Trois bonnes raisons de manifester avec les Delhaiziens le 22 mai
Les syndicats appellent à manifester à Bruxelles le 22 mai. Cela fait plus de 10 semaines que le personnel de Delhaize mène des actions contre le plan de franchisation de la direction. Leur combat est notre combat à tous. Ils et elles méritent notre soutien. Voici pourquoi.
1. Le plan de Delhaize ne doit pas aboutir
La direction de Delhaize veut imposer un nouveau modèle de franchise, dans le but d'exclure les syndicats de l'entreprise et de faire des économies de personnel. L’objectif de la direction est de se mettre 1 milliard d'euros dans la poche sur le dos des travailleurs.
Elle promet aussi à ses actionnaires de leur offrir 1 milliard supplémentaire. Ses principaux actionnaires, les requins de la finance BlackRock et Goldman Sachs, s’en frottent déjà les mains. Pour le PDG Frans Muller, c'est aussi le jackpot : il a fait passer son salaire à 6,5 millions d'euros.
La différence entre des magasins franchisés et des magasins Delhaize intégrés ? Les syndicats qui défendent et améliorent les droits des travailleurs. Delhaize ne veut plus d'un contre-pouvoir syndical. Sans syndicats (puisqu'il n'y en a pas chez les franchisés), Delhaize peut plus facilement faire pression sur les salaires et les conditions de travail. Les franchisés emploient moins de personnel, qu'ils paient aussi beaucoup moins bien : jusqu'à 300 euros de moins par mois.
Agnes, employée de Delhaize : « Certains veulent toujours plus d'argent. Mais sur le dos de qui ? De ceux qui produisent la richesse. Et qui produit la richesse ? C'est nous, les travailleurs. Et quand on s'arrête, l'argent, il est où ? Y'en a plus. Franchement, moi, ce monde-là, je n'en veux pas. Je veux une société juste. Je veux que les travailleurs qui travaillent aient une vie décente. Un revenu décent. »
Le plan ne concerne pas seulement les Delhaiziens. Il s'agit d'un modèle d'entreprise parasitaire qui met la pression sur les travailleurs, les franchisés et les fournisseurs. Il n'y a qu'un seul gagnant : l'actionnaire. D'autres chaînes de distribution, comme Carrefour, suivent avec grand intérêt ce qui se passe chez Delhaize. Même d'autres secteurs s'intéressent au modèle de la franchise. Il pourrait bientôt être adopté dans n'importe quelle entreprise de n'importe quel secteur. Avec des conséquences désastreuses pour les travailleurs et les syndicats. C'est pourquoi, le 22 mai, nous nous joindrons aux Delhaiziens pour dire « non » à ce plan.
2. Il s'agit d'une attaque contre le droit de grève de tout le monde
Malgré plus de deux mois de grèves et de luttes dans tout le pays, Delhaize refuse toujours toute discussion correcte. La direction se montre particulièrement arrogante : non seulement elle ignore les syndicats, mais elle les attaque aussi de manière agressive pour les réduire au silence. Avec l’aide des huissiers, des policiers, des juges et des responsables politiques.
« On ne lâche rien, pour une simple et bonne raison : ce qu'ils ont fait, c'est du mépris, affirme Agnes. C'est crapuleux. C'est du jamais vu en Belgique. Ils ont bafoué la discussion avec les travailleurs. De plus, il y a l'attaque contre le droit de grève. Si demain on ne peut même plus dire ‘non’ sous peine d'avoir des astreintes, sous peine d'avoir des huissiers ou des policiers qui vous embarquent, dans quel pays on va être ? Et dans quel monde on va être ? Et ça, c'est inacceptable. »
Ce qui se passe chez Delhaize s'inscrit dans une attaque plus large contre le droit de se mobiliser. Gaby Colebunders, député PTB, explique : « Cette semaine, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a déposé un nouveau projet de loi qui lui permettrait d'imposer une interdiction de manifester. La semaine dernière, 14 militants de Greenpeace ont été arrêtés lors d'une action non violente dans le port de Zeebrugge. Et ces dernières années ont déjà été marquées par des poursuites judiciaires sans précédent visant des dirigeants syndicaux à Anvers et à Liège. En période de crise profonde, tant climatique qu'économique, les personnes qui exercent leurs droits démocratiques sont de plus en plus malmenées. » C'est Delhaize qui abandonne le modèle de consultation et opte pour la confrontation. En peu de temps, un certain nombre de droits démocratiques ont ainsi été mis sous pression.
« Le droit de grève est fondamental et il est aujourd'hui menacé, a déclaré Thierry Bodson, président de la FGTB, dans son discours du 8 mai. Dans le dossier Delhaize, on voit que les juges font passer la liberté des entreprises et le droit de propriété avant le droit de grève. C'est une évolution dangereuse. »
3. Aucun secteur n'est à l'abri du dumping social
Delhaize organise le dumping social : faire en sorte que le personnel travaille plus longtemps pour un salaire moindre en confiant ses magasins à des franchisés. En fait, il s'agit de sous-traitants qui sont fortement dépendants de Delhaize, à qui ils sont liés par des contrats très rigides. Les marges qu'ils peuvent réaliser sont minimes. Ils n'ont donc pas d'autre choix que de payer leur personnel au minimum et de le réduire autant que possible.
Les conséquences, nous les connaissons : à Bruxelles, l'inspection a découvert huit travailleurs non déclarés ; dans d'autres magasins, la plupart des employés sous contrat fixe ont été remplacés par des intérimaires. Delhaize s'est inspirée de sa société sœur néerlandaise Albert Heijn, qui embauche un minimum de personnel permanent par magasin et confie le reste du travail à des étudiants en contrat précaire pour 5 euros de l'heure.
Delhaize n'est pas une exception. Toutes les multinationales cherchent des moyens de dépenser moins en personnel et plus pour les actionnaires. Les exemples de dumping social se multiplient. Dans le secteur du commerce, mais aussi dans les transports, la chimie, la construction, l'informatique, etc. Aucun secteur n'est à l'abri du dumping social.
C'est pourquoi, le 22 mai, nous disons « stop ». Et nous irons manifester pour de meilleures conditions de travail et pour nos syndicats. Le PTB appelle ses membres à faire de cette manifestation une réussite.