Préserver le pouvoir d'achat des jeunes ou le luxe des ultra-riches ?
Alors que la précarité estudiantine est de plus en plus présente (elle touche plus d’un étudiant sur trois) et que de nombreux jeunes travailleurs alternent les contrats d’intérim et les périodes de chômage, le ministre wallon de la Mobilité, François Desquesnes (Les Engagés), a profité des congés scolaires de la Toussaint pour annoncer la suppression de l’abonnement à 1 euro par mois pour, entre autres, les jeunes de 18 à 24 ans.
Parmi ses justifications ? La Wallonie n’a pas d’argent pour cette mesure sociale.
« Cette justification me laisse perplexe, déclare Germain Mugemangango, chef de groupe PTB au Parlement wallon. La (quasi) gratuité coûte 30 millions d’euros par an mais le budget total wallon est de… 19 milliards d’euros. Donc le message du gouvernement MR/Engagés est clair : les jeunes ne seront pas leur priorité. Ce n’est pas une question de moyens mais uniquement de volonté politique. »
Pour ce gouvernement, les jeunes et leur famille peuvent payer, mais pas les milliardaires.
Chef de groupe du PTB au parlement wallon
Et il ajoute : « Ce qui est fou, c’est que la même semaine, le même gouvernement MR/Engagés déclare vouloir ne percevoir aucune taxe sur les jets privés utilisés par les milliardaires de notre pays. C’est la réponse que mon camarade député Jori Dupont a eu de la part de la ministre wallonne du Climat, Cécile Neven (MR), lorsqu’il lui a posé la question. Donc pour ce gouvernement, les jeunes et leur famille peuvent payer, mais pas les milliardaires. »
« C'est pourtant bien ça qu’il faut faire, affirme notre député. Puisque le ministre Desquesnes cherche de l’argent, nous avons une proposition concrète à lui faire pour aller chercher l’argent là où il est : une taxe de 2000 euros pour chaque décollage ou atterrissage de jets privés dans les aéroports wallons. Cela rapporterait 14 millions d’euros et cela pourrait financer une grande partie des abonnements des jeunes. Surtout qu’il faut savoir qu’à l’aéroport de Zaventem, depuis avril 2023, les jets privés sont soumis à une taxe. Alors pourquoi ce qui se fait là-bas ne pourrait-il pas être mis en place en Wallonie ? »
Taxer la mobilité luxueuse et très polluante des ultra-riches pour faciliter la mobilité des jeunes et préserver leur pouvoir d’achat, ainsi que celui des familles, est une question de justice sociale et climatique
Chef de groupe du PTB au parlement wallon
Fin octobre, l’ONG Oxfam a publié un rapport sur l’impact des ultra-riches sur le réchauffement climatique. Selon Oxfam, l’homme le plus riche du monde, le milliardaire français Bernard Arnault, émet « 1 200 fois plus d'émissions de CO2 qu'un Français moyen ».
Pour arriver à une telle pollution, l’ONG dénonce en particulier le moyen de transport favori de ces personnes : les jets privés. C’est pourquoi, elle préconise « d'interdire ou de taxer de manière dissuasive les consommations de luxe à forte intensité de carbone ».
« Taxer la mobilité luxueuse et très polluante des ultra-riches pour faciliter la mobilité des jeunes et préserver leur pouvoir d’achat, ainsi que celui des familles, est une question de justice sociale et climatique », plaide Germain Mugemangango.
« Donc le gouvernement wallon MR/Engagés mange deux fois sa parole, conclut-il. Il s'était engagé à soutenir le pouvoir d'achat des travailleurs et à protéger les familles. En retirant la quasi gratuité des abonnements, ce gouvernement fait l’inverse de ce qu’il dit en plus de s’attaquer au climat. Mais les jeunes ne veulent pas se laisser faire. Ils résistent et nous allons les soutenir. »
Signez notre pétition
Pour mettre la pression sur le gouvernement wallon afin de préserver le pouvoir d'achat des jeunes, signez notre pétition pour le maintien de la quasi gratuité des transports en commun pour les jeunes :