Privatisation de Voo : contrairement aux promesses, il n'y aura aucune garantie pour les travailleurs
Le Conseil d'administration (CA) d’Enodia doit se prononcer aujourd’hui sur la validation de la vente du câblo-opérateur Voo à la multinationale privée Orange. Le PTB votera contre cette vente car pour le parti de gauche, les motifs d'inquiétude sont nombreux.
Selon Germain Mugemangango, chef de groupe du PTB au Parlement wallon, les nouvelles ne sont pas bonnes pour les travailleurs du câblo-opérateur : « Le maintien et le développement de l’emploi au call center des Hauts Sarts à Herstal, le maintien du siège social et la protection de la sous-traitance sont mentionnés. Mais ces garanties ne sont pas bétonnées et la composition du CA permettra facilement de faire sauter les protections : il suffira qu'un seul administrateur désigné par Nethys s'aligne avec les administrateurs d'Orange pour les mettre à mal. Et s'ils interdisent pour l'instant les licenciements collectifs, il peuvent quand même restructurer si le coût du plan social ne dépasse pas 2 millions d'euros, sans parler de la possibilité de remettre en cause les conditions auxquelles sont soumis les sous-traitants. Et lorsqu’on voit les restructurations à répétition mises en place par Orange en France, on a de quoi s’inquiéter. »
Pour le député du parti de gauche, ces éléments remettent en question la vente de Voo : « Les travailleurs, qui avaient déjà manifesté leur inquiétude pour leur avenir, ne seront pas rassurés. Il est irresponsable pour le gouvernement wallon d'Elio Di Rupo (PS) de ne pas intervenir pour préserver le caractère public de cet outil afin de protéger les travailleurs de l'entreprise. Le ministre de tutelle Christophe Collignon (PS) a le pouvoir d'interrompre ce processus pour préserver l'intérêt général ; nous lui demanderons à nouveau de mettre fin à cette vente lors de la prochaine commission. »
« Dans sa déclaration de politique régionale, le gouvernement wallon déclare vouloir “poursuivre le développement d’espaces publics numériques pour permettre l’accès collectif aux technologies numériques, comme un accès à internet et aussi vouloir déployer l’internet dans toutes les écoles mais aussi continuer à résorber la fracture numérique”. La meilleure stratégie pour arriver à ces objectifs est une stratégie publique. Dans le plan de relance, 195 millions d'euros sont prévus pour développer une connectivité numérique équilibrée du territoire. Donc céder un câblo-opérateur performant et bénéficiaire comme Voo au privé avec cette ambition numérique n’a aucun sens », selon Germain Mugemangango.
« Pour répondre aux besoins numériques de la population, il nous faut transformer Voo en véritable entreprise démocratique publique. Une entreprise où les citoyens, les travailleurs, les associations de consommateurs, auraient leur mot à dire dans la direction de l'entreprise, et où tout un chacun pourrait contrôler les décisions via des retransmissions des conseils d'administration et une possibilité d'interpellation. Le président de Solidaris, Jean-Pascal Labille, disait : “L’accès universel à internet, voilà une belle mission de service public.” Donnons-nous les moyens de mettre cela en place », conclut le chef de groupe PTB.