Où va la Syrie ? Réaction de Marc Botenga
Après la chute du régime autoritaire d'Assad, l'avenir du pays et de la région demeure extrêmement incertain. Découvrez l'analyse de notre député européen Marc Botenga sur la situation en Syrie.
Les bombardements israéliens détruisent actuellement ce qui reste de l'armée syrienne. Israël profite de la situation pour étendre le territoire qu'il occupe en Syrie. Les chars israéliens pénètrent dans le pays, et les troupes turques et américaines continuent d'occuper certaines zones. Par ailleurs, les bombardements américains se poursuivent, même après la fuite d'Assad. Veulent-ils reproduire un scénario semblable à celui de l'Irak ou de la Libye, avec des milices rivales qui s'affrontent, et un pays plongé dans le chaos ?
Après le renversement de Saddam Hussein en Irak et de Mouammar Kadhafi en Libye, ces pays sont devenus la proie de milices armées et de groupes terroristes. L'Irak reste profondément divisé, et l'État libyen n'existe pratiquement plus. Ce scénario ne doit pas se répéter en Syrie.
La situation actuelle est alarmante. Lorsque Assad a réprimé brutalement et violemment les manifestations contre son régime en 2011, les États-Unis, d'autres pays de l'OTAN, les États du Golfe et la Turquie ont intensifié leur soutien à l'opposition, envoyant des armes en masse à divers groupes rebelles, y compris à ceux liés à Al-Qaïda. Assad n'a pu se maintenir au pouvoir que grâce au soutien militaire de la Russie et de l'Iran.
Le pays est ainsi devenu, pendant des années, le champ de bataille d'une guerre par procuration. La Syrie est restée fragmentée : le régime d'Assad contrôlait une grande partie du territoire, mais les États-Unis et Israël continuaient également à occuper des zones stratégiques, créant un espace où les groupes rebelles pouvaient se renforcer. Parallèlement, l'Occident a imposé un embargo meurtrier à la Syrie. Si Assad lui-même n'en a pas souffert, les conséquences sociales pour la population syrienne ont été dramatiques. De surcroît, Israël a poursuivi ses bombardements réguliers sur le pays.
Le Premier ministre israélien, Netanyahou, s'est félicité du fait que ses offensives contre l'Iran et le Hezbollah au Liban aient porté un coup de grâce à Assad. Il a même ajouté qu'Israël occuperait désormais le Golan syrien pour l'éternité. Israël cherche également à empêcher que la Syrie puisse encore soutenir la cause palestinienne. Tel-Aviv veut maintenir une Syrie affaiblie. Dans l'ombre, les États du Golfe et, bien sûr, les États-Unis, qui soutiennent différentes factions rebelles, jouent un rôle clé.
La Syrie et les Syriens ont un besoin urgent de paix et d'unité. Tant que les puissances étrangères en feront leur terrain de jeu géopolitique, ni la paix ni la démocratie n'auront la moindre chance. Toutes les forces étrangères doivent retirer leurs troupes de Syrie et cesser leurs bombardements et ingérences.
Pour l'heure, notre solidarité va à toutes les forces syriennes œuvrant à la construction d'une nouvelle Syrie unifiée, où la diversité culturelle et religieuse pourra s'épanouir, avec un gouvernement fort et souverain couvrant l'ensemble du territoire. Ce n'est qu'à cette condition que la Syrie pourra devenir une lueur d'espoir dans une région en proie à tant de violence.