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Quels plans nous prépare l'Arizona et comment les arrêter ?

Jusqu'où vont vraiment les projets de De Wever et Bouchez ? Et quel sera  leur impact si on les laisse passer ? Anne Delespaul, présidente provinciale du PTB Anvers et membre du bureau du parti, présente le contexte global de l'attaque massive que nous prépare le futur gouvernement Arizona. Elle appelle à contrer ces plans avec une autre vision, plus sociale, de l'avenir et par une action forte de l'ensemble de la société.

Mercredi 18 décembre 2024

Anne Delespaul se tient sur une scène et parle dans le micro

Discours de Anne Delespaul, 

Soirée info sur le gouvernement Arizona,

Berchem, 12 decembre 2024

Nous vivons dans un monde qui change, un monde qui bascule, comme l’écrit Peter Mertens dans son livre Mutinerie. Le monde est en état de choc et de changement.

Des pays du Sud qui s'organisent à l'élection de Trump aux États-Unis, de la chute du gouvernement en France à la crise économique et politique en Allemagne.

Et nous pouvons et devons compter sur nous-mêmes pour faire basculer ce monde du bon côté.

Ce sera nécessaire. Parce que les attaques qui visent la classe travailleuse, la jeunesse et l'ensemble de la population ne doivent pas être sous-estimées : elles forment un ensemble plus vaste et cohérent.

C'est en voyant et en comprenant cet ensemble que nous découvrirons aussi les possibilités de résistance, de victoires et d'une alternative. Et nous verrons ainsi que nous pouvons gagner.

Après six mois, le gouvernement Arizona n'est toujours pas là. C'est parce qu'ils n'osent pas. Ils ont peur des réactions à leurs idées.

Anne Delespaul

Prenez le gouvernement de l'Arizona. Après six mois, il n'est toujours pas là. Bart De Wever, Georges-Louis Bouchez et consorts n'ont toujours pas réussi à saisir l' « occasion historique » dont ils parlaient après les élections.

Cela fait déjà six mois qu'ils ne trouvent aucune unité pour mettre en œuvre leurs mesures. Et ce n'est pas parce qu'ils ne font que se disputer (même si c'est aussi une partie de la vérité).

C'est parce qu'ils n'osent pas. Ils n'osent pas parce qu'ils ont peur des réactions à leurs idées.

« La TVA à 9 % ? Peut-être qu’il faudra laisser tomber ».

« Poursuivre les négociations sur des politiques antisociales alors qu’il faut encore gagner les élections communales ? Peut-être pas. »

« Discuter de qui va devoir payer maintenant ? Il va bien falloir le faire, parce que les syndicats nous harcèlent. »

Il est important en soi que la discussion porte sur ces sujets. Sur la richesse, sur qui va devoir payer, sur un impôt des super-riches. Encore une fois, il s'agit de questions de gauche.

Et le fait qu'elles ne soient pas hors jeu aujourd'hui est à mettre au crédit des syndicats, de la société civile, des jeunes, du mouvement des femmes, du mouvement de solidarité internationale, du mouvement pour la paix, et j'en passe. C'est une victoire des forces sociales de notre pays qui font avancer les idées et les revendications de la gauche.

À raison. Car le gouvernement en gestation n'est pas un gouvernement ordinaire. De Wever et Bouchez veulent imposer une stratégie du choc. Utiliser les moments de crise pour imposer leur propre programme. La journaliste canadienne Naomi Klein a écrit un livre à ce sujet, sur cette stratégie de la droite qui consiste à utiliser les crises pour faire passer ses idées et son modèle de société.

La crise du déficit budgétaire

La première crise qu'ils utilisent est celle du déficit budgétaire. « Il n'y a plus d'argent. » C'est pourquoi, selon De Wever, Bouchez et consorts, les coupes, les réformes et les restitutions deviennent « inévitables ». Le déficit budgétaire étant insoutenable, nous n'aurions pas d'autre choix que d'accepter l'austérité. 

Ils proposent donc toute une série de mesures :

  • Des mesures qui nous volent nos pensions et nos dernières années de vie en bonne santé. Travailler jusqu'à 67 ans, moins de pension. Une réduction des pensions pour tous ceux qui n'ont pas 35 années de travail « effectives », par exemple.
  • Des mesures qui vont démolir nos services publics. Aussi bien en s'attaquant au statut des personnes travaillant dans le secteur public que par des coupes sur les services essentiels dont nous avons tous besoin.

Pourtant le problème n'est pas celui des dépenses, mais celui des recettes. Ce déficit budgétaire « insoutenable » n'est pas dû à une « prodigalité » en matière de salaires, de pensions, d'avantages sociaux ou de services publics, mais à l'absence d'impôt sur les super-riches, aux cadeaux fiscaux accordés aux grandes entreprises et à la réduction des cotisations sociales.

Cette dernière est intéressante. Parce qu'il s'agit de notre sécurité sociale collective, pour laquelle nous travaillons tous. Notre salaire différé dont nous pourrions avoir besoin en cas de maladie, de chômage ou en partant à la retraite.

De Wever et Bouchez disent aujourd'hui à ce sujet que nos pensions sont impayables. Mais c'est le gouvernement MR-N-VA de Charles Michel qui a érodé cette même sécurité sociale il y a quelques années avec son fameux tax shift. Neuf milliards d'euros ont été enlevés aux cotisations sociales. Neuf milliards d'euros qui ont été offerts en cadeau aux grandes entreprises, sans rien en retour, puisque les nouveaux emplois promis n'ont pas été créés. Il faut juste inverser ce transfert fiscal.

Mais que Conner Rousseau et Vooruit continuent à considérer une taxe des super-riches comme une mesure symbolique pour faire avaler la pilule amère aux autres, je trouve ça incompréhensible.

Anne Delespaul

Et tant qu'on parle de recettes, ce sont les super-riches qui doivent payer. La taxe des millionnaires est un deuxième point important. Les partis de l'Arizona proposent maintenant d’aller chercher 2/3 auprès des travailleurs et 1/3 auprès des autres. Et sur ce tiers, peut-être, si possible, un tiers serait prélevé auprès des grandes fortunes. Ça veut donc dire 1/9 pour les super-riches, 8/9 pour la population.

Il y a un problème. Que De Wever ou Bouchez n'apprécient pas que leurs copains doivent payer plus, je peux le comprendre. Mais que Conner Rousseau et Vooruit continuent à considérer une taxe des super-riches comme une mesure symbolique pour faire avaler la pilule amère aux autres, je trouve ça incompréhensible.

Une taxe des millionnaires n'est pas une politique symbolique pour faire avaler des économies à la classe travailleuse. C'est une alternative fiscale et budgétaire pour garantir notre sécurité sociale, nos services publics et notre santé. 

La crise de l'industrie et de l'économie

La deuxième crise qu'ils citent est la crise de notre industrie, de l'économie. Tous les jours, on entend parler de problèmes. Cette crise sera exacerbée par l'arrivée de Trump.

Selon De Wever, Bouchez et consorts, le problème se situe au niveau des charges salariales. La crise ? La faute aux travailleurs qui coûtent trop cher, bien sûr. Les solutions ? « Restaurer notre compétitivité » en gelant les salaires et en s'attaquant à notre index.

Ici aussi, ils proposent toute une série de mesures :

  • Mesures pour continuer à bloquer les salaires et affaiblir l'index. 
  • Mesures visant à réduire nos droits du travail : les heures supplémentaires sans sur-salaire, le travail de nuit sans compensation, l'abolition de la journée de travail de 8 heures et de la semaine de travail de 38 heures.
  • Mesures visant à rendre le dialogue social et les conventions collectives plus difficiles.

Mais le problème, ce n'est pas les salaires ou les droits du travail. Alors c’est quoi ?

Le premier problème de notre industrie est le coût de l'énergie. Les prix sont beaucoup trop élevés. Pourquoi ? 

  • Parce que cette énergie est entre les mains d'une poignée de grands acteurs privés, sans aucun contrôle public. Engie-Electrabel fait partie du problème. 
  • Mais aussi parce qu'en Europe, nous payons aujourd'hui le gaz américain quatre à cinq fois plus cher que ce les américains paient eux-mêmes aux États-Unis. Avec ces prix excessifs, nos soi-disant alliés pillent notre économie. Nous devons cesser de bêtement suivre les États-Unis, y compris pour notre approvisionnement en énergie.

Un deuxième problème de notre industrie est le manque d'investissement dans la technologie. Aujourd'hui, en Europe, nous ne faisons qu'accumuler un retard en matière de développement technologique. Nous devons exiger que les investissements soient réalisés efficacement aujourd'hui, au lieu de continuer à accepter une fuite des capitaux sous forme de dividendes aux actionnaires.

Ce n'est pas en revenant aux conditions de travail du XIXe siècle et aux salaires du XXe siècle que nous construirons l'industrie du XXIe siècle.

Anne Delespaul

Un troisième problème est que la seule vision industrielle que l'Europe construit aujourd'hui est celle qui consiste à donner des subventions aux multinationales sans demander grand chose en retour. Nous devons investir nous-mêmes, publiquement, dans l'énergie verte, dans le développement technologique, dans les mesures logistiques. Arrêtons de penser que le marché de l'offre et de la demande va résoudre le problème.

Ce n'est pas en revenant aux conditions de travail du XIXe siècle et aux salaires du XXe siècle que nous construirons l'industrie du XXIe siècle. Ce n'est pas avec les relations commerciales du passé que nous construirons l'industrie du futur.

Notre vision de l'avenir est la suivante : partons de la classe travailleuse qui crée la richesse, partons des investissements publics dans le développement technologique et partons du choix des technologies vertes de l'avenir.

La guerre en Ukraine

La guerre est la troisième crise utilisée par De Wever, Bouchez et consorts pour leur stratégie. Ils nous font croire qu'il faut investir beaucoup plus dans l'armée et dans la guerre. Ils nous font croire qu'il faut « protéger la paix », « défendre la patrie ». Ou comme Francken l'a dit récemment dans Humo : « Plus de force dure, parce que beaucoup d'argent va déjà aux forces douces, comme la sécurité sociale. »

Ils proposent donc à nouveau des mesures dans ce domaine :

  • Doubler le budget militaire.
  • Suivre à la lettre la politique de guerre de l'OTAN.
  • Un soutien plus fort aux politiques génocidaires d'Israël contre le peuple palestinien.

La guerre est toujours une question d'argent, de pétrole, de ressources, de richesse. Elle n'a rien à voir avec les droits humains ou les valeurs et les normes. Plus on produit d'armes, plus il y a de guerres. Après tout, les armes sont faites pour être utilisées et donc pour faire la guerre. La paix ne se construit pas par une escalade militaire permanente.

En tant que classe travailleuse en Europe, nous n'avons rien à gagner à plus de violence de guerre, à plus de langage guerrier et à plus d'investissements dans l'arsenal militaire.

Anne Delespaul

Le monde bascule. Après des décennies de domination autocratique des États-Unis avec leur supémacie économique, monétaire et militaire, d'autres pays se renforcent : l'Inde, le Brésil, la Chine disent qu'il faut en finir avec ce monde. Les pays des BRICS produisent aujourd’hui plus de richesses que le G7. La question est de savoir quelle place l'Europe occupera.

Continuerons-nous à suivre aveuglément les États-Unis et l'OTAN ? Ou allons-nous tendre la main à ces pays du Sud pour un monde multipolaire et pour une coopération ?

Voilà la question en termes de paix et de guerre. Dans les pays du Sud, l'hypocrisie de l'Occident est de plus en plus dénoncée. La Russie a fait l'objet de sanctions successives. Et alors que chaque jour nous pouvons assister au génocide de Gaza en direct sur notre télévision et nos smartphones, il n'y a toujours pas de sanction, pas de condamnation ferme de Netanyahou et d'Israël. Cette hypocrisie de l'Occident, la majorité de l'humanité la voit clairement.

Nous devons être plus actifs sur ces thèmes. Il en va de même pour la lutte pour la paix. Parce qu'en tant que classe travailleuse en Europe, nous n'avons rien à gagner à plus de violence de guerre, à plus de langage guerrier et à plus d'investissements dans l'arsenal militaire. La paix par la diplomatie est la voie à suivre.

L'autoritarisme du gouvernement de l'Arizona : « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre tout le monde »

De Wever et Bouchez veulent nous faire croire que nous n'avons pas le choix. Ils prétendent que l'urgence exige leurs politiques antisociales, autoritaires et pro-guerre. Ils tentent de créer un climat où toute forme de contre-pouvoir serait un danger.

Vous avez un point de vue différent sur la relance de l'industrie ? Vous chassez l'industrie.

Vous voulez vous attaquer au déficit budgétaire sans faire payer la population ? Vous conduisez le pays à la faillite.

Vous êtes contre l'envoi d'armes à l'Ukraine ? Vous êtes pro-Poutine.

Non seulement ils utilisent cette vision, mais ils ont aussi des mesures prêtes pour réprimer toute voix contraire :

  • Ils veulent que les syndicats soient dotés d'une personnalité juridique.
  • Le projet de loi anti-manifestation est à nouveau sur la table, bien que nous nous en soyons déjà débarrassés une fois avec un front très large.
  • Georges-Louis Bouchez a même suggéré que les communes où le PS et le PTB sont dans la majorité soient placées sous tutelle concernant les politiques budgétaires et la sécurité.

Nous refusons cette stratégie du choc, cette brutalité et cet autoritarisme. Nous avons besoin de nuance, d'ouverture et de droit à la résistance. Nous devons choisir la solidarité et la démocratie plutôt que la peur et l'oppression.

Nous n'allons pas seulement devoir lutter contre les attaques socio-économiques qui nous assaillent, nous allons aussi devoir nous battre pour avoir le droit d'aller à l'encontre de toutes ces idées.

Anne Delespaul

Nous n'allons pas seulement devoir lutter contre les attaques socio-économiques qui nous assaillent, nous allons aussi devoir nous battre pour avoir le droit d'aller à l'encontre de toutes ces idées, de nous organiser, de construire un contre-pouvoir.

La stratégie du « diviser pour mieux régner »

De Wever, Bouchez et consorts divisent la société en deux groupes. Il y a d'un côté les fonctionnaires privilégiés, les chômeurs profiteurs, les malades de longue durée, les retraités qui partent trop tôt, les réfugiés criminels, les musulmans ultraconservateurs... Et de l'autre côté, il y aurait le Belge qui travaille dur. Et qui est victime de ce premier groupe profiteur, privilégié et perturbateur de la société.

Cette rhétorique a un double objectif :

  1. Nous diviser pour nous affaiblir. Ils essaient d'empêcher ce qui est notre plus grande force : l'unité de la classe travailleuse. Quand nous sommes divisés, nous nous sentons petits et isolés. Ils veulent que nous nous sentions faibles et impuissants.
  2. Rendre invisibles les vrais profiteurs : Pendant que nous nous laissons diviser, les riches, les gros actionnaires et les milliardaires continuent de profiter de notre travail sans avoir à rendre de comptes.

Trouvons de l'espoir et du courage dans la façon dont De Wever, Bouchez et consorts se divisent déjà aujourd'hui, bien plus qu'ils ne pourront nous diviser. Regardons vers le haut, plutôt que l'un vers l'autre.

La force qui peut émaner de notre unité est ce qu'ils craignent le plus.

Anne Delespaul

Partons de ce qui nous unit en tant que travailleurs et demandeurs d'emploi, en tant que retraités et jeunes, en tant qu'employés et fonctionnaires, en tant que Flamands et Wallons, en tant que natifs et immigrés, en tant qu'athées et musulmans... Car la force qui peut émaner de notre unité est ce qu'ils craignent le plus.

Conclusion

Chers amis, aujourd’hui, les partis de droite sont dans une position beaucoup plus faible qu'ils ne le pensent. Cette propagande a ses limites, les gens se posent des questions, ils veulent savoir où va le monde et pourquoi. Nous devons offrir des réponses de gauche à ces questions. Avec l'espoir que le monde puisse évoluer dans une autre direction.

Parce qu'il existe une autre voie.

Une voie sociale où le respect des travailleurs est plus important que le profit des élites.

Une voie démocratique où les protestations populaires sont écoutées plutôt que réprimées.

Une voie pacifique où la diplomatie et la coopération remplacent la course aux armements et l'escalade militaire.

C'est la voie que nous voulons suivre, avec la classe travailleuse de ce pays, avec les syndicats des secteurs privé et public, avec la vie associative, les mutuelles, la jeunesse, le mouvement féministe, le mouvement climatique, avec les artistes et les intellectuels, avec les Flamands, les Wallons et les Bruxellois... avec toutes celles et ceux qui croient que l'économie et la société doivent être au service des gens, et non l'inverse.

Nous devons être fiers, fiers de faire partie des idées, du mouvement et de la classe de l'avenir. Nous devons oser rêver à nouveau, rêver d'une société différente.

Anne Delespaul

Avec leur stratégie de division et de conquête, ils veulent nous faire sentir petits, isolés et faibles face à leur pouvoir. Mais nous ne sommes pas petits, nous ne sommes pas faibles et nous ne sommes certainement pas impuissants. Au contraire, si nous conjugons notre unité et notre travail, si nous nous unissons, rien ne peut nous arrêter.

Nous devons être fiers, fiers de faire partie des idées, du mouvement et de la classe de l'avenir. Nous devons oser rêver à nouveau, rêver d'une société différente. Plus nous oserons rêver ensemble, plus nous partirons de notre grandeur, de notre force et de notre puissance, plus nous verrons que ce rêve est tout à fait réaliste. La connaissance de leurs mensonges et cet espoir nous donnent aussi la possibilité de gagner.

Ensemble nous sommes plus forts.

L'espoir vit là où brille la solidarité, Toujours Rebelles

Vous êtes invités !

Venez célébrer une nouvelle année de solidarité et de lutte à l'une de nos réceptions du Nouvel An.

Image des têtes de Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez avec le texte "Stop De Wever & Bouchez"

Stop Arizona

Bart De Wever négocie avec le MR, Les Engagés, le CD&V et Vooruit pour former un futur gouvernement. Les premières révélations sur le contenu de leur plan révèlent une attaque globale antisociale, antidémocratique, contre la paix, tout en promettant une complaisance avec le génocide en cours en Palestine. Nous n'allons pas les laisser faire.