Pas de commission « inondations » au Parlement Wallon : pourquoi refuser d'apporter des réponses aux questions des citoyens ?
Le groupe PTB au Parlement wallon a fait une demande pour obtenir la tenue d'une commission extraordinaire « Climat » de façon à interroger le ministre wallon du climat et de la mobilité Philippe Henry (Ecolo) sur plusieurs éléments liés aux inondations qui ont frappé la Wallonie. « De manière incompréhensible, le PS, le MR, Ecolo et même le cdH ont refusé cette proposition et reportent les discussions éventuelles à la fin du mois d'août, explique Germain Mugemangango, chef de file du PTB au Parlement Wallon. »
« J'ai fait partie de tous ces bénévoles qui ont été soutenir les sinistrés sur le terrain, ajoute l’élu de gauche. Ce sont des hommes, des femmes, des familles, des indépendants qui ont parfois tout perdu. Ils gèrent l'urgence, mais veulent savoir comment un tel désastre a été possible et, surtout, comment il peut être évité à l'avenir. Or les partis traditionnels semblent estimer qu'ils n'ont pas à y répondre. »
Le député du parti de gauche pointe au moins deux éléments qui ne trouvent pas de réponse actuellement. « D’un côté, les habitants des villes sinistrées se demandent pourquoi ils n'ont pas été prévenus de la montée soudaine des eaux dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que, manifestement, les autorités savaient que ça allait arriver. Le ministre semble confirmer que l'info était disponible pour le centre de crise mercredi en milieu d'après-midi. La question est donc de savoir pourquoi une mesure d'évacuation généralisée des abords de la Vesdre n'a pas été prise dès mercredi après-midi. On aurait évité la surprise totale qui a piégé beaucoup de citoyens et qui a causé énormément de dégâts dans la nuit du mercredi au jeudi. Il y a eu un bug dans la chaîne de communication qu'il faut immédiatement élucider. » Germain Mugemangango fait d'ailleurs remarquer que c'est important de le faire vite, car ce ne sont pas dernières pluies prévues cet été que nous venons d'affronter.
L’autre élément pointé par le député wallon est le manque d'anticipation des autorités wallonnes : « Par ailleurs, le ministre Henry nous dit avoir été totalement surpris par l'ampleur des pluies qui ont mené aux inondations. Pourtant, l'agence européenne compétente avait prévenu la Belgique de pluies extrêmes avec risque d'inondations extrêmes sur le Rhin et l'Est de la Belgique dès le samedi matin. Soit cinq jours avant les inondations. Qu'a-t-on fait de cette information ? Le ministre dit n'avoir tenu compte que des infos de l'IRM, mais, quand des vies sont en jeu, qu'est-ce qui explique que les autorités wallonnes n'ait pas tenu compte de toutes les infos disponibles pour prévoir le scénario le plus grave ? Comment se fait-il qu’avec les mêmes infos, Engie-Electrabel a décidé de prendre des mesures pour vider ses barrages en prévision de pluies très importantes, mais que le barrage d'Eupen, géré par la Région wallonne, n’ait pas pris les mêmes précautions ? Toutes ces questions n'ont encore que très peu de réponses. Elles sont pourtant essentielles pour comprendre l'enchaînement des événements et, surtout, pour éviter qu'un tel drame se reproduise. »
Pour le PTB, il faut répondre à toutes ces questions qui émanent des sinistrés et c'est la raison pour laquelle le refus de tenir la commission « Climat » en urgence est difficilement compréhensible. « J'observe d'ailleurs que nous ne sommes pas les seuls à demander une telle discussion parlementaire, poursuit Germain Mugemangango. Des personnalités socialistes verviétoises demandent aussi des explications rapides et claires, ainsi que Mme Nikolic, députée wallonne pour le MR. »
Quoi qu’il en soit, le PTB va rester mobilisé pour obtenir les réponses à ces questions. « Nous sommes présents sur le front de l'urgence et de la solidarité, c'est évident. Mais nous voulons aussi avoir des réponses pour tous ces citoyens qui cherchent à savoir comment on aurait pu éviter une telle catastrophe et surtout comment empêcher que ça se reproduise », conclut le député de gauche.