Une étude choc : la Belgique est bien plus inégalitaire qu’on ne le pensait
La Belgique est bien plus inégalitaire que ce qu’on entend souvent dire. C’est ce que révèle une étude menée par les universités KU Leuven, UAntwerpen et ULB, publiée dans les quotidiens néerlandophones De Tijd et De Standaard. Les inégalités de revenus sont beaucoup plus importantes dans notre pays qu'on ne le pensait, et le fossé entre riches et pauvres s'est creusé depuis la crise financière de 2007-2008. Les chercheurs pointent du doigt un système fiscal qui favorise les plus riches.
Les revenus du capital creusent les inégalités
Depuis 2010, les inégalités de revenus ont fortement augmenté, en grande partie à cause de l’augmentation des revenus issus du capital. Deux tendances majeures se dégagent :
- Les bénéfices des entreprises gonflent les poches d’une minorité. Entre 1995 et 2022, les bénéfices non distribués des entreprises ont progressé à un rythme annuel de 3,2 % après inflation, soit deux fois plus vite que les revenus du travail. En 2022, ils atteignaient 57,4 milliards d’euros, une manne concentrée dans les mains d’un petit groupe.
- Les dividendes, eux aussi en forte hausse. Avec une croissance annuelle de 2,6 %, ces revenus bénéficient quasi exclusivement aux plus riches, renforçant ainsi les écarts.
À l’inverse, l'immense majorité des ménages, qui dépendent davantage d’intérêts sur leurs livrets d’épargne ou de revenus locatifs, ont vu leurs sources de revenus stagner, voire reculer. La faible rémunération des épargnes ces 15 dernières années n’a fait qu’aggraver cette situation.
Une fiscalité qui favorise le 1% le plus riche
L’étude met en lumière un paradoxe : les riches payent proportionnellement moins d’impôts que les autres. Comment est-ce possible ?
- Les revenus du capital sont peu taxés. Contrairement aux revenus du travail, les bénéfices dest grandes entreprises et les dividendes échappent en grande partie à l’impôt.
- La TVA et les accises frappent durement les ménages modestes. Ces taxes à la consommation représentent une part bien plus importante du budget des familles les moins aisées, rendant le système fiscal global régressif pour les plus hauts revenus.
Les auteurs de l’étude sont clairs : « Le principe selon lequel les épaules les plus fortes portent les charges les plus lourdes ne se vérifie pas au sommet de la pyramide des revenus. »
Une étude qui relance le débat
Ces conclusions pourraient bien devenir pour la Belgique ce que les travaux de Thomas Piketty ont été pour la France : un électrochoc. Alors que certains défendent l’idée que la fiscalité actuelle est équitable, cette étude prouve le contraire. Elle invite à repenser notre système pour qu’il profite à la majorité, et non à une minorité privilégiée.
Le PTB continuera à mener ce combat pour une Belgique où le 1% des ménages les plus riches paient enfin leur contribution à la société.