Non à l’activation de la loi pandémie : « Les gens n’ont pas confiance en ce gouvernement »
Ce lundi, lors d’une séance extraordinaire de la commission Intérieur de la Chambre, un débat bien particulier s’est déroulé : les députés ont été amenés à se prononcer sur la proposition de la majorité Vivaldi d’activer la loi pandémie. Une proposition à laquelle s’oppose le PTB car cela revient à désarmer définitivement le Parlement. Le parti de gauche a demandé la deuxième lecture du texte, ce qui aura pour effet de retarder son entrée en vigueur.
« Jusqu’ici, on ne peut pas dire que la stratégie de lutte contre le Covid-19 ait fait l’objet d’un vrai débat démocratique », rappelle Nabil Boukili, député et spécialiste des droits démocratiques pour le PTB. « On a eu les pouvoirs spéciaux, puis la gestion par arrêtés ministériels. Dans les deux cas, toutes les décisions ont été prises dans l’intimité des réunions gouvernementales, sans aucune implication de la société civile ni participation des citoyens. La loi pandémie vient renforcer cette logique. »
Pour le PTB, cette seconde lecture donnera une dernière chance aux députés pour un véritable sursaut démocratique : « La loi pandémie ne prévoit qu’une seule consultation parlementaire, pour son activation. Une fois que c’est fait, les clés sont entre les mains du gouvernement. Ce dernier pourra décider de tout, avec une simple obligation d’en informer le Parlement. Et la liste des mesures possibles est longue : confinements, restriction ou suspension de droits fondamentaux comme celui de manifester, modification des conditions de travail sans aucune concertation sociale, fermeture de secteurs, limitations des réunions privées… Bref, le gouvernement aura les mains libres pour nous imposer toutes les mesures liberticides déjà testées jusqu’ici. Qu’est-ce qui l’empêche de décider, dans un mois, d’imposer le covid safe ticket au travail ou sur des piquets de grève, par exemple ? J’entends beaucoup de craintes chez les travailleurs qu’on continue à s’attaquer de plus en plus à leurs droits démocratiques. Ils n’ont pas confiance en ce gouvernement pour gérer cette crise. »
Depuis le début de la crise, le parti de gauche a été une force de propositions alternatives pour lutter contre la pandémie. « Nous avons déjà voté contre les pouvoirs spéciaux et contre l’extension du covid safe ticket. A chaque fois, nos propositions alternatives ont été balayées sans débat. Voilà presque deux ans que la pandémie dure, et on ne voit rien bouger. Où sont les lits et le personnel pour les hôpitaux ? Où est la levée du brevet sur les vaccins ? Où sont les investissements dans la médecine de proximité, un suivi de contacts correct et respectant la vie privée, où sont les mesures pour limiter la contamination dans les grandes entreprises où se trouvent la majorité des foyers de contamination ? Le courage et la responsabilité politique, aujourd’hui, c’est de briser ces tabous et de prendre de vraies mesures structurelles pour améliorer la santé publique. Pas de venir une énième fois avec les mêmes recettes restrictives qui n’ont pas fonctionné jusqu’ici. »
Nabil Boukili envoie la balle dans le camp des députés de la majorité : « Le texte reviendra pour la seconde lecture en fin de semaine. Les partis qui se disent progressistes et qui prétendent défendre les libertés doivent saisir cette dernière chance de rupture avec la stratégie actuelle. Après ça, il sera trop tard. »