À Liège et ailleurs, des milliers de logements sont disponibles pour les sinistrés. On ne peut pas attendre
Ce matin, le PTB a emmené quelques journalistes faire une balade dans le centre de Liège à la recherche de logements pour les nombreuses personnes qui ont été touchées par les inondations. Actuellement, on parle de 15.000 ménages qui auraient besoin d’être relogées.
En effet, à Liège, comme dans d’autres villes wallonnes, il y a des milliers de logements qui sont inoccupés. Plus de 1 800 logements publics sont vides à l’échelle provinciale. En ce qui concerne Liège même, environ 3 000 logements privés sont vacants. Ces logements doivent être très rapidement mis à la disposition des personnes sinistrées.
Le PTB a ainsi récemment proposé que, pour reloger les milliers de familles touchées par les inondations, un cadastre des logements vacants soit rapidement effectué. Un fois fait, il s'agit alors d’utiliser les importants moyens publics annoncés par le ministre wallon du Logement Christophe Collignon (PS), soit 75 millions, pour réhabiliter immédiatement ces logements vacants et les mettre ainsi à la disposition des personnes touchées par les inondations qui en ont besoin.
Les pouvoirs publics doivent être les premiers à montrer l’exemple
En date du 1er janvier 2020, il existait 1 296 logements publics non loués mais louables et 542 logements publics considérés comme non louables en Province de Liège. Pour donner un autre exemple, le nombre de logements publics vacants dans la province du Hainaut est même de plus de 3300 logements. La mise à disposition de ces logements pour les sinistrés, ainsi que leur réhabilitation est évidemment une priorité absolue. Ce serait impensable de voir des sinistrés sans logement alors que ces logements publics sont là.
Ensuite, il y a aussi les bâtiments publics vides. Nous en connaissons tous dans nos villes. À Liège, il y a par exemple l’ancien bâtiment du Forem qui est actuellement vide. Ce type de bâtiment pourrait très bien être réhabilité et adapté de sorte à faire des logements privés pour les sinistrés. D’après le rapport d’activités 2019 de la Régie des bâtiments, il y a par exemple plus de 500 000 m² de surface de bâtiments publics fédéraux dans la seule ville de Liège. Là aussi un cadastre précis est nécessaire pour voir ce qui serait disponible et utilisable.
Mettre des logements privés sous gestion publique est nécessaire pour répondre aux besoins
Après les bâtiments publics, il faut s’intéresser à tous ces logements qui sont entre les mains de groupes spéculatifs immobiliers dans les centres-villes ou aux mains d’importantes enseignes commerciales.
En se promenant dans le centre de Liège on ne peut qu'être frappé par les nombreuses fenêtres aveugles qui surplombent de grosses enseignes commerciales ou de l’horeca. La non-occupation de ces logements est la norme. À tel point que les façades commerciales, pour la plupart, ne prévoient même pas d’accès privatif vers des étages qui sont pourtant vides. Une belle et ancienne galerie commerçante, la galerie Lemonnier dispose de 56 logements qui étaient occupés jusqu’en 1996 et qui sont maintenant désertés pour la plupart. Ces logements, en plein centre ville, appartiennent à un consortium de propriétaires dont fait par exemple partie la famille Nagelmackers (des banques du même nom). Donc pas précisément des gens dans le besoin.
Les chiffres sont très difficiles à trouver mais la concentration de la propriété immobilière est une réalité. En Région bruxelloise, 3 % des grands propriétaires détiennent 20 % du marché locatif. Si ces données existaient au niveau wallon, elles ne seraient probablement pas très éloignées des chiffres bruxellois. Il serait tout à fait inacceptable que ces logements spéculatifs restent vides alors qu’on ne propose que des containers ou rien du tout aux sinistrés.
Notre proposition tient justement compte de la situation des propriétaires plus modestes
Une partie non négligeable du parc immobilier privé est entre les mains de plus petits propriétaires. Notre proposition en tient compte.
D’une part, notre proposition de mise sous gestion publique prévoit que les travaux nécessaires à une éventuelle réhabilitation soient exécutés avec des moyens publics et qu’un loyer soit garanti pour le propriétaire. D’autre part, notre proposition est provisoire car elle est une réponse à la crise actuelle. Un fois la crise passée, le propriétaire récupérera son bien. Enfin, cette proposition permettra aux propriétaires de faire preuve de solidarité tout en se protégeant.
Nous soutenons bien sûr toutes les marques de solidarité qui ont fait suite aux inondations. Mais la solidarité a ses limites quand il s’agit de trouver des solutions de logement pérennes. Un propriétaire de chambres d’étudiants de Liège, qui a pris l’initiative de recueillir une vingtaine de personnes sinistrées, s'est par exemple retrouvé dans une impasse. En effet, dans son chef cette proposition était temporaire car le 1er août il devait bien sûr accueillir ses étudiants. Dans un premier temps, le CPAS de Liège s'était engagé à trouver une solution pour finalement annoncer au propriétaire qu'il n’aurait d’autre choix que de mettre dehors les personnes sinistrées ainsi accueillies. Évidemment impensable pour cette personne qui avait fait ce geste de solidarité. Notre proposition permettra justement d’encadrer ces gestes de solidarité de la part des propriétaires tout en les protégeant.
La réglementation actuelle ne répond pas du tout à l’urgence
C’est vrai que la réquisition des logements privés inoccupés est déjà permise par la loi. Mais depuis l’adoption de la loi de 1993, permettant la réquisition d'immeubles vides par les pouvoirs publics, seules deux réquisitions ont eu lieu (à Philippeville et à Etterbeek), et chaque fois sous la pression de la société civile. Plusieurs obstacles à la mise en application de cette loi persistent. Tout le monde est d’accord qu’après 30 ans d’existence cette procédure a démontré sa totale inefficacité. Elle n’a par exemple pas prévu de donner aux communes les moyens d’avancer l’argent pour rénover les logements. Par ailleurs, cette procédure prend plusieurs mois et n’est donc pas adaptée à l’urgence liée aux récentes inondations.