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Trois raisons d’exiger un avenir industriel pour Audi Brussels

La direction d’Audi Brussels a annoncé son intention d'entamer un plan de restructuration de l’entreprise qui pourrait conduire à terme à la fermeture du site. Il s’agirait d’une décision inacceptable pour au moins trois raisons.

Mardi 16 juillet 2024

L'intérieur de l'usine Audi Brussels, à la pointe de la technologie.

Benjamin Pestieau, responsable Monde du Travail pour le PTB

Raison n°1 : Une usine à la pointe et capable de tout produire

L’usine d’Audi Brussels est une usine de pointe, une usine ultra moderne. C’est une usine flexible dans sa capacité à produire n’importe quel type de modèle de voiture. Elle a tout connu et est capable de s’adapter rapidement à la production de n’importe quel modèle.

Elle a bénéficié de grands et nombreux investissements. Sur son toit, il y a le plus grand parc de panneaux solaires de toute la Région bruxelloise. C’est d’ailleurs la toute première usine neutre en carbone du groupe Audi. Le site a de nombreux atouts comme celui d’être directement connecté au rail et très proche de l'autoroute.

Raison n°2 : Un concentré de savoir-faire à préserver et à développer

Les travailleurs d’Audi Brussels - des ouvriers aux ingénieurs - ont accumulé un grand savoir-faire. Ils ont suivi plus d’un million d’heures de formation pour se préparer à la production de voitures électriques. Avant ça, ils produisaient du thermique. Ils savent tout faire. 

C’est par exemple dans cette usine qu’un logiciel innovant pour contrôler les batteries a été conçu. Agoria, la fédération patronale du métal, le reconnaît elle-même. Elle a accordé à l’usine, le titre de “Factory of the Future”.

Fermer une usine, ce n’est pas simplement des emplois qui sont perdus. C’est tout un savoir-faire industriel qui est perdu. Un savoir-faire qui est nécessaire pour développer la mobilité de demain.

Raison n°3: Ce n’est pas aux travailleurs de payer pour l’incompétence de leurs patrons et des politiciens

Les gouvernements européens ont décidé d’arrêter la production de voitures thermiques en 2035. Concrètement, ils ont prévu que les ventes de nouvelles voitures thermiques et même hybrides (rechargeables ou pas) soient interdites dans 10 ans. Et en même temps, ils seraient prêts à sacrifier une usine de pointe qui pourrait jouer un rôle clé dans cette transition électrique ? C’est totalement absurde comme politique. Les gouvernements européens ne peuvent pas jouer avec les travailleurs et leur famille comme ça. 

Le monde politique a laissé les constructeurs automobiles se concentrer sur le véhicule électrique de luxe qui est impayable pour les gens. Une Audi e-tron Q8 produite à Forest coûte au bas mot 92 000 euros. C’est impayable pour l’immense majorité des gens. Mais c’est entre autres ce qui a permis à Audi de faire encore plus de 6 milliards d’euros de profits en 2023.

Le monde politique a poussé à l’électrique mais n’a rien organisé pour ce passage à l’électrique : pas d’infrastructure de recharge rapide et bon marché en suffisance comme on en trouve partout en Norvège par exemple. Au contraire, les gens qui ont une voiture électrique ne savent souvent pas comment aller en vacances de peur de tomber en panne électrique. Ce n’est pas aux travailleurs et travailleuses de payer l’incompétence et le manque de prévoyance du monde politique et industriel.

Des alternatives sont possibles

Nous avons besoin d’une stratégie industrielle aux niveaux national et européen. L’organisation de l’automobile de demain et le développement des transports publics ne peuvent pas être laissés dans les mains du marché et de quelques multinationales. On ne peut pas non plus la laisser être délocalisée partout dans le monde. 

C’est pour cette raison que le PTB exige que le Gouvernement belge, les gouvernements européens et la Commission européenne imposent un moratoire sur toute fermeture d’usine automobile. Un moratoire pour établir avec l’ensemble des grands constructeurs européens et les syndicats du secteur un plan industriel. Nous avons besoin d’un plan d’ensemble pour organiser la production, le développement des infrastructures et la bonne répartition des modèles. On ne peut pas hypothéquer l’avenir en fermant une des usines capables de s’adapter à tous les besoins de l'automobile de demain. C’est pour ces raisons que nous refusons le plan de restructuration de la direction d’Audi. Un nouveau modèle doit arriver au plus vite sur le site d’Audi Bruxelles.