soutenir cette proposition.
Signez pour l’égalitéLisez aussi le plan social du PTB et de Marianne pour gagner l’égalité entre hommes et femmes.
Deux mesures ambitieuses et finançables
Calculer les pensions des femmes sur 40 années au lieu de 45 représente une augmentation de 12 % des pensions des femmes. Cela coûterait 2,7 milliards d'euros. Toutefois, pour environ un tiers des femmes actuellement à la pension, cette mesure n'est pas d'application. En effet, l'allongement de la carrière pour les femmes n'a été entièrement appliqué qu'en 2009. Ce qui fait que ce coût s'élèverait à 1,8 milliard d'euros par an.
Cependant, nous voulons coupler cette mesure au relèvement de la pension minimum des salarié.e.s et des indépendant.e.s à 1500 euros. Une mesure qui coûte en elle-même 2,8 milliards d’euros. Or beaucoup de femmes n'atteindront pas plus que ces 1500 euros de pension, même avec une carrière complète à 40 ans. Dès lors, le surcoût entraîné par l'abaissement de la carrière de pension pour les femmes à 40 années n'est plus que de 600 millions d'euros, soit un total de 3,4 milliards par an pour les deux mesures combinées.
Le PTB veut financer cela par quatre axes. Le premier axe – et le plus important – est d'élargir la base de la sécurité sociale en créant des emplois plus stables, durables et bien rémunérés. Chaque augmentation d'1 % du taux d'emploi réduit le coût du vieillissement de 0,5 %. La condition est qu'il s'agisse d'emplois ayant un bon statut et non de pseudo-emplois précaires pour lesquels aucune cotisation sociale n'est versée. En outre, le PTB veut chercher l'argent à trois sources : 1 milliard d'euros de la lutte contre la grande fraude fiscale, 1 milliard d'euros grâce à une taxe des millionnaires et 1 un milliard d'euros grâce à une stricte évaluation de la réduction systématique des cotisations de sécurité sociale pour les employeurs.