Région wallonne : tous les indépendants qui subissent des pertes à cause de la crise doivent être soutenus
Le gouvernement wallon a prévu une prime de 5 000 euros pour les indépendants et les PME qui ont été obligés de fermer leurs portes suite aux mesures décidées par le Conseil national de sécurité. « C’est une bonne initiative, bien sûr, mais qui ne s’avère pas suffisante, explique Germain Mugemangango, chef du groupe PTB au parlement wallon. Je reçois des centaines de messages d’indépendants et d’indépendantes mécontents de constater qu’ils ne rentrent pas dans les critères d’octroi de cette prime de 5 000 euros. Il y a vraiment urgence à élargir ces critères. »
La Région wallonne, et particulièrement son ministre de l’Économie, Willy Borsus (MR), s’est effectivement appuyée sur la liste des secteurs fermés par le Conseil national de sécurité pour constituer la liste des secteurs qu’elle veut soutenir. « C’est un point de départ logique, poursuit Germain Mugemangango. Cependant, c’est sans compter tous les commerces et activités qui ne sont pas explicitement amenés à fermer suite aux décisions du Conseil national de sécurité, mais qui, en conséquence des mesures de distanciation et de confinement, se retrouvent dans l’impossibilité de réaliser leur chiffre d’affaires ou de poursuivre leur activité. Les glaciers peuvent ouvrir mais ne peuvent plus trouver de clients. Les chauffagistes ne peuvent plus entrer dans les maisons pour faire leur travail. Les kinésithérapeutes ne peuvent plus entrer en contact avec leurs patients. Les entreprises de construction sont à l’arrêt. Tous ces secteurs n’ont actuellement pas droit à la prime proposée par la Région wallonne et sont pourtant en grande difficulté. »
Pour le député wallon, il faut partir d’une logique différente : « Toutes les entreprises et indépendants qui peuvent démontrer des dommages importants liés à la crise du coronavirus doivent pouvoir prétendre à cette prime. Sinon, on sera confronté à un désert économique après la crise. Pour le moment, 21 000 dossiers ont été introduits auprès de la Région wallonne. Ce qui fait qu’actuellement, seulement 45 % des 233 millions initialement prévus se trouvent affectés aux primes demandées. Il y a donc encore de la marge pour d’autres secteurs. »
Germain Mugemangango est d’autant plus convaincu que c’est la direction à prendre que d’autres régions le font : « Dans le nord du pays, les indépendants peuvent tous introduire une demande de prime pour autant qu’ils démontrent une baisse importante de leur chiffre d’affaires par rapport à celui de l’année dernière. C'est par exemple le cas des kinésithérapeutes. À Bruxelles, ils sont aussi en train de réfléchir à l’élargissement de ce système de primes. Le gouvernement wallon doit suivre ces exemples. »
« Un dernier point essentiel est l’accompagnement des indépendants, conclut le député du parti de gauche. Plusieurs indépendants disent ne pas être parvenus à se faire entendre au numéro 1890 ou évoquent des problèmes juridiques restés sans réponse. Je suis conscient que la masse de travail doit être impressionnante, mais il est probablement nécessaire de consolider et de renforcer les équipes de suivi des indépendants et de créer une cellule de juristes pour les soutenir. Toutes ces mesures sont nécessaires sinon, lorsque la poussière de la crise retombera, on constatera des pertes financières énormes et des faillites en cascade chez nos indépendants. »