Pénurie du médicament contre le cancer Femara : une stratégie délibérée de l'industrie pharmaceutique
« Les patients doivent pouvoir obtenir les médicaments dont ils ont besoin quand ils en ont besoin. Et c’est aux pouvoirs publics de le leur garantir », déclare le Dr Sofie Merckx, spécialiste de la santé au PTB. Il est inadmissible qu’un médicament essentiel contre le cancer du sein tel que le Femara soit indisponible pour une durée indéterminée.
En juillet, Marleen Pollet, une patiente atteinte de cancer du sein, avait déjà tiré la sonnette d’alarme à propos de l’indisponibilité du Femara, le médicament dont elle a besoin dans le cadre de son traitement. La ministre de la Santé publique Maggie De Block (Open VLD) avait alors affirmé que le problème serait résolu pour le 26 juillet. Or aujourd'hui, il n'y a toujours aucune solution et le Femara n’est toujours pas disponible. Le PTB a analysé le problème et en arrive à la conclusion qu'il s'agit d'une stratégie délibérée de l'industrie pharmaceutique pour garantir ses profits.
« Ces ruptures de stocks ne sont pas un hasard, souligne le Dr Sofie Merckx, spécialiste de la santé au PTB. Ni Novartis, le producteur du Femara, ni le grossiste Febelco, qui en opère la distribution, ne donnent d'explication claire quant à la pénurie actuelle de ce médicament, tout simplement parce que ce n'est pas justifiable. Quand on compare les prix, on constate que la vente du Femara par exemple aux Pays-Bas rapporte plus qu’en Belgique, alors que la version générique du médicament, le Letrozol, rapporte quant à elle davantage en Belgique. Or ce générique est bel et bien disponible chez nous via Febelco alors que le Femara ne l'est pas. Un hasard ? »
La ministre De Block laisse faire et minimise le problème des ruptures de stock. Toutefois, pour des personnes souffrant de cancer du sein comme Marleen, une telle pénurie de médicaments n'a rien de relatif. Pour ces femmes, il s'agit d'une question cruciale. Marleen est anxieuse et en colère. « À juste titre, réagit Sofie Merckx. Les patients ont le droit d’avoir leurs médicaments et c’est aux pouvoirs publics de veiller à ce que les fabricants et les fournisseurs garantissent la disponibilité permanente de ceux-ci. »
Le PTB exige que le gouvernement prenne d’urgence les mesures nécessaires pour remédier aux ruptures de stocks actuelles. « Nous appelons la ministre à examiner attentivement chaque cas de pénurie et à prendre immédiatement les mesures qui s’imposent, souligne Sofie Merckx. La manière dont les firmes pharmaceutiques et les grossistes-distributeurs créent et exploitent des pénuries afin d’augmenter leurs profits est devenue un modèle commercial en soi. C’est à la ministre de s’attaquer à cette situation, si nécessaire par la voie juridique. Les patients doivent pouvoir obtenir les médicaments dont ils ont besoin quand ils en ont besoin. »
Le PTB appelle également la commission Santé de la Chambre à exiger davantage de transparence dans ce domaine. Sofie Merckx : « La ministre doit intenter des poursuites à l’encontre des firmes pharmaceutiques qui ne proposent pas de solution à ces pénuries et les contraindre ainsi à livrer les médicaments en question. La loi le permet. La ministre doit également travailler à une réglementation contraignant les grossistes-distributeurs à approvisionner le marché belge. Cette réglementation existait, mais elle a été suspendue par la Cour constitutionnelle au mois de juillet. »