Non à la réquisition : notre personnel soignant a besoin de soutien, pas qu’on parte en guerre contre lui
Le personnel soignant est en colère. La ministre de la Santé, Maggie De Block, vient en effet de publier deux arrêtés concernant la réquisition du personnel soignant et la délégation d’actes infirmiers à du personnel non infirmier. Sans concertation, et alors que le personnel soignant est sur le pont depuis des semaines pour sauver des vies, confronté à la pénurie de matériel et au manque de tests. « Il s’agit d’une décision inacceptable et qui montre le mépris de la ministre envers le personnel soignant » réagit Sofie Merckx, médecin et députée PTB.
Ces deux arrêtés royaux ont fait l’effet d’une bombe dans le secteur des soins de santé. Le premier permet en effet de réquisitionner le personnel soignant en cas de nécessité. Concrètement, cela signifie que les travailleurs, déjà épuisés, pourraient être rappelés sur leur temps de repos pour pallier les pénuries de personnel dans d’autres institutions. Le deuxième arrêté prévoit que des actes infirmiers pourront désormais être effectués par du personnel non-infirmier, sans clarté ni garantie concernant les conditions de délégation et de responsabilités, tant pour le médecin ou l’infirmière qui aura délégué les soins que pour le personnel non infirmier qui prestera ces actes. Ces arrêtés ont été décidés en accord avec tous les partis qui soutiennent le gouvernement et les pouvoirs spéciaux (libéraux et démocrates-chrétiens, mais aussi N-VA, socialistes et écologistes).
Yves Hellendorf, secrétaire national du secteur non marchand pour la CSC : « Ce personnel, qui s'est motivé et qui a été flexible, reçoit des coups de couteau dans le dos de la part de la ministre. D’une part, elle leur dit : "Attention vous êtes des lâches, si jamais vous ne voulez pas vous mettre au service de la population, on viendra vous chercher avec un bâton." Ça, c'est de la réquisition. Et le deuxième message, c’est : "Après tout, n'importe qui pourrait venir travailler à votre place. »
Nathalie Lionnet, secrétaire fédérale du secteur non-marchand à la FGTB (Setca), dénonce elle aussi ces décisions à la fois inutiles et contre-productives, qui augmentent le stress chez des travailleurs exténués, sous tension et désabusés par la gestion de la crise, qui n’ont pas attendu la ministre pour être solidaires et monter au créneau.
Alors que l’heure devrait être à la concertation, la ministre et le gouvernement prennent une fois de plus des décisions en déconnexion totale avec les besoins du terrain. Alors que l’heure devrait être au soutien et à la reconnaissance des travailleuses et travailleurs de la santé, qui se sont déjà largement surpassés lors de cette crise, la ministre vient avec des mesures de réquisition du personnel soignant, sanctions pénales à la clé. Alors que l’heure devrait être à la revalorisation du métier, la ministre veut forcer le personnel non-infirmier à exécuter des tâches infirmières, sans compensation salariale, ni formation et en laissant le flou sur les questions de responsabilité.
Maggie De Block se défend en disant que « gouverner, c’est prévoir » et que ces deux arrêtés ne seraient utilisés que pour pallier une extrême urgence. Cherchez l’erreur. Sofie Merckx, médecin et députée PTB réagit : « Malgré nos demandes répétées, le gouvernement n'a jamais réquisitionné ni masques, ni réactifs pour les tests... mais, aujourd'hui, Maggie De Block se précipite pour réquisitionner des infirmières. Quel mépris vis-à-vis de notre personnel soignant, qui a pourtant toujours répondu présent et s’est donné à 200 % pour affronter la crise sanitaire malgré le manque de moyens de protections ».
Pour le PTB c’est clair : ce dont on a besoin aujourd’hui c’est de protéger nos soignants pour qu’ils ne tombent pas malades, c’est d’avoir du matériel de protection suffisant pour les équipes en première ligne et la population. « Nous sommes aux côtés du personnel soignant, et nous soutenons ses demandes. Il est plus que jamais nécessaire d’investir pour des soins de santé publics forts et correctement financés », conclut Sofie Merckx.