« Notre enseignement a besoin d’un refinancement, pas d’un manager façon big business »
Le 17 juillet, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la cheffe de groupe du PTB, Alice Bernard, a souligné les problèmes que pose la nomination de Renaud Witmeur à la tête de l’enseignement de la Communauté française. Une nomination soutenue par les quatre partis traditionnels, unis comme un seul homme.
Concrètement, il s’agissait de nommer Renaud Witmeur à la tête de WBE (Wallonie Bruxelles Enseignement), le nouvel organisme chargé d’organiser l’enseignement de la Communauté française, soit 500 écoles, 25 000 travailleurs, 150 000 élèves.
Alice Bernard a expliqué pourquoi le PTB trouve cette nomination problématique :
« Renaud Witmeur est avant tout un manager et un gestionnaire. Après avoir travaillé dans plusieurs cabinets ministériels (socialistes) il est actuellement à la tête de la Sogepa, le bras financier de la Région wallonne, qui met des capitaux publics au service des multinationales au nom de la défense de l’emploi et du développement économique. À ce titre, Renaud Witmeur n’a pas hésité récemment à autoriser le licenciement de 300 personnes chez NLMK à Clabecq, "pour permettre à l’entreprise de rester dans la course".
Nos écoles ont-elles besoin de se faire encore plus de concurrence entre elles ?
Est-ce vraiment de ça que nos écoles ont besoin ? D’une mentalité qui prépare les écoles à s’insérer dans des pôles de compétitivité et à se faire encore plus concurrence entre elles ? Depuis la première étude PISA, en 2000, jusqu’à aujourd’hui, l’enseignement en Communauté française est pointé du doigt comme un des plus socialement inégalitaires des pays de l’OCDE. Autrement dit, il y a "des bonnes écoles" et "des mauvaises écoles" et, selon que vous veniez d’une famille plus fortunée ou plus pauvre, vous vous retrouverez dans l’une ou l’autre et vous aurez de meilleures ou moins bonnes perspectives d’avenir.
L’enseignement en Communauté française est un des plus socialement inégalitaires
Le candidat retenu par les quatre partis traditionnels reflète clairement leur vision de l’école de demain : plus d’indépendance pour les écoles, plus de concurrence et donc encore plus d’inégalités. C’est dans la suite logique du pacte d’excellence, qui veut une école à la fois plus égalitaire au travers du tronc commun, mais en même temps plus compétitive en imposant une logique managériale aux écoles via les plans de pilotage et autres contrats d’objectifs.
Deuxième point que nous voulons soulever : la précipitation. Pourquoi vouloir aller si vite ? Certains ont évoqué la nécessité de nommer l’administrateur général avant la rentrée scolaire, mais l’intéressé lui-même ne sera pas disponible avant la fin de l’année. Le gouvernement en affaires courantes voudrait-il profiter de l’été pour mettre tout le personnel des écoles de la FWB devant le fait accompli, et sans aucun débat ?
Renaud Witmeur réclame déjà des suppléments à la rémunération fixée par le décret
Enfin, alors que la Fédération Wallonie Bruxelles est dans une situation financière délicate et que WBE devra s’inscrire dans un contrat de gestion dont l’enveloppe financière doit encore être fixée, Renaud Witmeur réclame déjà des suppléments à la rémunération fixée par le décret. Dont un supplément "au mérite", selon des objectifs à atteindre. La mentalité du business menace vraiment l'enseignement.
Au PTB, nous pensons que l’enseignement a plutôt besoin d’un refinancement global, qui donne les moyens nécessaires pour organiser un enseignement qui prépare tous nos enfants à devenir des acteurs d’avenir, des citoyens critiques et solidaires, capables de lutter contre l’inégalité et de relever les défis sociaux et environnementaux auxquels toute la société est confrontée. »