Pourquoi les trois patrons proposés à la tête de Nethys sont un choix dangereux et inquiétant
Le PTB se dit inquiet face à la proposition faite par le gouvernement PS-MR-Ecolo de nommer Bernard Thiry, Laurent Levaux et Jean-Pierre Hansen à la tête de Nethys. Le parti de gauche demande de refuser ces candidatures. Voici pourquoi.
« Des mêmes recettes, on ne peut pas s’attendre à de nouveaux résultats, commente Germain Mugemangango. Le pedigree de ces grands patrons venus du privé ne montre pas une volonté de rupture avec la privatisation et la gestion de nos entreprises publiques comme des multinationales. Mettre M. Hansen, ex-PDG d'Electrabel, M. Thiry, ex-PDG d'Ethias et M. Levaux, ex-PDG d'AviaPartners, face à Elicio, Intégral et l'aéroport de Liège, c’est le genre de propositions qu'on fait si on veut poursuivre dans la voie de la privatisation de Nethys. »
De plus, le porte-parole du parti de gauche s'inquiète de la proximité qui existe entre les probables futurs dirigeants de Nethys et les dirigeants qui se sont livrés à des pratiques douteuses : « Étiqueté MR, Laurent Levaux est un expert en restructuration et en vente d’outils publics au privé. C’est lui qui a vendu la branche logistique de la SNCB à un fond d'investissements anglais, alors que cette branche réalisait des bénéfices. Résultat : 7 000 emplois supprimés, soit la moitié du personnel. Une vente réalisée en dessous de la valeur de cette branche logistique. À l’époque, les pertes pour l’État se chiffraient à plus de 300 millions d'euros. M. Levaux était aussi en charge de la présidence du CA de la Sogepa au moment où cet outil financier wallon a décidé de soutenir la direction de Duferco Ittre dans sa volonté de virer 300 travailleurs, dans le cadre du dernier plan de restructuration de la boîte. En 1995, il est nommé administrateur délégué de l'entreprise CMI qui essaie de racheter Elicio pour 2 euros. Il y sera rejoint en 1999 par un certain Pierre Meyers, actuel dirigeant démissionnaire de Nethys. Jusqu'il y a peu, cette personne était elle-même membre du consortium IPM qui souhaite acheter les éditions l'Avenir à un prix cassé. »
« Le deuxième candidat est le symbole même de la libéralisation du secteur de l'énergie en Belgique, poursuit Germain Mugemangango. Comme CEO d'Electrabel et ensuite vice-président de Suez, Jean-Pierre Hansen a été un acteur clé de cette libéralisation qui a, entre autres, mené à l'augmentation de la facture énergétique des citoyens de notre région. Ce n'est pas un bon signal. »
La candidature de Bernard Thiry ne rassure pas plus le député du PTB : « Bernard Thiry est celui qui, lorsqu'il dirigeait l'assureur Ethias, s'était retrouvé devant les tribunaux pour une affaire de faux contrat d'assurance destiné à couvrir Stéphane Moreau, qui était sans assurance, après un sinistre. Il a aussi été CEO de la société NRB, qui est aujourd'hui candidat acquéreur de Win. »
« Si on veut une gestion de Nethys qui soit transparente et dans l'intérêt du citoyen, le choix du gouvernement PS-MR-Ecolo est difficilement compréhensible, conclut le porte-parole francophone du PTB. Cela revient à remplacer les membres de la direction précédente par des gens du même univers. Des personnes qui, dans leur passé professionnel, n'ont pas brillé par leur défense de l'emploi ou du service public. Dans ces conditions, comment imaginer qu'ils ne vont pas continuer à gérer Nethys comme une entreprise privée ? Nous avons au contraire besoin que les outils publics soient à nouveau gérés comme des outils publics, au service de la collectivité. C'est pour cela que nous revendiquons une rupture démocratique, une gestion dans l’intérêt de la population et des communes. Le PTB propose un Conseil d’administration composé de représentants de la population, de représentants des travailleurs, de la société civile et des représentants d'associations de défense des droits des consommateurs. »