Roberto D’Amico, de l’usine au conseil
Roberto D’Amico a fait son entrée au conseil communal de Charleroi. Cet ancien de Caterpillar est en colère contre les politiques antisociales de sa Ville. « Et cette colère, je vais m’en servir de manière constructive au conseil. » Rencontre.
Roberto a travaillé 30 ans à Caterpillar. « J’ai fait des études d’électronique et après j’ai commencé un bachelier en informatique. Mais je n’aimais pas trop. Je m’ennuyais. Alors, avec un pote, on a postulé chez Caterpillar pour déconner. On a fait ça un vendredi. Le lundi suivant, je commençais chez Caterpillar... »
Très vite, il rejoint le combat syndical. « Mon père, communiste, m’a dit de me syndiquer. Il avait raison. Leurs combats internes et externes à l’entreprise me passionnaient. On luttait pour une réduction collective du temps de travail puis on allait marcher contre la guerre en Irak... » Chez « Cat », l’utilité de mener ce combat lui semblait évidente : « Il y avait beaucoup de conflits entre la direction et les travailleurs. Surtout autour de la question de la réduction du temps de travail. Trois mois après le début de ma première grève, on a gagné. C’est ainsi que de CDD, j’ai pu signer un CDI. »
À l’usine, il y avait beaucoup de sympathie pour le PTB
Très vite aussi, cet ex-technicien de maintenance a rejoint le PTB. « Je suis au PTB depuis 25 ans. J’ai toujours été abonné à Solidaire et ça a contribué à mon engagement au PTB. J’avais beaucoup d’amis qui me parlaient du PTB en bien. J’ai cherché des infos par moi-même, je lisais déjà Solidaire et ça m’a convaincu. Et à l’usine, il y avait beaucoup de sympathie pour le PTB. »
Une première réussie
Depuis la fermeture de l’usine, ce père de deux enfants n’a pas coupé les ponts avec ses anciens collègues. « Même si je n’ai plus de fonction syndicale, je reste en contact avec eux puisque je suis accompagnateur social à la cellule de reclassement. »
Être candidat aux élections d’octobre pour le PTB était « logique » pour lui : « Durant toutes ces années à Caterpillar, j’ai consacré tout mon temps au syndicat, en dehors de ma vie de famille et de mon travail. Alors, quand Germain (Mugemangango, président du PTB local, NdlR) m’a demandé si je ne voulais pas être sur la liste, j’ai pu dire oui cette fois ! »
Pour une première fois, c’est réussi. Le voilà conseiller communal. Une tâche qui ne lui fait pas peur, loin de là ! « Après quatre mandats syndicaux, me voilà parti pour un mandat politique. En tant que syndicaliste, on écoute les travailleurs puis on retourne vers le patron pour lui dire ce que nos collègues nous ont dit. Puis on revient vers les travailleurs avec les réponses du patron. C’est exactement ce que le PTB fait au conseil communal. Je ne serai pas trop dépaysé donc ! »
Après avoir prêté serment au conseil, après l’avoir fait dans la rue, il est impatient de se plonger dans de nouveaux combats. Lesquels, en particulier ? « Ca, c’est difficile à dire. Il y en a plein. Ce matin, j’ai encore vu trois SDF qui dormaient devant une banque. Alors qu’à quelques mètres, il y a des logements inoccupés ! Ca me rend triste, évidemment, mais surtout ça me met en colère. Et cette colère, je vais m’en servir de manière constructive au conseil. »
Article publié dans le magazine Solidaire de janvier - février 2019. Abonnement.