Un député de gauche muselé en Israël
Au parlement israélien (Knesset), Ofer Cassif siège pour le parti mixte juif-arabe Hadash, une liste de gauche dont fait également partie le Parti communiste d'Israël. Le 18 octobre, la commission d'éthique lui a interdit l'accès au parlement pendant 45 jours. Cassif, qui est juif, a qualifié le siège et les bombardements de Gaza de « mise en œuvre d'un plan fasciste » et « voulu par Israël ».
Le chef de groupe du parti d'extrême droite Otzma Yehudit a félicité la commission d'éthique, déclarant que « la place de ceux qui approuvent le terrorisme et soutiennent notre ennemi n'est pas au parlement, mais à Gaza ».
Dans sa dernière déclaration, Cassif écrit :
« La décision de la Commission d'éthique est un nouveau clou dans le cercueil de la liberté d'expression politique en Israël. Dans chacune de mes interviews, j'ai fermement condamné les massacres criminels perpétrés par le Hamas et j'ai exprimé mon profond dégoût à cet égard.
Mes déclarations politiques contre l'occupation et la guerre ne sont pas des déclarations contre l'État d'Israël, car la paix et la justice sont également bénéfiques à l'État d'Israël et ses citoyens. Tous les Israéliens souffrent gravement des constantes effusions de sang et du rétrécissement de l'espace démocratique. En effet, le gouvernement israélien inflige un bain de sang à Gaza et entend bien poursuivre sa politique de guerre et de violence.
Mes déclarations politiques sont légales et légitimes. Ma sanction est donc une forme de persécution politique. Ce gouvernement brutal est une catastrophe pour les peuples israélien et palestinien. Il mène également une chasse aux sorcières digne d'un McCarthy contre les voix critiques qui s'élèvent au sein de la société israélienne. Même en ces jours difficiles, je ne resterai pas silencieux et je continuerai à me battre pour que se concrétisent les principes pour lesquels j'ai été élu : la paix, l'égalité et la justice pour tous. »
Un État israélien toujours plus à l'extrême droite
Ofer Cassif était de passage à Bruxelles le 4 mai dernier. Il nous a alors expliqué :
« Ma famille a été décimée lors de l'Holocauste. Je ne suis pas contre Israël, mais nous devons lutter contre le système d'apartheid et pour la justice. Depuis sa création, Israël n'a jamais été une démocratie parce que c'est un État fondé sur la suprématie des Juifs. Et même au sein de la population juive, les différentes classes ne bénéficient pas des mêmes droits politiques.
Mais, avec les projets de réforme de Netanyahou (Premier ministre d'Israël, ndlr), nous assistons aujourd'hui à un pas significatif vers un régime fasciste. Le seul contrepoids à l'omnipotence de l'actuel gouvernement de droite et d'extrême droite est le pouvoir judiciaire, qui reste jusqu'à présent indépendant. Avec ses réformes, Benjamin Netanyahou veut pouvoir nommer lui-même les juges et abolir plus de 150 lois.
Une fois qu'ils détiendront le pouvoir absolu, Netanyahou et son équipe veulent atteindre quatre objectifs :
- L'annexion des territoires occupés (Cisjordanie et Jérusalem-Est). Quiconque s'y oppose aura le choix entre l'exil ou la mort. Le ministre Smotrich (président du Parti sioniste religieux, d’extrême droite, ndlr) n'hésite pas à affirmer que tuer des Palestiniens n'est pas un crime.
- L'interdiction au parti communiste d'Israël et à la liste Hadash de participer aux élections. Plus aucun Arabe ne sera autorisé à siéger à la Knesset.
- Rendre l'État et la législation plus conformes à la religion juive, en y intégrant des positions anti-lgbtq, par exemple.
- Une guerre ouverte contre les travailleurs. La criminalisation des syndicats.
Le peuple israélien manifeste en masse contre ces réformes de Netanyahou depuis plusieurs mois. Des centaines de milliers de personnes descendent chaque semaine dans la rue. Mais Nethanyahou pousse à l'extrême la stratégie de diviser pour mieux régner, en utilisant toutes les identités possibles pour monter les gens les uns contre les autres. Cela génère un climat particulièrement sinistre. Il y a aussi la répression. »
Les députés du PTB expriment leur soutien à Ofer Cassif.