Nos aînés souffrent dans nos maisons de repos : le PTB veut augmenter les normes d'encadrement
« Le documentaire diffusé hier soir sur la RTBF fait froid dans le dos, déclare Germain Mugemangango, chef de file du PTB au Parlement Wallon. Pendant que nos aînés souffrent dans les maisons de repos, les grands groupes commerciaux font de gros bénéfices. C’est totalement inacceptable. Nous voulons de nouvelles normes contraignantes qui permettent de faire passer nos aînés avant le profit. »
Le documentaire démontre en effet que la majorité des maisons de repos commerciales appartiennent à des multinationales cotées en bourse. « Senior Living Group, par exemple, est leader en Belgique, avec un chiffre d'affaires de 4 milliards d’euros, constate le député wallon. Le deuxième en Belgique est Orpéa, avec un chiffre d'affaires de 3,6 milliards d’euros. Cette recherche de profit a des conséquences sur la vie des résidents. »
Le député est particulièrement choqué par les conditions de vie des résidents dans ces maisons de repos commerciales : « Des maisons de repos qui font des économies sur la nourriture des résidents, ça ne devrait pas exister, poursuit-il. Des repas dont le coût pour l’entreprise ne peut pas dépasser 3,9 euros. Des repas répétitifs avec peu de légumes, peu de fruits et uniquement de la viande très bon marché. Nos anciens méritent mieux. »
Cette pression dans un but rentabilité a également de lourdes conséquences sur le personnel. « Il y a de plus en plus de travail pour un nombre toujours plus réduit de soignants et de membres du personnel, explique Germain Mugemangango. Alors que ce personnel fait tout son possible, cela a des conséquences concrètes sur la qualité de vie des résidents. »
Le PTB estime qu’il faut revoir sérieusement les normes d’encadrement pour être en mesure de rencontrer les besoins des résidents. « Les normes d'encadrement prévues pour une maison de repos sont d’un infirmier-chef, huit infirmiers et six membres du personnel soignants par trente lits, explique le député wallon. D’une part, ces normes d'encadrement sont insuffisantes pour faire face aux besoins car elles n’ont pas été réévaluées depuis 1994. Elles doivent donc être relevées drastiquement. D’autre part ces normes déjà insuffisantes sont loin d’être atteintes dans les maisons de repos dépendants de groupes commerciaux. Et ça c’est intolérable. La ministre wallonne de la Santé Christie Morreale (PS) doit contraindre ces maisons de repos à respecter ces normes au lieu de les laisser engraisser leurs actionnaires. »
Enfin, le député de gauche déplore le peu de contrôle exercé par le gouvernement wallon sur les subsides publics accordés à ces grands groupes commerciaux. « Comme évoqué dans le reportage, tous les lits sont subsidiés en Wallonie. Encore plus depuis le début de la crise. C'est légitime de subsidier les lits dans les maisons de repos publiques ou privées du secteur associatif. Mais subsidier aussi généreusement les maisons de repos qui appartiennent à de grands groupes commerciaux revient simplement à épaissir les portefeuilles des actionnaires. »
Germain Mugemangango fait remarquer que ce ne sont pas des montants négligeables : « Les maisons de repos ont reçu, depuis le mois de mars, 650 euros par lit pour faire face à la diminution de l’occupation des lits. Ce qui fait que les maisons de repos de type commercial ont reçu, via ce mécanisme, plus ou moins 15 millions, sans que l’on sache si par transferts internes, cet argent ne va tout simplement pas grossir le portefeuille des actionnaires. Le gouvernement wallon ne devrait pas tolérer ça et nous interpellerons la ministre de la Santé à ce sujet. »