Première mobilisation contre le gouvernement des casseurs
Des milliers de manifestants ont dit un premier grand « non » au plan Arizona de De Wever-Bouchez. «Non » au gouvernement des casseurs. Et ils ont raison.
Des milliers de manifestants ont dit un premier grand « non » au plan Arizona de De Wever-Bouchez. « Non » au gouvernement des casseurs. Et ils ont raison.
Depuis cinq mois, les cinq partis de l’Arizona – N-VA, MR, Les Engagés, CD&V et Vooruit – négocient un accord de gouvernement. Les notes se sont succédé sur la table... mais le contenu reste toujours le même : la classe travailleuse passe à la caisse, tandis que les riches et les multinationales reçoivent des cadeaux. Tandis que les budgets militaires augmentent et que nos droits fondamentaux régressent.
Grâce à la pression des syndicats, de la société civile et de l’opposition politique, les partis qui négocient n’ont pas osé finaliser un accord. Et vu ce qu’il y a sur le table en ce moment, c’est une première victoire.
« Beaucoup de gens sont inquiets des plans de De Wever, explique Ann Vermorgen, présidente de la CSC. Ils sont fâchés et ils ont raison. C’est pourquoi nous serons en action le 1 de chaque mois, aussi longtemps qu’il le faudra. »
« Nous devons continuer à nous mobiliser, poursuit Thierry Bodson, président de la FGTB. Et peut-être aller vers des actions beaucoup plus fortes, vers une manifestation nationale. Et si tout ce qui est sur la table des négociations se transforme en accord de gouvernement, si les travailleurs nous le demandent, nous irons même vers la grève. Il n’y a pas d’autres solutions par rapport à ce qui est sur la table. »
Que prévoit le plan de l’Arizona ?
En résumé : réduire les primes de nuit et les heures supplémentaires, bloquer les salaires, affaiblir l’indexation salariale et augmenter la TVA. Les pensions sont également dans le viseur : suppression des prépensions (appelées RCC), prolongation de la durée de travail via une nouvelle formule de pension et élimination de nombreuses périodes assimilées. En plus, un nouveau mécanisme de sanction (malus pension) est prévu pour dissuader ceux qui voudraient partir quelques années plus tôt.
Les services publics ne sont pas épargnés, pas plus que les personnes malades ou sans emploi. Tout le monde doit faire des sacrifices, sauf les ultra-riches.
Thierry Bodson (FGTB) : « La petite augmentation de pouvoir d’achat que promettent les négociateurs sera entièrement récupérée par l’augmentation de la TVA et la manipulation de l’indexation automatique des salaires et des allocations. »
Ann Vermorgen (CSC) : « “Ça ne peut pas être autrement”, explique De Wever. Non seulement ça peut être autrement, mais cela doit l’être. Pourquoi les négociateurs ne viennent-ils pas avec un impôt de crise sur les grosses fortunes ? Pourquoi ne viennent-ils pas avec une vraie et complète taxe sur les plus-values sur actions ? Pourquoi ne s’attaquent-ils pas à l’évasion et à la fraude fiscale qui coûte chaque année l’équivalent du budget des soins de santé ? »
Pour extraire 20 milliards d’euros des poches de la classe ouvrière, De Wever-Bouchez veulent écraser toute résistance sociale. Les notes regorgent donc d’attaques contre nos droits démocratiques : affaiblir la protection des syndicalistes, imposer une personnalité juridique aux syndicats pour les rendre financièrement vulnérables devant les tribunaux, tenter à nouveau d’introduire une loi anti-manifestations, etc.
Ann Vermorgen (CSC) : « Une importante délégation d'organisations travaillant avec des personnes et des organisations du Sud est également présente aujourd'hui. Ils nous soutiennent, mais nous soutenons également leur lutte, car De Wever veut réduire de moitié les fonds destinés à la coopération au développement. »
Alain (militant FGTB) : « Nous luttons contre l’injustice, sur le lieu de travail et au-delà. Les syndicalistes représentent le contre-pouvoir face à la soif de profit des patrons. C’est pourquoi De Wever et Bouchez nous attaquent directement. Ils veulent nous retirer la petite protection légale dont nous disposons encore aujourd’hui. À travers diverses mesures, ils cherchent à affaiblir les syndicats. Est-ce que ce pays est en train de devenir une dictature ? Pas avec nous, ça c’est sûr. »
Gouvernement des casseurs vs. résistance sociale
Un gouvernement qui attaque nos droits sociaux, vole nos pensions, détruit notre pouvoir d’achat et sape nos droits démocratiques : il n’y a qu’un mot pour le qualifier : gouvernement des casseurs.
Les syndicats, la société civile et le PTB ont vite compris les intentions de De Wever-Bouchez. Ces derniers mois, ils ont informé leur base avec des tracts, des cartes blanches et des interviews. Petit à petit, il est devenu clair pour tout le monde ce que représente l’Arizona : un désert où rien ne pousse.
La prise de conscience croissante et la colère montante de la classe ouvrière ont porté leurs fruits. Les partis de l’Arizona deviennent nerveux. Ils commencent à craindre sérieusement une vague de résistance qui pourrait bouleverser le pays comme en 2014.
Comme le rappelle le président du PTB, Raoul Hedebouw : « Si le futur gouvernement a du mal à conclure ses mauvais plans, c’est bien parce qu’ils sont sous pression. » Cette première victoire donne envie d’en obtenir plus, à savoir un accord gouvernemental équitable qui va chercher l’argent là où il se trouve : chez les super-riches.
Si le futur gouvernement a du mal à conclure ses mauvais plans, c’est bien parce qu’ils sont sous pression.
Président du PTB et député à la Chambre
L’action d’aujourd’hui montre que la résistance sociale est forte et large. Des milliers de porte-paroles de la diversité de notre société avec des syndicalistes du privé et du public, du Nord, du Centre et du Sud du pays, des activistes pour la paix, des défenseurs des droits fondamentaux ou des acteurs du monde associatif.
Ann Vermorgen (CSC) : « Ne vous laissez pas monter les uns contre les autres. Fonctionnaires contre travailleurs du privé, ceux qui travaillent contre ceux qui cherchent un travail, travailleurs en bonne santé contre ceux qui sont malades. De Wever nous a tous dans le viseur. De Wever veut tous nous plumer. Et nous ne pourrons l'en empêcher que si nous tirons et continuons à tirer dans le même sens. »
Thierry Bodson (FGTB) : « Ce qui se passe aujourd’hui est la preuve que le monde du travail est en train de comprendre ce qui est en train de se passer. Il y a eu une mobilisation formidable au niveau du non-marchand il y a quelques semaines, la grève des enseignants en Fédération Wallonie-Bruxelles… Les gens bougent et on ne se laissera pas tromper. »
Tous ceux qui se battent pour une société chaleureuse déclarent haut et fort : nous ne voulons pas de ce gouvernement des casseurs. No pasaran.