Proximus : Pour le maintien d'emplois à part entière dans une entreprise de service public elle aussi à part entière
Le 9 janvier dernier, nous avons appris que Proximus entendait licencier 1 900 de ses agents et en engager 1 250 autres. 1 500 emplois sont également menacés parmi les sous-traitants, notamment dans les centres d'appel en Belgique. Le mardi 15 janvier, les syndicats de Proximus étaient en grève. 2 000 agents Proximus, ainsi que des syndicalistes solidaires, ont répondu présents pour participer aux piquets de grève installés devant les tours Proximus, près de la gare du Nord, à Bruxelles.
Le 29 janvier, les syndidats des centres d'appel ont mené une action au cabinet de Chris Peeters. Le 22 janvier, les syndicats de Proximus avaient assisté à une première séance d'information élargie, qui s'est poursuivie le 29 janvier. Le groupe PTB à la Chambre a introduit une proposition de loi visant à permettre aux autorités, au gouvernement ainsi qu’au parlement d'intervenir pleinement au sein de cette entreprise qui appartient à 53 % à l'État.
Les pouvoirs publics doivent assumer leur responsablité
Tant la directrice générale de Proximus, Dominique Leroy, que le gouvernement soutiennent fermement que ce dernier ne peut intervenir parce que Proximus est une entreprise publique autonome. C'est absurde! S’il y a bien un droit que le capitalisme respecte, c'est le droit de propriété. Proximus appartient à la collectivité à 53 %, et le gouvernement fédéral représente la collectivité au sein de Proximus.
Il y a deux ans, le gouvernement a limité, par une modification de la loi sur les entreprises publiques, les moyens formels dont il disposait pour contrôler Proximus et d'autres entreprises publiques cotées en Bourse. Les partis au gouvernement peuvent évidemment rester pleinement informés des actvités de l'entreprise par l'intermédiaire de leurs représentants au conseil d'administration. La modification législative a principalement pour objectif de court-circuiter l'opinion publique et les partis favorable au maintien des services publics.
Les statuts de Proximus lui permettent par ailleurs d'intervenir en convoquant une assemblée générale extraordinaire. Le gouvernement entend toutefois se mettre lui-même sur la touche. Le groupe du PTB à la Chambre a introduit une proposition de loi visant à rétablir les possibilités de contrôle telles qu'elles prévalaient auparavant et à conférer un droit d'initiative au Parlement. Alors que le gouvernement, depuis quatre ans, fait grand cas de ses mesures de création de "jobs, jobs, jobs", une entreprise sur laquelle il exerce les pleins pouvoirs se permet de liquider 1 900 emplois au sein de sa maison mère et 1 500 emplois parmi ses sous-traitants.
Proximus ne peut fonctionner comme une entreprise cotée en Bourse axée sur le profit
À l'instar des entreprises publiques des secteurs énergétique et du transport, un opérateur de télécom public n'est pas un anachronisme comme le prétendait le presque ex-ministre de l'Open Vld, Philippe De Backer. Depuis la quatrième révolution technologique, le contrôle des données des entreprises et des citoyens revêt une importance cruciale par rapport à la question du contrôle de la société. Retirer complètement ce contrôle des mains de l'État par la privatisation soumet encore plus la communauté à la soif de profit des 1 %.
Une entreprise publique se doit également de travailler sur la base d'une phisolophie de service public. Ce n'est pas le cas de Proximus, qui ne témoigne de l'intérêt que pour le profit, les dividendes de ses actionnaires. Ce point de vue est soutenu par la plus grande partie de l'actionnaire majoritaire. Chaque année, un petit demi-milliard d'euros comble le déficit budgétaire; il faut en profiter. Les détenteurs du pouvoir néolibéral considèrent comme un détail le fait que le profit soit généré sur base du travail des agents de Proximus ainsi que des factures des citoyens.
Une entreprise publique en concurrence avec des firmes privées a pour mission de maintenir, pour ses collaborateurs, des conditions de travail et de rémunération de qualité. Si les conditions de travail chez Proximus sont meilleures que dans une entreprise concurrente, ses conditions devront être améliorées pour qu'elle puisse conserver un nombre suffisant de travailleurs qualifiés et motivés. Les plans de la direction de Proximus et de ses amis au gouvernement compromettent ce rôle d'exemple. Proximus prétend qu'elle ne sera plus compétitive sans ce plan de transformation. "Compétitive" pour les bénéfices engrangés par ses actionnaires, ou "compétitive" pour les services qu'elle fournit aux citoyens et la qualité de l'emploi qu'elle doit assurer à son personnel?
La numérisation ne peut être un prétexte pour supprimer l'emploi
La direction de Proximus prétend que 1 900 de ses agents ne sont pas qualifiés pour assurer le passage aux technologies numériques. Rien n'est moins vrai. Proximus emploie encore 3 000 agents contractuels (sur 12 000). Ces derniers sont protégés par leur statut et bénéficient de barèmes salariaux élevés, notamment lorsqu'ils sont en fin de carrière. Le recrutement statutaire ayant été suspendu autour de 1995, la plupart de ces agents sont effectivement en fin de carrière. Les derniers plans de réduction du personnel ont toujours reposé sur des régimes de retraite anticipée sérieux. Cette fois, cependant, ce n'est pas aussi évident. Le plan de transformation représente surtout une attaque contre l'emploi, de même que les conditions de rémunération et de travail. Les 1 250 nouveaux emplois qui ont été promis ne seront pas pourvus chez Proximus. Une part importante sera créée au sein de la filiale Telindus, qui applique des barèmes moins élevés. La charge de travail étant déjà importante chez Proximus, on ne peut y admettre une diminution d'effectifs.
Investir dans la formation est impératif
Toutes les entreprises du 21e siècle, et certainement celles du secteur des hautes technologies, savent qu'elles doivent investir dans la formation de leurs travailleurs. Selon les organisations syndicales, Proximus a négligé cette question, pour ensuite déclarer que ses travailleurs ne souhaitent pas ou ne peuvent pas collaborer. L'entreprise se rend en fait coupable de négligence.
En tant qu'entreprise publique, Proximus doit privilégier son personnel avant le profit. Il y a suffisamment de moyens financiers pour les programmes de formation. Il faut mettre tout en oeuvre pour préserver un maximum d'emplois et remplacer les membres du personnel en fin de carrière par des jeunes sous un statut Proximus à part entière.
Une action commune nécessaire avec la maison mère et les sous-traitants
Le 30 janvier, seuls les syndicats de Proximus étaient invités à l'audition de la commission de la Chambre. Nous déplorons cette situation. Tous les collaborateurs – de la maison mère, des filiales et des entreprises sous-traitantes – s'emploient de concert à fournir les services et à générer les bénéfices de Proximus. Ce sont ces travailleurs, dans leur ensemble, qui sont menacés par les plan de la direction.