Pas de panneaux d'affichage électoral à Namur : les partis traditionnels ont-ils peur du changement ?
Le PTB a appris avec stupéfaction et colère que le Collège communal de Namur a décidé que la Ville ne mettra pas de panneaux électoraux sur le territoire de la capitale wallonne. « Difficile de ne pas voir là une volonté claire de restreindre le débat démocratique aux seuls partis traditionnels, en excluant les voix alternatives, que porte entre autres le PTB », réagit Thierry Warmoes, président du PTB Namur et conseiller communal.
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Ce n'est pas une première. En 2012 déjà, M. Prévot et ses collègues de la majorité décidaient d'interdire cette expression démocratique en la justifiant ainsi : « Il s'agit d’une mesure prise dans une dynamique de lutte contre l’affichage sauvage. » (interpellation au conseil communal du 25 juin 2012). Huit ans plus tard, ce sont désormais « le vandalisme, la dégradation et l'incivisme » qui sont invoqués (cfr. délibération du Collège communal du 28 février 2019, en pièce jointe). Deux raisons différentes, même « réponse » apportée par la tripartite cdH-Ecolo-MR.
« Cela pose de très sérieux problèmes au niveau de l'expression démocratique. Alors que de plus en plus de citoyens expriment leur colère légitime contre un monde politique qu'ils estiment déconnectés de leurs réalités, que leurs voix ne sont pas entendues par ces décideurs, on interdit purement et simplement aux partis qui n’ont pas les moyens des partis traditionnels (cdH, MR, Ecolo, DéFi et PS) de participer à la campagne électorale via leur moyen principal d'expression : les affiches. »
Le PTB et les petites listes qui se présentent n’ont pas du tout les mêmes moyens financiers que les partis traditionnels. « Ceux-ci peuvent disposer d'une manne financière importante afin d’inonder les boites aux lettres des électeurs et de louer des camionnettes qui vont faire le tour de la ville toute la journée avec les visages des candidats les plus « importants » en grand. Ce qui ne laisse d'ailleurs pas d'étonner quant à la sincérité des messages de ces mêmes partis concernant l'écologie. Mais soit... », pointe le président provincial du PTB, qui n’accepte pas non plus l’argument du vandalisme : « Si le vandalisme et l’incivisme étaient la vraie raison pour ne plus placer les panneaux d’affichage, alors il ne faudrait plus non plus placer d’abribus, il faudrait enlever les panneaux publicitaires de JC Decaux et ne plus décorer nos coins de rue de fresques. Il n’aurait alors pas non plus fallu placer la statue du Molon, ni la tortue de Jan Fabre. »
En 2012, la Ville d’Anvers avait également décidé de ne pas mettre de panneaux à disposition de tous les partis. Mais le Conseil d'État avait entendu et donné raison au PTB en dénonçant la portée préjudiciable de la décision : « Un petit parti aux moyens financiers modestes est particulièrement tributaire de l’affichage pour se faire connaître d’un public plus large. »
Pour les listes citoyennes et les partis comme le PTB, ces panneaux sont le principal endroit où les militants peuvent apposer et rendre visible leurs affiches, et donc faire vivre le débat démocratique. Et ce, à moindre frais. Nos sympathisants, membres et militants ne disposent pas de grosses propriétés où mettre d'immenses panneaux, eux…
Dans sa décision, le Collège avance le fait que « les différentes listes pourront utiliser les panneaux d’expression citoyenne répartis sur l’ensemble du territoire communal. » Or, ces panneaux sont justement très inégalement répartis sur le territoire communal : il n’y en a par exemple aucun dans la Corbeille, ni à Bomel ou Herbatte. Saint-Servais n’en compte qu’un seul : sur le plateau d’Hastedon, loin du centre de l’entité. Par ailleurs, ces panneaux sont actuellement utilisés par les organisateurs de concerts et d’autres activités des plus diverses. Ces personnes et organisations seront donc lésées par la décision du Collège de renvoyer l’affichage électoral vers ces panneaux. « Les panneaux d’expression citoyenne ne font que 2 ou 3 mètres carrés. Le Collège organise donc consciemment une concurrence à outrance sur un espace très réduit entre les différentes listes qui se présentent aux élections et les organisateurs d’activités », explique Thierry Warmoes, qui conclut : « Les partis traditionnels ont-ils à ce point peur du changement ? »
Ce jeudi 19 mars, le Conseil communal de Namur doit voter le règlement sur la propagande électorale. Le groupe PTB en profitera pour proposer l’annulation pure et simple de la décision du Collège et le placement de panneaux électoraux. Quelle que soit la décision du Conseil communal, le PTB appelle d'ores et déjà tous les Namurois épris de démocratie à mettre une affiche à leur fenêtre ou un panneau dans leur jardin.
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