Maisons de repos : ces sociétés commerciales et immobilières privées qui ont fait du profit avec de l'argent public
« Pendant que l’on presse le personnel comme un citron pour faire des économies, des multinationales et des sociétés immobilières reçoivent des aides publiques, tout en continuant à engranger des bénéfices, constate Germain Mugemangango, chef de groupe PTB au Parlement wallon. Les maisons de repos commerciales ont ainsi reçu 15 millions d’euros de subventions. Les sociétés immobilières, qui perçoivent des loyers exorbitants auprès des maisons de repos et qui font également d'importants bénéfices, ont aussi bénéficié indirectement de ces aides publiques. » Pour le PTB, ce système de subventionnement doit s’arrêter.
Aujourd’hui, en Belgique, les leaders du marché des maisons de repos sont Aedifica Care, Proprety Invest et Cofinimmo. Ces trois sociétés immobilières ont réalisé un bénéfice net de près de 309 millions d’euros en 2019. « La valeur de leur portefeuille de biens a doublé en cinq ans, souligne German Mugemangango À l'échelle mondiale, les trois entreprises possèdent ensemble des biens immobiliers dans le secteur de la santé d'une valeur de 5,8 milliards d'euros. C'est plus du double de leur valeur en 2014. Ensemble, elles réalisent des centaines de millions d'euros de bénéfices chaque année. »
« La plupart de ces biens immobiliers se trouvent dans notre pays, pointe le député de gauche. Pour les actionnaires, c’est un excellent modèle d'entreprise, comme le démontrent les chiffres très élevés des bénéfices, même pendant la crise. Les sociétés immobilières de soins ne courent aucun risque. Elles signent des contrats pendant des décennies et leurs revenus sont assurés par les subventions et les tarifs journaliers élevés payés par les résidents.
Pour le PTB, cette tendance doit s’inverser. « Tous les lits sont subsidiés en Wallonie, note Germain Mugemangango, et encore plus depuis le début de la crise. Subsidier les lits dans les maisons de repos publiques ou privées du secteur associatif est légitime. Mais subsidier aussi généreusement les maisons de repos issus des grands groupes commerciaux ou adossées à des sociétés immobilières privées revient simplement à épaissir les portefeuilles des actionnaires. »
« Le Gouvernement wallon ne devrait pas tolérer ça, dénonce le député wallon. Les maisons de repos souffrent depuis des années d'un sous-financement chronique. La crise a levé le voile sur le manque criant de personnel et de moyens financiers pour le rémunérer correctement. Les subventions publiques doivent servir à investir dans le secteur de la santé pour rencontrer ces besoins. C’est pour cela qu’il faut mettre fin à ce mécanisme de subventionnement pour les entreprises commerciales et agences immobilières privées. »