Peter Mertens (PTB) : « Engie prend notre société en otage en plein cœur de l'hiver. Si ça continue, le gouvernement devra réquisitionner la production d'énergie »
« Engie profite du climat d'incertitude par rapport à l'approvisionnement énergétique pour prendre notre société en otage. En plein hiver. Si ce chantage continue, le gouvernement se devra de réquisitionner la production d'énergie et de nationaliser notre énergie. » C'est ce qu'a déclaré le député PTB Peter Mertens cet après-midi à la Chambre.
Il a ensuite interrogé le Premier ministre De Croo sur le fait qu'Engie menace d'aller en justice. En effet, Engie conteste la facture du traitement des déchets nucléaires, ainsi que la taxe sur les surprofits.
« Aujourd'hui, vous négociez la prolongation des centrales nucléaires avec Engie. Si on peut appeler ça une négociation... a interpellé Peter Mertens. Car que dit Engie ? 'On veut bien négocier, mais, faute d'accord, vous n'aurez plus d'énergie'. C'est du chantage. Et encore : 'Les centrales nucléaires peuvent rester en activité, mais pas question de continuer à payer les frais liés aux déchets nucléaires. Et ça ne nous convient pas que vous touchiez à nos surprofits. »
« C'est grave, poursuit Peter Mertens. Cela fait un quart de siècle qu'Engie se remplit les poches. L’entreprise enregistre 15 milliards d'euros de profits et la voilà maintenant en passe d'empocher 9 milliards de surprofits en plus de cela. Et elle estime encore que c'est à la société de supporter les coûts : les pertes, c'est pour le citoyen ; les déchets, pour le gouvernement. C'est toujours le même refrain : collectiviser les pertes, privatiser les profits. »
Pour le PTB, il est hors de question de répercuter les coûts des déchets nucléaires sur la collectivité et hors de question de renoncer à taxer les surprofits d'Engie. Alexander De Croo n'a pas daigné répondre aux questions de Peter Mertens. « Tandis que le Premier ministre se drape dans la discrétion, le PDG d'Engie va d'un plateau télé à l'autre pour imposer ses conditions », souligne Peter Mertens.
Si Engie poursuit son chantage, le PTB appelle le gouvernement à réquisitionner la production d'énergie. « Nous avons besoin de prendre le contrôle sur la production d'énergie pour garantir à la fois son approvisionnement et le fait qu'elle soit abordable pour la population. La nationalisation ne peut plus être un tabou, surtout pour quelque chose d'aussi essentiel que l'énergie », conclut Peter Mertens.
Annexe
Retour sur les faits
Dans son intervention, Peter Mertens a rappelé les faits essentiels :
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les centrales nucléaires ont été rapidement payées et amorties dans les années 1970, 1980 et 1990 ;
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cet amortissement a été répercuté sur les factures élevées des consommateurs ;
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les factures sont restées élevées et Engie en tire des profits faramineux. Résultat : depuis 1998, cette situation a rapporté 15 milliards d'euros de profits à Engie ;
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grâce aux prix actuels de l'énergie, Engie est en passe d'empocher 9 milliards d'euros de surprofits.
Surprofits réalisés par Engie-Electrabel grâce aux centrales nucléaires belges
Les factures d'Engie dans le rouge ?
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Dans son chantage, Engie n'hésite pas à prendre quelques libertés avec la vérité. Selon son PDG Thierry Saegeman, la taxe sur les surprofits de la Vivaldi plongerait les comptes d'Engie dans le rouge. Les chiffres prouvent tout le contraire : même après s'être acquittée de la rente nucléaire et de la taxe sur les surprofits, Engie réalisera encore 1,4 milliard d'euros de profits en 2022 grâce à ses centrales nucléaires belges et 900 millions d'euros de profits en 2023 (voir tableau).
Les coûts du démantèlement des centrales nucléaires et de l'élimination des déchets nucléaires ?
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Compte tenu des profits historiques réalisés et de l'amortissement des centrales nucléaires, il n'est que logique qu'Engie paie le coût supplémentaire engendré par les déchets nucléaires. Selon la Commission des provisions nucléaires (CPN), Engie doit payer 3,3 milliards d'euros supplémentaires. Ce montant est indépendant des profits ou de la production nucléaire en 2022 et porte sur une période beaucoup plus longue. Ces provisions ne peuvent pas être imputées à une année spécifique.