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Pourquoi nous devons enfin prendre au sérieux la lutte contre les violences sexuelles

Les femmes ont le droit d'être en sécurité à la maison, à l'école, au club de sport ET dans la vie nocturne. Mais on en est encore loin. La semaine dernière, les gens sont descendus dans la rue dans plusieurs villes après qu'un jeune étudiant en gynécologie de Louvain a été reconnu coupable de viol, mais... sans recevoir aucune sanction, entre autres justifications parce qu'il serait « jeune et talentueux ». L'affaire a suscité une vague de protestations, en ligne comme dans la rue. Les violences sexuelles sont un problème majeur dans notre société. Il est temps pour une véritable politique de lutte contre les violences sexuelles, car chaque victime est une victime de trop.

Jeudi 10 avril 2025

Groupe de femmes du PTB et de son mouvement de femmes Zelle lors du rassemblement à Louvain, avec le message "Pas une de plus. Stop aux violences faites aux femmes"

Sur la pancarte : « Pas une de plus. Stop aux violences faites aux femmes »

Une femme sur trois est victime de violences sexuelles

Un barman à Ixelles, du spiking à Courtrai, un étudiant en gynécologie à Louvain... Ces trois exemples récents de violences sexuelles suscitent le débat public et prouvent surtout à quel point le problème est profondément enraciné dans notre société. 

Une femme sur trois subit des violences sexuelles au cours de sa vie. On estime à 30 000 le nombre de viols commis chaque année. Seuls 4 % d'entre eux sont déclarés. Les victimes ont encore beaucoup de mal à porter plainte. Elles ont peur de ne pas être crues, ou que leur plainte soit classée sans suite. 

Ces inquiétudes ne sont pas sans fondement. Trop souvent encore, les victimes ne sont pas écoutées. En effet : la moitié des plaintes sont classées sans suite, et seuls 15 % des plaintes aboutissent à une condamnation.

Les violences sexuelles constituent un problème majeur encore trop sous-estimé et pas assez pris au sérieux. Résultat : les victimes sont laissées pour compte et les coupables s'en tirent bien trop souvent. L'impunité est encore trop présente.

Lorsqu’il y a des condamnations, elles restent souvent sans suites. Cela suscite la colère et la déception et tend à normaliser les violences sexuelles aux yeux des victimes, des coupables et de la société. Il faut comprendre cette réalité pour appréhender l’immense indignation et la contestation qui en découlent.

Coupable, mais sans conséquences ?

La condamnation de l'étudiant en gynécologie à Louvain s'inscrit dans le cadre du nouveau droit pénal sexuel, où le « consentement » occupe une place centrale. Le droit pénal stipule qu’une personne sous influence n’est pas en mesure de donner son consentement. Le fait que l'étudiant ait été reconnu coupable de viol et qu'il le reconnaisse lui-même est une application du nouveau droit pénal et constitue en soi un pas en avant dans la lutte contre les violences sexuelles.

Mais… cette condamnation n'a été assortie d'aucune conséquence ou condition. C'est tout à fait exceptionnel. 

Cela envoie un message à la société, message selon lequel les violences sexuelles ne sont pas si graves. Cela montre également aux victimes, qui éprouvent déjà d’énormes difficultés à porter plainte, que ces violences demeurent impunies. C'est un mauvais signal. 

C'est donc à juste titre que le parquet a fait appel. Même lorsqu'un juge décide de suspendre une peine, des conditions devraient au moins être imposées. C’est également l’avis de différents spécialistes qui se sont exprimés dans les médias. Selon eux, un suivi et un accompagnement appropriés sont nécessaires pour prévenir une récidive. 

C’est pourquoi il est recommandé de suivre une thérapie ou des cours pour mieux comprendre son propre comportement et son impact sur les autres et la société. Rien de tel n’est présent dans le verdict. C'est inacceptable. Une condamnation pour agression sexuelle ou viol ne devrait jamais être prononcée sans conditions.

En outre, l'une des considérations prises en compte pour ne pas imposer de conditions ou de sanctions était de ne pas compromettre l'avenir de l'étudiant en gynécologie. Il peut encore devenir gynécologue ? On parle du médecin qui traite les femmes lorsqu’elles sont les plus vulnérables. Cela nécessite une morale irréprochable. Comment le garantir, sans le moindre suivi ?

Justice de classe : deux poids, deux mesures

Une personne mérite-t-elle une peine plus ou moins sévère en fonction de son statut social ou de sa classe ? Mardi dernier, le tribunal de Louvain a décidé de n’infliger aucune peine à l'étudiant en gynécologie, entre autres sous prétexte que celui-ci est « jeune, talentueux et engagé » et afin de ne pas compromettre son avenir dans la profession. 

Pour déterminer la peine, le tribunal s’est basé sur ce qu'il considère comme une « position sociale favorable ». Un étudiant de l’enseignement professionnel ou un jeune ouvrier aurait-il pu bénéficier de la même indulgence juste sur la base de sa position dans la société ? Probablement pas. C’est une justice du deux poids deux mesures, une justice de classe. Le tribunal montre donc que si vous faites de grandes études ou si vous êtes de bonne famille, ce sont d’autres règles qui s’appliquent.

Pour une véritable politique de lutte contre les violences sexuelles

Les femmes ont le droit d'être en sécurité chez elles, à l'école, dans les clubs de sport... ET dans la vie nocturne. Cette discussion va au-delà du cas de Louvain, les violences sexuelles sont un problème structurel. Trop souvent, on entend encore « ne rentre pas toute seule », « fais attention à ce que tu fais », etc. comme s'il était de la responsabilité des victimes de ne pas se faire violer. Ce n'est pas le cas. C’est à l’ensemble de la société de veiller à ce que cela ne se produise pas. 

C’est pourquoi il faut mettre en place une politique efficace, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui. L'accord du gouvernement Arizona contient quelques bonnes pistes, mais il n’y a pas d’approche globale, et il n'est pas fait mention d'un budget concret, sans quoi les bonnes intentions restent de simples projets sur papier. Parmi les mesures proposées, trop peu s'attaquent aux racines structurelles du problème.

Notre organisation étudiante, Comac, fait pression pour qu'il y ait un point mauve dans chaque quartier étudiant. Basé sur le modèle espagnol, il s'agit d'un centre de signalement et d'assistance physiquement présent dans une zone de vie nocturne. On peut s’y rendre pour obtenir des informations ou de l'aide. C’est un point de contact direct avec la vie nocturne. 

Une présence sur le terrain a un effet sensibilisateur, et le personnel peut même garder un œil sur les événements et jouer un rôle de « témoin ».

Le soutien et l'aide aux victimes sont encore largement insuffisants. Il faut pouvoir les accueillir et les prendre en charge, et il est primordial de réduire les obstacles à la recherche d’aide. C’est pourquoi il faut améliorer l'accès à la ligne d'assistance 1712 et aux services de police. Trop souvent, les plaintes sont classées sans suite. 

Avec les cellules EVA (Emergency Victim Assistance), des agents spécialisés assurent un suivi adéquat des plaintes. Ils travaillent également en étroite collaboration avec les centres de prise en charge après des violences sexuelles, qui font un excellent travail. L'accord du gouvernement Arizona stipule que les centres de prise en charge ainsi que les cellules EVA continueront d'être déployés et soutenus. Il faut que cela se fasse de manière efficace.

Outre les cellules EVA, il est essentiel que les services généraux de police soient mieux formés et disposent de protocoles adéquats. Le système judiciaire doit disposer de magistrats et de chambres spécialisés pour traiter les affaires de manière adéquate et rapide, afin de mettre fin à l'impunité. 

Pour prévenir la récidive, les coupables doivent être suivis. La politique doit être beaucoup plus axée sur le suivi et la thérapie des coupables. 

Et bien sûr, mieux vaut prévenir que guérir. La prévention est une clé essentielle dans la lutte contre les violences sexuelles. L'accord de gouvernement ne contient qu'une seule phrase sur la prévention. La prévention doit se faire dans les écoles, dans la société au sens large avec des campagnes d'information, sur le terrain avec les « points mauves », etc. Et pourquoi pas – comme l’a prôné dans les médias Liesbet Stevens de l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes – une grande campagne d'information comme la campagne « BOB » à l’époque ? Pour que notre société progresse en s’attaquant aux violences sexuelles à la racine. Car chaque victime est une victime de trop.