Même malades, les députés touchent leurs 6000 euros sans contrôle et sans limite
Les parlementaires ne stressent sans doute pas autant que nous à l’idée d’être malades. Et pour cause : eux peuvent garder 100 % de leur (gros) salaire sans limite dans le temps. « Ils ont en effet un régime privilégié. Et, dans le même temps, la majorité attaque les régimes de maladie des fonctionnaires et fait la chasse aux malades de longue durée. C’est un "deux poids, deux mesures" qui est inacceptable, les attaques contre les travailleurs malades doivent cesser » réagit Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB.
Au lieu de détricoter les protections qui existent, il faut harmoniser vers le haut celles-ci pour l’ensemble des travailleurs
C’est l’exemple parfait du deux poids, deux mesures du gouvernement : d’un côté, il fustige les « privilèges » des fonctionnaires et casse leur système de congés maladies tout en menant la chasse aux travailleurs malades du privé, de l’autre, les ministres et députés de la majorité bénéficient de privilèges non négligeables en la matière. Explications.
Nous : limitation, perte de revenu, chasse aux malades
Si un travailleur du privé tombe malade : après un mois, il tombe déjà sous la mutuelle avec baisse de revenus, et il est soumis à médecin-contrôle. En 2017, les malades de longue durée ont été soumis à la réintégration au marché de l’emploi, avec le risque d'être licenciés sans la moindre indemnité si l'employeur affirme qu’aucun travail adapté n’est disponible. De plus, depuis le 1er avril 2018, les travailleurs malades de longue durée qui reprennent le travail en temps partiel médical ont droit à moins d’indemnités de maladie.
Si un travailleur statutaire du public tombe malade : jusqu'à présent, les fonctionnaires ont droit à 21 jours de maladie par an payés au salaire normal, avec possibilité de reporter les jours non pris sur les années suivantes. En cas de maladie de longue durée – par exemple un cancer ou un burn out – celui qui a cumulé suffisamment de jours ne subit donc pas de perte de salaire pendant une durée plus longue.
C'est ce système que le gouvernement veut supprimer à partir du 1er janvier 2019. Le report des jours non pris ne serait plus possible. Cela signifie que, sur une année, le travailleur ne pourrait être malade que 21 jours sans perdre de revenu. Le système serait donc encore pire que celui des travailleurs du privé (ou des travailleurs contractuels du public) qui eux, par exemple, s'ils tombent malades durant trois semaines à deux moments différents de la même année, ne perdent pas de salaire.
Eux : payés à 100 % sans limite
Si un parlementaire tombe malade : il lui suffit d'envoyer aux services de la Chambre un certificat médical signalant qu'il est malade et il touchera sa rémunération normale. Il n'y a aucune durée maximale, aucun contrôle et ce droit est acquis dès son entrée en fonction. Ainsi, un député pourrait ainsi être malade durant les cinq années de son mandat, sans aucune perte salariale.
Les parlementaires malades de longue durée ne stressent donc pas : leur 5 500 à 6 000 euros net arrivent chaque mois sur leur compte bancaire sans qu'ils ne doivent craindre un contrôle, une remise au travail ou des pénalités financières.
Un bon système pour tous
Un bon système de jours de maladie est important, y compris pour les parlementaires. On ne choisit pas d'être malade. Mais les parlementaires sont habitués au « deux poids, deux mesures ». Et, loin de s’en prendre à leurs privilèges, ils sanctionnent les travailleurs et veulent tirer tous les systèmes vers le bas. D’abord, le gouvernement s’est attaqué aux travailleurs malades dans le secteur privé. Aujourd’hui, il attaque le système des jours de maladie des travailleurs du public. Les travailleurs et fonctionnaires ne choisissent pourtant pas d’être malade. Et le système actuel impose des conditions de travail de plus en plus pénibles – la Belgique étant l'un des champions mondiaux de la productivité – qui rendent les travailleurs malades, physiquement ou psychologiquement. Au lieu de les sanctionner, il faut au contraire développer leur protection.
« Au lieu de détricoter les protections qui existent, il faut harmoniser vers le haut celles-ci pour l’ensemble des travailleurs malades du public et du privé. La chasse et les sanctions contre les travailleurs malades de ce gouvernement doivent cesser », conclut Raoul Hedebouw.
Le PTB soutient donc les actions des travailleurs de la fonction publique du 28 septembre.