Maisons de repos : les 8 recommandations qui n’ont pas été appliquées par Christie Morreale et Alain Maron et qui auraient pu sauver des vies
Le PTB a extrait huit recommandations scientifiques dont l’application aurait permis de sauver des vies dans les maisons de repos : « Ces recommandations datent de 2006 et sont restées lettre morte pendant 14 ans. C’est une faute grave de la part des gouvernements précédents et actuels. »
Le PTB a étudié le fameux rapport scientifique de 2006 qui portait sur la gestion des infections dans les maisons de repos et de soins. « Le coronavirus a frappé fort dans les maisons de retraite. Appliquer ces recommandations aurait permis de sauver de nombreuses vies », explique Germain Mugemangango, chef du groupe PTB au Parlement wallon. Au 16 juin 2020, plus de 2 000 résidents de maison de repos sont décédés des suites du coronavirus. Dans les maisons de repos bruxelloises, plus de 1 000 résidents sont morts. Soit 70 % des personnes décédées du Covid-19 à Bruxelles. (Lire le rapport du PTB ci-dessous)
Pour le PTB, il est tout simplement honteux que ces recommandations n’aient pas été suivies et mises en place. « Depuis plusieurs années, des signes montraient que les maisons de repos n’étaient pas préparées aux infections sanitaires. Nous sommes confrontés à de graves lacunes de la part des ministres régionaux de la Santé. Des épidémies mondiales ne sont pas courantes mais la probabilité qu’elles surviennent n’a jamais été nulle », estime Françoise De Smedt, cheffe du groupe PTB au Parlement bruxellois.
Sur base du rapport de 2006, Jo Vandeurzen (ministre flamand du bien-être) a donné son accord pour un projet pilote exécuté en 2009 dont le rapport a été publié en 2014. La politique de prévention des maladies infectieuses n’a pas tenu compte des conclusions de ce rapport qui permettaient déjà d’aboutir à une gestion optimale des épidémies dans les centres de soin résidentiels. L’inspection des soins de santé avait également constaté en 2011 des lacunes importantes en matière de prévention sanitaire dans les maisons de repos. « Dire aujourd’hui à la population que le job au niveau régional a été fait en se cachant derrière le fédéral, c’est mentir aux familles et aux professionnels du secteur », réagit Germain Mugemangango. « Les épidémies précédentes de 2003 et 2012 (le SRAS et le MERS, NdlR) avaient déjà montré qu’il y avait des mesures à prendre. Nous parlons de questions de vie ou de mort », conclut Françoise De Smedt.
Les recommandations épinglées par le parti de gauche portent notamment sur la nécessité d’un stock stratégique de matériel de protection et sur la structure organisationnelle.
Ces 8 recommandations auraient pu sauver des vies dans les maisons de repos mais la ministre Christie Morreale et le ministre Alain Maron ne les ont pas appliquées alors qu’elles sont connues depuis 14 ans. Pourquoi ?
En Wallonie, au 16 juin 2020, il y a eu plus de 2100 décès de repos dus au coronavirus. A Bruxelles, c’est plus de 1000 décès qu’il faut compter au sein des maisons de repos. Or on apprend maintenant que des recommandations claires destinées à préserver les maisons de repos de pandémies comme le coronavirus existaient depuis 14 ans ! Des recommandations qui n’ont pas été appliquées par la ministre de la santé en Wallonie Christie Morreale (PS) ni par le ministre bruxellois de la santé Alain Maron (Ecolo).
« La politique nous a abandonné », déplore M. Jan De Lepeleire, le professeur de la KU Leuven qui est à l'initiative de ces travaux demandés par le gouvernement de l'époque. « Elle n'a rien fait depuis 14 ans pour nous préparer à une telle épidémie. Cela aurait permis de sauver des vies. »
Voici 8 des fameuses recommandations que Christie Morreale, Alain Maron et leurs prédécesseurs, auraient dû mettre en place pour préserver les résidents des maisons de repos. Les gouvernement régionaux gèrent les maisons de repos depuis la dernière réforme de l’état. Ils ont eût des années pour mettre ces recommandations en œuvre mais ne l’ont pas fait. Ces recommandations n’ont même pas été transmises au secteur. Pourquoi ces recommandations n’ont pas été appliquées ? C’est ce que des commissions d’enquête au sein des parlements régionaux (wallon et bruxellois) doivent pouvoir éclaircir.
1. La mise en place dans chaque maison de repos d'une équipe chargée de la politique en matière d'infection dans les soins de santé. Un médecin coordinateur et conseiller est chargé de la gestion des infections sanitaires au sein de l'établissement. En collaboration avec l'infirmier ou infirmière en chef ou une autre personne responsable désignée par la direction, le médecin est responsable de la mise en place de la politique de lutte contre les infections sanitaires. Une équipe est ainsi dédiée à la politique de prévention des maladies infectieuses et veille à ce que les obligations et les objectifs fixés par les normes d'encadrement soient atteints.
2. Les établissements de plus de 90 résidents doivent nommer un "agent de liaison" par tranche de 30 lits. Il n'est pas nécessaire que ce soit un travailleur issu du personnel soignant. Il reçoit le temps et le soutien nécessaire pour effectuer les tâches liées aux infections.
3. Un comité de prévention en matière de soins et d'infection doit être créé et sera composé de l’équipe responsable de la politique de lutte contre les infections sanitaires ainsi que de 1 à 3 médecins généralistes, les personnes de liaison, un délégué de la direction, un médecin du travail et un membre du personnel soignant du Comité d’Hygiène Hospitalière (CHH) de l'hôpital le plus proche.
4. L’équipe dédiée à la politique de prévention des maladies infectieuses ainsi que la personne de liaison suivent des sessions de formation annuelles sur la politique en matière d'infection sanitaire.
5. Il est nécessaire de définir les responsabilités, le suivi, l'évaluation et les adaptations. Au moment où l'infection est diagnostiquée, un plan d'action adapté à l'établissement doit être prêt. Le Comité de la politique de prévention des infections dans les soins de santé en est responsable et utilise la politique de prévention des infections des instruments de travail comme ligne directrice.
6. Les gouvernements régionaux doivent organiser en permanence des campagnes de sensibilisation pour lutter contre les infections.
7. Pour chaque maison de repos, un budget doit être mis à disposition par les gouvernements régionaux afin de fournir une quantité suffisante de matériel de protection : masques buccaux chirurgicaux, masques FFP2, tabliers, lunettes de protection, gel hydroalcoolique, masques faciaux et gants.
8. Les agences régionales responsables de la prévention et du suivi des pandémies doivent faire l’objet des investissements nécessaire et recevoir le personnel dont elles ont besoin pour faire face à leur mission. Les agences régionales Iriscare et Aviq (Agence wallonne pour une vie de qualité). Leurs directives ont été tardives et ont fait l’objet de modifications régulières dont les motivations n’étaient pas toujours évidentes. Les maisons de repos ont aussi reçu des directives contradictoires. Ces éléments montrent que ces agences régionales essentielles étaient débordées par moment. Des investissements et le personnel nécessaire sont indispensables pour donner à ces services de contrôle des infections une capacité de décision et d’organisation suffisante.