Scandale au Parlement wallon : la classe politique doit renoncer aux privilèges et à son goût du luxe
Le dérapage des 50 millions d’euros des deux chantiers d’extension du Parlement wallon et le scandale du voyage de luxe à Dubaï à 20 000 euros laisseront sans aucun doute des traces pendant longtemps au Parlement de Wallonie.
« Le Parti socialiste est abonné aux scandales en lien avec l’attrait pour l’argent et le train de vie de la haute bourgeoisie : Nethys, Publifin, Samu social, le California gate, et maintenant, le Parlement wallon et le Parlement européen. Il y a un gros problème dans ce parti lié à cette culture du luxe et du privilège. Alors que le PS est censé être un parti proche des travailleurs », déclare Germain Mugemangango, chef du groupe PTB au Parlement wallon.
En 2005, lors du congrès du PS, en marge des affaires de Charleroi, Elio Di Rupo déclarait qu’il ne voulait plus de parvenus au sein de son parti.
« On est à l’opposé du vœu pieux d’Elio Di Rupo de voir disparaître les parvenus de son parti. Et à entendre le président du PS, Paul Magnette, défendre Jean-Claude Marcourt dans un premier temps pour ensuite évoquer une 'responsabilité collective', on est en droit de penser que les parvenus ont encore à vivre de beaux jours devant eux au PS », continue le chef de groupe PTB.
« Malgré ce que prétend Georges-Louis Bouchez, le MR n’est pas beaucoup mieux : le Kazakhgate, Publifin également, l’affaire de corruption de Serge Kubla pour obtenir des ressources minières en Afrique et maintenant, l’ancien greffier étiqueté MR. Le point commun, c’est cet appétit pour le fric. Il faut changer ça », estime le député PTB.
Le chef de groupe rappelle la culture politique de son parti. « Au PTB, comme députés, nous vivons avec un salaire de travailleur afin de garder les pieds sur terre et de surtout rester connecté à la réalité de tous les travailleurs que nous défendons chaque jour au Parlement. Ça en étonne certains, mais la classe politique belge ferait mieux d’apprendre de notre culture politique plutôt que de persister avec leur propre culture du luxe et des privilèges. Pour ce faire, nous voulons que les indemnités des parlementaires soient divisées par deux », propose Germain Mugemangango.
« Le seul moyen d’éviter de nouvelles dérives, c’est que les femmes et les hommes politiques ne puissent plus s’enrichir en faisant de la politique. Quand on vit avec 6 000 euros net par mois, les préoccupations ne sont plus les mêmes. Les standards deviennent différents au point qu’on imagine même plus voyager en classe économique… » précise-t-il.
« À propos de la suite des événements au Parlement wallon, il est évident que tout le Bureau doit démissionner et qu’une nouvelle équipe doit prendre le relais. Tout parti confondu, les membres actuels du Bureau sont complices de ce qu’il s’est passé ces dernières années, et nous voulons surtout que ce nouveau Bureau reparte de zéro. A commencer par annuler ses propres privilèges. Je veux parler des indemnités spéciales qui s’élèvent à un peu plus de 800 euros bruts mensuels pour le Bureau et 5 500 euros brut mensuel pour le Président du Parlement. Les députés ont déjà une rémunération de près de 7 000 euros net par mois, il n’y a pas besoin d’en rajouter. Il n’y a aucune raison que les parlementaires du Bureau et le Président du Parlement wallon bénéficient d’un traitement de faveur. »
« A côté des faits liés à l’utilisation de l’argent public qui posent problème, il ne faut pas oublier les agents du greffe qui ont subi 13 ans d’un management par le terreur, de harcèlement, des menaces de mort. La politique de ressources humaines doit radicalement changer. A commencer par permettre aux agents de se syndiquer mais aussi en les protégeant comme lanceurs d’alerte. De manière incompréhensible, le gouvernement wallon a refusé d’inclure les agents du greffe dans son décret permettant de protéger ces travailleurs des représailles en tant que lanceurs d’alerte qui ont dénoncé les dysfonctionnements dont nous parlons maintenant. De notre côté, nous n’avons pas l’intention d’abandonner ces travailleurs », conclut le chef de groupe.