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Geert Wilders op de voorstelling van het regeerakkoord

Nouveau gouvernement aux Pays-Bas : ce quʼil y a dans l'accord et les enseignements à tirer

Geert Wilders promet que « le soleil brillera à nouveau sur les Pays-Bas ». Le chef du parti d'extrême droite PVV (Parti pour la Liberté), qui monte pour la première fois au gouvernement avec trois partis de droite, a promis de grands changements pour les Néerlandais. Cependant, le texte de l’accord de coalition montre qu’il n’en sera rien.

Vendredi 17 mai 2024

Pendant des années, on a dit du PVV qu'il était un parti « culturellement de droite mais socio-économiquement de gauche ». Ce mythe est aujourd'hui brisé. Wilders compte simplement poursuivre la politique d'austérité sévère et antisociale du Premier ministre libéral Mark Rutte (VVD, Premier ministre depuis 2010) et de ses différents partenaires de coalition sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates - avec une politique anti-migrants et anti-climat en prime.

Des cadeaux pour les riches, un salaire minimum plus bas et l’austérité pour la classe travailleuse

Plus d'un milliard d'euros de coupes dans le secteur des soins de santé ; moins d'argent pour l’enseignement ; de grosses coupes dans les services publics ; un milliard d'euros en moins dans la sécurité sociale ; une réduction des impôts pour les riches et les grandes entreprises ; travailler jusquʼà 67 ans ; pas d'augmentation des salaires. Malheureusement, pour les Néerlandais, tout cela semble très familier. Et pour cause : il s’agit simplement de la continuation d’une politique qui, depuis 15 ans, a déjà causé beaucoup de misère. En effet, tous les points du tableau budgétaire joint en annexe à l'accord de coalition ont été repris, à quelques exceptions près, de celui du gouvernement sortant Rutte IV. Les politiques qui ont été rejetées par les gens sont donc réinscrites dans le nouvel accord de coalition. 

« Nous nous attendions à ce que le secteur public et les travailleurs se fassent dépouiller, mais là dépasse l’entendement », déclare Tuur Elzinga, président de la FNV, le plus grand syndicat des Pays-Bas.1 La FNV regrette particulièrement que ses deux principales revendications - pour ne citRelèvement de l'âge de la pension, promesses rompues et paroles en l'airer que celles-là - n'aient pas été entendues. Elles concernent notamment un régime de pension pour les métiers pénibles et une augmentation du salaire minimum.

78 % des Néerlandais exigent un salaire minimum plus élevé que les 13 euros de l'heure actuels.2 Wilders avait promis une augmentation du salaire minimum dans son programme électoral. En janvier dernier, la Chambre des représentants a voté une augmentation du salaire minimum de 1,2 % au-dessus de l’index, avec effet au 1er juillet 2024. Ce n'est pas encore suffisant pour compenser l'augmentation du coût de la vie, mais c'est déjà un début. Cependant, les partenaires de la coalition de droite de Wilders ont rejeté la proposition de loi au Sénat. Dans l’accord de coalition, il est également écrit, noir sur blanc : l'augmentation prévue du salaire minimum n'aura pas lieu.

Relèvement de l'âge de la pension, promesses rompues et paroles en l'air

En 2010, M. Wilders, en apportant son soutien au premier gouvernement Rutte, a rompu sa principale promesse électorale d’annuler le relèvement de l'âge de la pension. En 2024, il a recommencé.

L'âge de la pension reste fixé à 67 ans et passera à 67 ans et 3 mois à partir de 2028, comme c’était prévu. Même pour les métiers pénibles. Le syndicaliste Elzinga poursuit : « Aucune mesure n’est prise pour les travailleurs qui ont un métier pénible. Ils doivent travailler jusqu'à en mourir. Pendant ce temps, on réduit les impôts sur les plus riches et leur patrimoine. Pour qui siègent-ils, là-bas ? »

Wilders n’a tenu pratiquement aucune de ses autres grandes promesses qui lui ont permis de remporter les élections en novembre dernier. La baisse des loyers ? Aucune trace dans l'accord de coalition. La suppression de la franchise (montant non couvert par l'assurance maladie), et « tout de suite, car le peuple ne peut attendre », comme il l'avait formellement déclaré lors des débats télévisés ? Rien du tout. La franchise ne sera ramenée de 385 à 165 euros qu’en 2027. Un emplâtre sur une jambe de bois, car ces 200 euros par an ne suffiront certainement pas à compenser la perte de pouvoir d'achat due à l’austérité.

Et les investissements dans le secteur exsangue des soins de santé ? Wilders a promis une amélioration lors de la conférence de presse de ce matin : 600 millions d'euros supplémentaires seront investis dans les soins aux personnes âgées... alors que, dans le même temps, le tableau budgétaire prévoit d’économiser 1,1 milliard d'euros dans le secteur. En outre, les communes, qui assurent une grande partie de l'offre de soins aux Pays-Bas, voient leurs ressources réduites.

Bert de Haas, directeur de FNV Soins & Bien-être : « Les 600 millions d'euros supplémentaires pour les soins aux personnes âgées semblent constituer un revirement par rapport à la politique d'austérité de l'actuel gouvernement, mais ils arrivent trop tard et sont encore bien insuffisants pour répondre aux pénuries dans le secteur. Nous constatons également que les coupes prévues ne sont pas annulées. » 

Sa collègue Elise Merlin le rejoint : « On montre beaucoup d’ambition, mais à moins d'une augmentation substantielle du financement, il s'agit surtout de promesses en l'air.3

Rutte et Timmermans ont pavé la voie à Wilders

Avec leurs années de politiques antisociales, Rutte et ses différents partenaires de coalition, y compris l'actuel président social-démocrate de GroenLinks-PvdA, Frans Timmermans, ont pavé la voie à Wilders et à l'extrême droite. La crise du logement, la crise du secteur des soins de santé, la baisse du pouvoir d'achat, le relèvement de l'âge de la pension, etc. Tout cela est l'héritage de politiques traditionnelles encouragées par l'establishment dans l'ensemble de l'Union européenne.

La stratégie de Frans Timmermans, qui consiste à former un autre gouvernement dans lequel le centre-gauche s'associe à une majorité de droite comme alternative à la nouvelle coalition, a de quoi faire froncer les sourcils. Si l'alternative à Wilders, c’est de retourner aux politiques de la période Rutte, alors les différences sur le plan social ne sont pas grandes. Et surtout, c’est faire le lit d'une nouvelle victoire électorale plus importante pour Geert Wilders.

En effet, c'est à cause des politiques menées par le PvdA avec le VVD que Frans Timmermans est devenu le souffre-douleur idéal de Wilders au cours de la dernière campagne. Le débat sur les soins de santé ? Victoire pour Wilders, car Timmermans était ministre quand le gouvernement a réduit le financement des soins de santé. Le débat sur la crise du logement ? Victoire pour Wilders, car Timmermans était là lorsque le ministère du logement social a été purement et simplement supprimé, sous prétexte qu'il valait mieux laisser la politique du logement aux main du marché.

Bien entendu, Wilders n'a jamais eu l'intention de changer de cap lui-même, comme on peut le constater aujourd'hui. Mais en faux prophète, il a su mentir et tromper pour gagner une grande partie de la colère populaire, justifiée, à l'égard de la politique traditionnelle.

Les leçons des Pays-Bas : on a besoin d’authentiques points de rupture de gauche

Il y a deux leçons à tirer pour la Belgique et la Flandre.

Premièrement, le vrai visage de l'extrême droite n'est pas du tout social, mais purement néolibéral.

Deuxièmement, ceux qui s'obstinent à gouverner avec la droite traditionnelle et à promouvoir leur programme néolibéral, soi-disant pour tenir l'extrême droite à l'écart, ne feront que renforcer cette dernière.

Pour la gauche, la priorité devrait être de s'attaquer au terreau social dont l'extrême droite se nourrit. En proposant de véritables points de rupture de gauche, comme l'âge de la pension à 65 ans, une taxe des millionnaires et des salaires plus élevés. La fausse alternative antisociale de l'extrême droite ne perdra son attrait que si la gauche, avec les syndicats et la société civile, parvient à imposer une véritable alternative sociale aux politiques traditionnelles.

 

(Voir aussi : https://www.ptb.be/actualites/les-resultats-des-elections-aux-pays-bas-sont-douloureux-mais-pas-inattendus)

Attaque contre les migrants, provocation au Moyen-Orient et droits démocratiques sous pression

Aujourd’hui, on n’entend plus Wilders parler de pensions ou de salaires minimums. Ce qui l’intéresse surtout, c’est la politique d’asile de l'accord de coalition, qui est « la plus stricte jamais adoptée » par les Pays-Bas. Le terme « strict » est toutefois trop poli pour qualifier les mesures proposées, qui violent les droits humains, comme la limitation du droit à l'assistance juridique pour les demandeurs d'asile.

Il s'agit là d'un dangereux précédent : et demain, à qui vont-ils arracher ces droits et dʼautres droits fondamentaux ? Une autre proposition est de « renvoyer immédiatement en Allemagne et en Belgique les demandeurs d'asile arrivant aux Pays-Bas ». Le gouvernement néerlandais semble tenter de dissimuler ses politiques antisociales derrière une chasse insensée à des réfugiés qui ne peuvent pas se défendre. C’est ce que l'extrême droite souhaiterait faire chez nous.

Le texte est entièrement tourné contre les migrants en tant que personnes, et reste silencieux sur les causes de la migration. Or, au moment même où Israël, avec sa guerre contre les Palestiniens et son possible génocide à Gaza, provoque une nouvelle crise des réfugiés, l'accord de coalition néerlandais exprime explicitement son soutien à l'État d'Israël.

Le nouveau gouvernement néerlandais veut même provoquer une nouvelle fois le Moyen-Orient en déplaçant son ambassade en Israël de Tel Aviv à Jérusalem, à l’instar de Donald Trump. Lorsque Trump l’a fait pour l'ambassade des États-Unis, cela a entraîné une vague de protestations dans toute la région, car Jérusalem appartient à la Palestine en vertu du droit international. Apparemment, Wilders et ses copains ont trouvé que c'était le bon moment pour jeter une fois de plus de l'huile sur le feu.

Certains passages du chapitre sur la sécurité suggèrent également que le droit de manifester sera mis sous pression, principalement pour limiter les actions de solidarité avec la Palestine.